Suivez Nous

ENQUÊTE Blacks, montrez vos tatouages !

Abissiri Fofana | | Mode

-

A l’origine, le tatouage est un symbole d’appartenance sociale dans les sociétés traditionnelles africaines. De plus en plus en Europe les Africains se tatouent et font du piercing comme les blancs. Les raisons de leurs démarches sont variées. www.100pour100culture.com a voulu en savoir un peu plus.

En cette fin de mois de septembre, les clients  se font rares dans le studio de tatouage  By  jack de Metz sis dans une rue passante. Mais les affaires reprendront très tôt.  Avec le retour des anciens et  potentiels nouveaux clients partis se dorer la pilule au soleil et exhiber leurs tatouages. La boutique est l’une des plus réputée  sur les trois que compte la ville. Ici, tout le monde vient. Noirs et blancs. Filles et garçons. Car le tatouage n’est plus une affaire de couleur ni de sexe. Cette affaire de mode, une question de personnel.  Voici comment Jack Ribeiro, l’un des tatoueurs les plus  côtés de la France  explique l’engouement des jeunes pour le tatouage.  Et lorsqu’on lui demande s’il y a une raison particulière pour que les noirs se tatouent, il répond : « non. » Et poursuit que «  en fait, le tatouage sur les noirs est  pour le moins difficile à réaliser, pour la simple raison que cela ne se voit pas bien. » Après une moment de silence,  il ajoute qu’on ne peut pas réaliser toute sorte de motifs sur les  « Blacks ». d’abord parce que cela ne se voit pas bien, ensuite parce que seuls les lettrages et autres tribales sont demandés par ses clients noirs qui pour la plupart ont entre 18 et 25 ans.  Un avis partagé par les deux autres tatoueurs de la ville. De fait explique –t’il si le tatouage sur les blacks ne se voit pas cela est une question de melanine.  Autrement ce n’est pas une question de discrimination.

Quant aux motivations profondes des clients, pour passer une heure ou deux heures sur une table afin de se faire dessiner un signe sur la peau, Sébastien, un collègue de Jack Ribeiro pense que c’est plus par mimétisme et  dans une logique ethnique.
De fait, on se tatoue dans le milieu black pour ressembler à une idole de football comme Cissé Djibril, Myke Tyson ou pour marquer son appartenance à un mouvement comme le hip-hop ou le rap. Avis  partagé par Jérôme, la soixantaine qui  croit savoir que le tatouage est un épiphénomène qui ne saurait vraiment duré bien qu’il n’ait rien de spécial à rédire sur ceux des blacks qui se tatouent.

Une question de représentations ?  « Non. » Proteste Sébastien de Tatouage Espace Tatoo certainement le plus ancien  des tatoueurs de la ville avec ses  dix sept ans de présence dans le métier. Selon lui, c’est pour des raisons personnelles que l’on vient se soumettre à son bistouri. Ainsi, il raconte que les gens viennent en couple ou seul,  qui pour se faire un cœur, qui pour se faire écrire le prénom d’un amoureux ou d’un enfant qui vient de naître. Puis, il fait remarquer qu’il a plus d’hommes que de femmes qui sollicitent ses services.

Alors question ?  Pourquoi le tatouage qui à l’origine dans les sociétés africaines étaient une question d’appartenance de caste, de classe sociale est devenue une affaire de mode et de frime ? Z,  belle jeune fille préférant garder l’anonymat et qui jure ne sortir qu’avec des hommes tatoués comme elle,  prétend que pour elle « se tatouer est un stimulant sexuel » . Me tatouer m’a permis d’avoir des mecs dont je rêvais et que je ne pouvais pas me faire. » Et cette coquine d’argumenter que, pendant des années, elle a développé un complexe de « pas tatouée » qui lui a pourri sa vie sentimentale. Depuis elle se dit irradiée de bonheur. Une affaire personnelle donc.

Dans le même ordre d’idée, Sylvie Sima d’origine gabonaise, confesse qu’elle n’aurait jamais été se faire tatouer une belle rose sur la jambe droite, s’il n’avait  eu une cicatrice sur  sa jambe. Cachez moi cette cicatrice qui fait ombrage à ma beauté féminine ! A la question de savoir ce qu’en pense ses parents, elle avoue que sa famille accepte l’idée qu’elle porte un tatouage à partir du moment où cela m’a libéré de mes complexes. Autrement, « je ne suis pas une inconditionnelle des tatouages et autres piercing. » affirme cette agente de la SNCF (Société des Chemins de fer Français ) de 30 ans bien dans sa peau.  « Ce tatouage m’a libéré de mes complexes. »
Mais pour Marianne, 18 ans, petit bout de femme  noire au sourire éclatant, elle  s’est tatoué un lapin sur le pieds droit parce qu’elle en rêvait depuis des années. «  A la vérité, dit-elle, j’aime les lapins et le mien représente le lapin de playboy et en plus sur le pieds c’est discret. » Même si elle reconnaît que son entourage ne prend pas bien l’idée qu’elle se soit tatouée.

Marcel, 26 ans, agent de sécurité au grand centre commercial de la ville de Metz  montre ses trois tatouages sur le dos, la hanche,  et le bras gauche. Une carte de la Guadeloupe (dos) et  d’autres motifs  représentant des choses plus affectives et personnelles-  « ces motifs sont de l’ordre affectif. Rien de plus ».   Et , après un coup d’œil furtif à droite et à gauche, confesse dans un murmure qu’il est prêt à nous le montrer après son heure de boulot. Car, il faut l’avouer le tatouage bien qu’étant un moyen de séduction ou d’appartenance à un groupe est très mal perçu en milieu professionnel.   Ainsi, témoigne ce jeune assistant d’éducation dans un lycée de la ville au début j’ai eu des problèmes avec ma hiérarchie. Pour ne pas perdre mon boulot, j’ai du porter des chemises manches longues.

Au total, on se tatoue à Metz pour une raison personnelle ou pour une raison d’appartenance à un mouvement artistique en vogue ou pour des raisons sentimentales. Quoi qu’il en soit, le tatouage est à le  fait d’une frange de la population que la plupart des gens considèrent comme des « marginaux. »  Et , Agnimel C, originaire de la Côte d’ivoire pense que « c’est une bêtise à laquelle se livrent des gens presque en rupture  de ban avec la société. Car dit-il, il ne voit pas pourquoi on pourrait se badigeonner le corps de motifs en tout genre juste pour la frime.