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Eugénie Diecky (Directrice des programmes d’Africa N°1 France)  La voix de la diaspora africaine

Atse Ncho De Brignan | | Média

Africa n°1 est la plus importante des radios africaines francophones diffusée dans de nombreux pays d’Afrique et aussi en France. Cette grosse structure qui emploie plus de 200 personnes au Gabon et à travers l’Afrique compte au sein de son antenne de Paris une femme aussi remarquable par sa voix que par ses émissions quotidiennes. Son nom : Eugénie Diecky.

Eugenie Diecky

Originaire du Gabon, Eugénie est avant tout une passionnée de livres. Tous les matins, elle s’adresse de sa voix décidée à la diaspora africaine vivant à Paris dans une émission dénommée Les matins d’Eugénie. C’est dans son enfance que l’on retrouve la source de tout le talent qui la caractérise. Déjà toute petite, sa passion pour les livres l’a amené à faire des études de documentaliste. Tout se précipite quand elle se retrouve étudiante en fin de cycle (3è année d’études supérieures) où elle participe à un concours de poésie et de nouvelles lancé dans le quotidien gouvernemental gabonais L’Union. Eugénie remporte le prix de la meilleure nouvelle avec son texte « la borne fontaine » qui est en sorte un cocktail d’histoires d’amour, de sorcellerie et de mort.
Son histoire — car elle en a une — intéresse Paul MOUKETA, cinéaste, producteur et animateur sur « la chaîne africaine » qui décide d’en faire un film. Tout de suite, les talents d’écriture de cette jeune « Black », boulimique de livres et un peu féministe dans l’âme intéressent le directeur des programmes, Augustin LETAMBA qui décide de lui confier un challenge : parler des problèmes des femmes. Elle réussit à tenir la barre avec pour leitmotiv : aimer rencontrer les gens pour apprendre à les comprendre. Ses reportages abordent des sujets alors tabous comme la violence à l’égard des femmes, l’excision, l’avortement, les prostituées, les enfants de la rue, etc. Elle co-anime pendant sept ans « L’utile et l’agréable » avec la généticienne Rosalie Ngwa Mintsa. Toujours portée par son caractère féministe, Eugénie initie à l’intérieur de l’émission « Problèmes de femme » puis « Le cœur et la plume » qui consiste à faire en sorte qu’hommes et femmes s’écrivent des lettres d’amour et qu’elle lisait à l’antenne ; ce qui « a permis, comme elle le souligne elle-même, à beaucoup d’Africaines d’accompagner le processus d’émancipation des femmes ».
En 1997, Eugénie quitte Africa N°1 pour se mettre au service d’un ministre en tant que chargée de communication où elle retient la leçon suivante : « Etre à côté d’un ministre c’est pouvoir le conseiller par rapport à son image, à son discours, etc. C’était une toute autre aventure qui m’a passionnée, mais qui m’a fait remarquer que si un fonctionnaire a la sécurité de l’emploi, ce n’est pas forcément un milieu où l’on peut rester si on veut faire avancer les choses ».
Femme dans un monde résolument masculin, aimant son boulot et le faisant du mieux possible, elle n’a, d’une certaine manière, pas eu de difficultés particulières à se frayer un chemin. Elle intègre l’Agence Internationale de la Francophonie avec pour mission de « vendre » la politique de la Francophonie à l’échelle de l’Afrique Centrale. Deux ans plus tard, elle rejoint le quotidien gouvernemental gabonais L’Union. Jusque-là, Eugénie ne faisait plus de radio mais la presse écrite avec des sujets sur les rapports femmes et hommes, filles et pères ; et des comptes-rendus de réunions ministérielles. Dans L’Union, la page « Femmes » lui avait été confiée, dans laquelle elle voulait parler de sexualité et en même temps faire parler les femmes ministres de leurs passions, et pas seulement de leur métier.
Quelques années plus tard, la journaliste Diecky retourne à Africa N°1 et là-bas un nouveau challenge lui est confié : AFRICAVIE, un magazine culturel et ésotérique qu’elle co-anime avec un véritable succès en compagnie de Patrick NGUEMA NDONG.

grande bassam

En 2002, Eugénie DIECKY est nommée directrice des programmes d’AFRICA N°1 à l’antenne de Libreville ; elle continue néanmoins de présenter son émission.
Depuis août 2004, son envie de faire mieux, d’être plus professionnelle ; son envie de s’ouvrir non seulement aux Africains en Afrique mais également à ceux de la diaspora lui a valu le poste de Directrice des programmes de l’antenne d’Africa N°1 de Paris en remplacement de Robert Minangoy, retourné à France Télévision. Chargée de la coordination sur cette même antenne, cette passionnée de travail — avide de défis — s’adresse dorénavant à la diaspora africaine à Paris dans Les matins d’Eugénie. Elle et ses invités (particulièrement Pie TSHIBANDA, un spécialiste congolais de la sexualité et de la famille ; « PATSON », un humoriste ivoirien et quelques journalistes d’AFRICA N°1) convient les auditeurs à débattre sans tabou et sans langue de bois de divers sujets qui intéressent les Africains vivant en Europe. À savoir, la tradition et intégration, discrimination, représentations des Noirs dans la société française, éducation des enfants et aussi la mode, la beauté noire, la cuisine, le business africain, les grandes manifestations culturelles et socio-politiques.
En juin 2006, elle réussit un grand coup en interviewant en direct pendant environ deux heures d’horloge le Président ivoirien Laurent Gbagbo depuis sa résidence privée à Abidjan pour parler de la crise qui secoue son pays et des sujets tels son passe-temps, son salaire mensuel, « la drogbacité » (genre musical en vogue en Côte d’Ivoire créé à partir du patronyme du footballeur Didier Drogba, NDLR), etc.
Grace à cette voix « magique » qui tonne tous les matins (du lundi au vendredi de 10h30 à 13h, heure de Paris, 107.5 FM) au féminin pluriel, il n’y a plus de distance entre l’Afrique et le reste du monde.

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