ANGEL, ENTRE HYPERSENSIBILITÉ ET SPIRITUALITÉ : L’ÉCRITURE COMME REFUGE
Derrière le pseudonyme Angel se cache une femme au parcours riche et mouvementé. Après avoir exercé de nombreux métiers, de la crêperie à la grande distribution, elle choisit aujourd’hui la rédaction web pour concilier sa passion de l’écriture et son besoin de solitude. Hypersensible, marquée par des expériences de vie fortes, elle nourrit aussi son blog “Sanctuaire des sens”, où la spiritualité tient une place essentielle.
Pourquoi avoir choisi de créer un blog autour du bien-être et de la spiritualité ?
Je me suis toujours intéressée à la spiritualité et au bien-être que cela pouvait apporter, qu’elle soit religieuse ou non. J’aime ce que l’on ne peut pas expliquer scientifiquement, le mystère de l’invisible et toutes ces capacités sensorielles qu’il nous est possible d’activer. La spiritualité, c’est avant tout l’ouverture d’esprit face au mystérieux. C’est un peu comme la magie, à partir du moment où le tour est expliqué, il perd tout son sublime. La spiritualité, c’est croire au merveilleux et à l’inexplicable. C’est extraordinaire de pouvoir s’imaginer que les êtres chers qui nous ont quittés sont encore là, qu’ils nous attendent quelque part. L’espoir de revoir ses défunts est d’une valeur inestimable !
Avant de créer ce blog, vous avez exercé plutôt des métiers manuels, notamment manutentionnaire. Que retenez-vous de ce parcours, et en quoi a-t-il nourri votre envie de changement ?
J’ai exercé bon nombre de professions. Au départ, je me destinais au métier d’aide-soignante en maison de retraite ou encore, dans le domaine de la petite enfance. J’ai obtenu mon CAP petite enfance, mon BAFA, ainsi que mon BEP aux Carrières Sanitaires et Sociales. J’avais commencé les cours pour passer le concours d’entrée à l’école d’aides-soignants et finalement, j’ai tout arrêté. J’ai postulé dans diverses maisons de retraite, mais partout, la même réponse : «Vous n’avez pas assez d’expérience ». Je me suis donc tournée, durant quelques années, vers les agences d’intérim, qui
m’ont envoyée travailler en usine (je vivais en Picardie à l’époque). Et puis j’ai décidé de me mettre à mon compte en rachetant une crêperie, bar, glacier, dans l’Hérault. Je l’ai revendue deux ans plus tard, afin de reprendre une bijouterie fantaisie dans les Alpes-Maritimes. J’aimais beaucoup cette boutique, mais en 2008, la crise économique a eu raison de beaucoup de commerçants, dont moi. J’ai fait faillite et dû déposer le bilan. Je me suis retrouvée sans aucun revenu. J’ai vite rebondi en retrouvant du travail dans une grande surface, mais après quelques soucis sentimentaux, j’ai décidé de m’installer dans le Var. J’ai fait des petits boulots grâce aux agences d’intérim et puis j’ai été embauchée à nouveau, dans une grande surface. J’y suis restée plus de dix ans, mais des problèmes dorsaux m’ont contrainte à changer de métier, au risque de me retrouver dans une chaise roulante.
Vous suivez actuellement une formation en rédaction web SEO. Qu’est-ce qui vous a motivée à entreprendre cette formation ?
Totalement perdue, j’ai cherché sans relâche dans quel domaine me reconvertir. Tous les métiers me sont passés par la tête jusqu’à ce que je lise le mot magique : « Digital ». Tout en continuant mes recherches, je suis tombée sur les vidéos de Lucie Rondelet, sur la rédaction web. Ayant, plus jeune, été lauréate du concours national de la résistance et de la déportation, je me suis dit : « J’ai toujours été douée en rédaction, pourquoi ne pas essayer. » Je me suis alors lancée dans une première formation qui m’a permis d’obtenir la certification de français, Le Robert, et je me suis ensuite inscrite à la formation de Lucie Rondelet, qui est bien plus complète.
Vous êtes hypersensible et avez un grand besoin de solitude. Comment ces traits de personnalité influencent-ils votre manière d’écrire et de partager ?
Toute petite, déjà, j’aimais être seule, la présence des autres m’oppressait. Je trouvais mes camarades trop bruyants et à la moindre méchanceté, c’était comme un coup de poignard, je ressentais tout de façon intense. Je préférais rester dans mon coin avec un livre, dessiner, ou jouer à des jeux de réflexion. L’écriture, au même titre que la musique ou le dessin, est un exutoire.
À l’âge de 14 ans, j’ai perdu ma maman. Ma réaction a été très étrange aux yeux des gens. Je ne pleurais pas devant eux, je souriais, je riais même, je continuais ma vie comme s’il ne s’était rien passé. Évidemment, lorsque je me retrouvais seule, je fondais en larmes. Je n’arrivais pas à extérioriser, je refusais d’en parler, je détournais toujours le sujet. Intérieurement, j’étais dévastée, j’avais besoin de cette solitude pour exprimer tout ce mal-être, mais à ma façon. Je ne voulais me confier à personne. C’est alors que j’ai commencé à écrire. D’abord des poèmes, puis des paroles de chansons, dont j’ai composé les musiques par la suite.
