France / Merwane Benlazar écarté des écrans : polémiques, apparences et liberté d’expression en question

Après une chronique controversée dans C à Vous sur France 5, l’humoriste Merwane Benlazar ne sera plus invité sur les chaînes publiques. Entre critiques sur son apparence, tweets polémiques et accusations d’islamisme, son cas relance le débat sur la liberté d’expression et les limites de l’humour.
Une apparence qui divise, une barbe qui dérange
Merwane Benlazar, habitué des ondes de France Inter, a fait une apparition remarquée dans C à Vous pour une chronique humoristique. Mais c’est son look – barbe fournie et bonnet – qui a rapidement volé la vedette. Barbara Lefebvre, chroniqueuse des Grandes Gueules, n’a pas mâché ses mots : « Il est habillé pour envoyer un message, c’est le visuel du salafiste, la barbe sans moustache (il est pourtant apparu avec un léger duvet, ndlr) et le petit chapeau soi-disant bonnet qui ressemble à la calotte », a-t-elle affirmé.
L’humoriste a réagi avec ironie sur Instagram, postant une photo de son bonnet accompagnée du commentaire : « De la marque islamiste Zara, fabriqué en République islamique du Portugal. Glaçant. » Une réponse cinglante, mais qui n’a pas suffi à calmer les critiques.
Pour Joëlle Dago-Serry, chroniqueuse sur RMC, cette polémique révèle un malaise plus profond : « La vérité c’est que si les musulmans de France ont le malheur d’adopter un autre ‘visuel’ comme le dit Barbara Lefebvre (autre chroniqueuse des GG qui utilisait cette expression), on leur dit qu’ils ne sont pas libres. Ils doivent adopter une tenue et un faciès occidentalisé ».
Tweets polémiques et conséquences médiatiques
Au-delà de son apparence, ce sont d’anciens tweets de Merwane Benlazar qui ont alimenté la controverse. En 2021, il publiait : « La place d’une femme est à la demeure auprès de son père. Crains ton seigneur. » Des propos jugés sexistes et rétrogrades, même si leur tonalité humoristique reste incertaine.
La députée européenne Nathalie Loiseau (Horizons) a réagi vivement : « Pourquoi ? Au nom de toutes les femmes, de leur liberté, de leurs droits chèrement gagnés. »
Rachida Dati, ministre de la Culture, a tenté de nuancer le débat. Tout en dénonçant les attaques sur l’apparence de l’humoriste, elle a confirmé son exclusion des écrans publics : « L’apparence, le physique, la tenue vestimentaire, ne doivent pas disqualifier sans aucun fondement. La ministre a également estimé. Aucun propos (n’était) répréhensible » dans la chronique de Merwane Benlazar.
France Télévisions a tiré un trait sur sa participation, bien que Mediawan, producteur de C à Vous, précise qu’il n’était prévu que pour une seule émission.
Cette affaire soulève des questions brûlantes : où s’arrête la liberté d’expression ? Comment concilier diversité et valeurs républicaines dans les médias publics ? Quelle est la place de l’islam dans les sociétés occidentales ? Le débat, lui, reste bien présent à l’écran.
Jonas Kouassi
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