ISABELLE ANOH (Productrice animatrice télé) BEAUTE ET INTELLIGENCE AU SERVICE DE LA MODE
À la base, « Tendance Party » est une émission télé pour la promotion de la mode africaine. Mais depuis, cette modeste PAD a pris du volume. Elle s’est très vite internationalisée et a été érigée en événementiel parce ce qu’il y avait un réel besoin ».
On aurait pris cette belle jeune femme pour une de ces têtes couronnées de beauté africaine qu’on n’aurait pas crié au scandale. Affable et pétillante, la jeune productrice et animatrice ivoirienne séduit par sa plastique de rêve et sa grande intelligence. Elle est parvenue à s’imposer en Côte d’Ivoire comme une personnalité incontournable dans l’univers de la mode à travers son concept télé dénommé « Tendance ». Ayant de la suite dans les idées, celui-ci a pris les allures d’un évènementiel sans précédent qui, désormais compte parmi les rendez vous culturels de mode en Afrique. Rien ne semble plus l’arrêter dans sa course folle de porter haut le génie créateur des talents africains à travers le reste du monde. Car, sa machine semble bien huilée. Boulimique de travail, Isabelle cumule les fonctions de Directeur Adjoint au Centre de Promotion des l’Investissement en Côte d’Ivoire (CEPICI). Elle est chargée de l’identification et de la recherche de l’investisseur, en plus de celle de sa casquette de Directeur Général de structure de communication Avant-garde production.
Pouvez-vous nous faire la genèse de votre concept à succès » Tendance Party » ?
Nous sommes partis d’un constat tout simple : il n’y avait pas d’émission de mode sur la première chaîne de télévision ivoirienne. Nous avions à cœur d’offrir cette lucarne aux stylistes ivoiriens en particulier, puis aux stylistes africains en général. Ces derniers n’ont pas de moyen pour s’exprimer. Ils mettent en œuvre leur génie créateur certes, mais à côté de cela, il faut bien que quelqu’un puisse en parler. D’où la naissance de « Tendance ». C’est une émission télé pour la promotion de la mode africaine. Celle-ci a pris du volume. Elle s’est très vite internationalisée parce ce qu’il y avait un réel besoin ».
Chemin faisant, nous avons décidé de réaliser un évènement en l’honneur de ces créateurs. Là, encore, nous nous sommes rendus compte, qu’il fallait faire bouger les choses. Après la grande rencontre de mode « Kpalèzo » qui s’est tenu ici en 1997 sous la houlette de Mme Kady Diallo, et la crise de 2002, c’était la disette. Nous avons pris le pari de faire revenir les grands noms de la mode africaine par l’avènement de l’événementiel que nous avons dénommé « Tendance Party ». A la suite de la première expérience qui fut un succès, on a remis le couvert avec « Tendance party II ». Et, maintenant, nous pensons à « Tendance party III ».
Avant d’en arriver à la troisième édition de « Tendance Party », et si vous nous faisiez un petit bilan de « Tendance party II » ?
Pour moi, « Tendance party II » a été une réussite à près de 90%. Tous les stylistes attendus ont fait le déplacement en Côte d’Ivoire. On avait Alphadi, Douma Dieng Djakaté, Imane Ayissi, Mike Sylla, Pathe’O…pour ne citer que ceux là. Le public a répondu à notre appel. Je crois que c’est le plus important lorsqu’on organise ce type d’évènement. Nous avons pu atteindre nos objectifs. Il ne fallait pas que le public ou les téléspectateurs soient déçus. Or, ça n’a pas été le cas. Les créateurs sont venus avec des tenus qui ont beaucoup plu, qui peuvent s’exporter facilement etc. déjà on nous demande à quand la prochaine édition de « Tendance party ».
Il y a t-il eu une innovation majeure à cette dernière édition ?
La grande innovation de Tendance party II fut le Prix Chris Seydou. Nous avons instauré celui-ci pour honorer la mémoire de ce grand créateur africain très tôt disparu. Il ne faut pas qu’on oublie les illustres personnes qui ont travaillé pour la mode africaine, qui ont fait résonner le nom de l’Afrique à l’international.
Votre concept est-il exclusif à la mode vestimentaire ou s’ouvre-t-il à d’autres formes d’art ?
Mon objectif est clair. Il s’agit de faire revenir de grands créateurs en Côte d’Ivoire pour nous permettre de reprendre notre place de capitale de la mode africaine. Ce n’est pas chose aisée mais je pense que nous sommes sur la bonne voie. Oui, la mode vestimentaire est mon cheval de bataille. C’est un domaine assez vaste avec les bijoux, les accessoires, les vêtements…
Les décorations aussi ?
Non, malheureusement.
Pourtant, vous sembliez très proche de la céramiste Corine Hazoumé au cours de cette dernière édition.
C’est exact. Corine Hazoumé a toujours appuyé tout ce que ma structure Avant-garde production organise. Nous sommes deux jeunes dames à la tête de deux jeunes structures, je dirai complémentaire. Corine est une créatrice. Elle intervient en terme de conception.