Encore aujourd’hui, je suis très mal à l’aise à l’oral. Je téléphone très rarement, et uniquement à mon père. Je ne sors pratiquement pas de chez moi, je fais les courses au Drive et c’est mon conjoint qui va les chercher. J’ai décidé de me reconvertir à la rédaction web qui me permettra de travailler de chez moi et d’écrire, deux choses qui me séduisent fortement. Mieux que ma voix ne pourra jamais le faire, mes écrits expriment ce que je ressens.
Dans votre parcours spirituel, vous avez exploré des pratiques comme le pendule, la cartomancie, l’écriture automatique… Y en a-t-il une qui vous accompagne encore aujourd’hui au quotidien ?
Lorsque j’ai quitté la Picardie, je me suis concentré uniquement sur le professionnel. Je travaillais au minimum 70 heures par semaine. Je n’avais donc plus beaucoup de temps à consacrer à d’autres activités. Toutefois, la cartomancie m’a toujours suivie. De temps en temps, je faisais un tirage, mais c’était plus pour faire le vide, me recentrer sur moi-même et faire tomber le stress de toute cette agitation que l’on subit dans le commerce.
Aujourd’hui, j’ai plus de temps et je crée des vidéos dont le thème est la spiritualité, sur TikTok. Certaines sont inspirées par des tirages de cartes. Ces vidéos m’aident à renouer avec mes premières amours (anges, entités, intuition, etc.). Je n’ai gardé que la cartomancie, pour le reste, je n’ai plus pratiqué. Je tiens d’ailleurs à mettre en garde les lecteurs sur certaines pratiques courantes qui peuvent avoir des conséquences. Le spiritisme par exemple. Sachez que chaque séance ouvre des portes sur des choses que l’on ne maîtrise pas, cela peut être dangereux.
Pourquoi gardez-vous secret votre rapport à la spiritualité ?
Personne de mon entourage, à part mon conjoint, n’est au courant. Pour tout le monde, je reste Angel et je ne dévoile pas mon identité. Cela peut paraître bête, mais je préfère garder l’anonymat et finalement, mon identité importe peu.
Vous avez été réanimée à l’âge de trois mois. Comment ce souvenir a-t-il façonné votre rapport à la vie, à la mort, et à l’invisible ?
Evidemment, je ne conserve aucun souvenir d’avoir dû être réanimée à l’âge de trois mois. Mes parents, qui avaient été très choqués à l’époque, en parlaient souvent. C’est mon père, qui, ayant son brevet de secouriste-réanimateur, m’a sauvée. En quelque sorte, je lui dois doublement la vie. Cela a permis de déceler une malformation cardiaque, qui m’a valu bon nombre de séjours hospitaliers. Je n’avais jamais fait aucun rapprochement entre cet épisode de ma vie et mon rapport avec l’invisible.
C’est en faisant mes recherches que je suis tombée sur des témoignages de personnes ayant vécu une EMI (expérience de mort imminente). Il se développait chez eux, après ça, des aptitudes à percevoir l’invisible. Les médiums interrogés affirmaient alors que, lorsque l’on passe de l’autre côté, on en rapporte toujours quelque chose. J’ai donc naturellement fait le lien avec ma propre expérience.
Quel regard portez-vous sur la manière dont la spiritualité est perçue aujourd’hui, en comparaison avec les années 80-90 ?
Depuis les années 2000, il y a eu beaucoup de films, de séries et d’émissions sur le paranormal. Cela a aidé certaines personnes à oser en parler et c’est l’aspect très positif de cette «mode». Malheureusement, comme souvent, les plus malveillants y ont vu une opportunité de se faire de l’argent sur le dos des malheureux, prêts à tout pour avoir un signe de leur chers disparus.
Malgré ça, aujourd’hui encore, ceux qui se risquent à parler de leur lien particulier avec l’invisible, sont vus, au mieux comme des originaux, au pire, comme des fous. Ce sujet divise toujours autant et peu de personnes ont l’ouverture d’esprit suffisante pour accepter l’idée qu’il y a des choses inexplicables mais néanmoins réelles.
Vous avez choisi le pseudonyme “Angel” pour votre blog. Que représente ce nom pour vous ?
Angel, qui signifie ange dans plusieurs langues, m’est venu assez naturellement. J’ai toujours considéré les entités comme étant des anges. De plus, en spiritualité, religieuse ou non, les anges occupent une place importante. Ils sont à la fois, messagers et protecteurs. Ils représentent la bienveillance et la sécurité.
Enfin, que vous apporte la spiritualité au quotidien ?
Avant tout, l’espoir de revoir tous mes proches disparus, qui me manquent terriblement. Cela me permet aussi d’essayer de trouver le positif en chaque chose, et de croire que tout peut s’améliorer, le soleil revient toujours. Cela aide aussi à savoir écouter sa voix intérieure, se remettre en question et essayer de comprendre avant de juger. La spiritualité apporte énormément de paix et de tolérance.
Christine Avignon