Que nous réservez-vous à « Tendance Party III » ?
C’est toujours dans la même mouvance avec de grands noms de la mode. Ce sera un défilé des dernières collections. Nos stylistes sont légions. Et beaucoup ne connaissent pas l’Afrique parce qu’ils sont partis très tôt travailler en Europe. D’autres ont commencé ici et sont repartis vivre en occident. Ces derniers ne savent pas comment les choses évoluent. Nous leur donnons la possibilité d’échanger avec ceux qui sont restés ici. Parce que la base est ici. Ce sera exactement pour le 3 Mai prochain à Abidjan.
C’est quand même une grosse machine que vous déplacez. Comment réussissez vous à gérer tour ça ?
Nous essayons de tabler sur le sponsoring. Nous avons aussi des mécènes qui nous aident. Il y a des personnes qui croient en ce que nous faisons parce que nous partageons la même vision.
« Tendance Party » pourrait-elle s’exporter ?
Cela fait partie de nos projets. Déjà, nous comptons déplacer cet évènement dans les différentes capitales africaines. Et, ensuite à Paris ou en Suède pourquoi pas ! L’Afrique regorge de potentialités et de valeurs à découvrir.
Avez-vous des contacts dans ce sens ?
En termes d’organisation d’événement, nous travaillons déjà avec beaucoup de structures. Au Sénégal, nous avons « Sera Vision » qui est une grande plate forme de mode. Nous avons le « Annual show » à Douala, « Afric Collection »…nous sommes en contact avec plusieurs autres organisations d’évènements pour la promotion de la mode africaine.
Que recherchez vous derrière tout ça ? L’argent, la gloire…
Dans un premier temps, on se fixe des objectifs qu’on essaie d’atteindre. Aujourd’hui, dans le milieu de la mode, ma plus grande satisfaction, c’est qu’on reconnaisse mon travail. L’argent on va le gagner après. Quand on s’imposera véritablement. Si en Afrique, on reconnaît le travail qu’on fait, c’est déjà ça. Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. Il faut qu’on puisse dire demain, j’ai fait quelque chose pour l’Afrique. Et c’est ce petit quelque chose que nous faisons, et qui peut être, est minime, qui permettra de construire notre grand continent. C’est notre première satisfaction. Après on verra. De toutes les façons nous ne sommes pas des philanthropes.
La cerise sur le gâteau pour « Tendance party III » ?
Ce sera une grande surprise. Nous avons décerné des prix pour la dernière édition. On le fera encore.
À quand la participation des grands stylistes Européens ?
Nous travaillons à cela. Nous sommes en contact avec une structure en Europe qui grouille la présence d’un styliste de renom ici en Côte d’Ivoire. Ce sera peut être Jean Paul Gautier, Kenzo etc., je ne sais pas encore.
La participation d’artistes musiciens de renoms est-elle prévue ?
Il y a toujours eu trois artistes de nationalités diverses à notre spectacle. On ne dérogera pas à cela. C’est un évènement panafricain de mode. Il ne faut pas que des artistes musiciens viennent voler la vedette aux créateurs de mode.
Il y a-t-il d’autres projets qui vous tiennent à cœur pour cette année 2008 ?
Il y a le « Cabaret de la Saint Valentin » que j’organise en février prochain. Je me suis jetée à l’eau l’année dernière et je récidive cette année. C’est un événement qui va au delà du concept de la célébration de l’amour. Je le veux rassembleur et le thème choisi pour cette année est « Amour et Solidarité » pour permettre aux uns et autres de se retrouver. De dire à l’autre je t’aime, je te pardonne, je partage ce que j’ai avec toi. Il y aura d’autres rendez-vous. Mais je pense que les Ivoiriens les découvriront au fur et à mesure.
Comment faites vous pour coordonner autant d’activités ?
C’est vrai mon travail au CEPICI et mon entité Avant-garde Production pourrait faire penser que je suis surbookée. Mais je m’organise. Je n’ai pas de samedi, ni de dimanche. Je travaille tous les jours.
Vous êtes jeune, vous bougez beaucoup et vous avez de nobles ambitions. Serons nous surpris de vous retrouver un jour sur le terrain politique ?
Non. Jamais de politique. Toujours avec la mode, la culture, la défense des Droits de l’Homme, la Justice, le Droit des enfants…en somme, pour des causes humanitaires, oui. Mais pas de politique.
Avez-vous un secret particulier pour être aussi belle ?
(Rires) je n’ai pas de secret particulier. Je suis nature. Pas trop de chichis, pas trop de produits, encore moins de maquillage.
Un message de fin ?
Dans la vie, il faut croire en ce que l’on fait. C’est seulement à force de persévérance qu’on arrive à réussir. Il ne faut jamais laisser de côté des idées. Une idée de base peut être quelconque au départ mais elle devient quelque chose de grand quand on y mets la foi.