Entretien : Consty Eka, le communicateur politique
Parti de la Côte d’Ivoire depuis 13 ans, le fringant animateur Consty Eka qui se définit aujourd’hui comme un expert en communication nous a accordé une interview. Entretien au cours duquel tous les sujets ont été abordés.
Nous sommes heureux de te retrouver en Côte d’Ivoire. Pouvons-nous connaître les raisons de ta présence ?
As-t-on besoin d’une raison pour revenir à la maison ?, Je suis donc en Côte d’Ivoire qui est ma maison.
Depuis combien de temps es-tu parti ?
Depuis 13 ans.
Pourquoi ce come-back maintenant ?
Il n’y a pas de « maintenant » qui tienne…Quand ton enfant va à l’école, après l’école il revient à la maison. Je suis en Côte d’Ivoire, il n’ y a pas de raison particulière qui le justifie.
En 13 ans, qu’as-tu fait ?
Beaucoup de choses, on va dire. Je suis propriétaire d’une radio qui tourne 24h sur 24h, j’ai une grosse structure de production basée au Cameroun, de plus, je suis actionnaire dans 2 grosses chaînes de télévisions.
Lesquelles ?
Vous savez, ce sont des choses qu’on ne dit pas toujours. Sachez simplement qu’il y a une qui est basée au Nigéria et une autre qui est en dehors de l’espace ouest-africain et au Cameroun.
Les « on dit » du côté de la lagune Ebrié te disent pasteur, qu’en est-il exactement ?
Il faut aussi qu’au bord de la lagune Ebrié, les choses changent un tout petit peu ! Que les journaux essayent de ne pas être des « canards enchaînés » ici. Sinon, je vais faire comme mon frère Koffi Olomidé qui a dit que désormais ses interviews seront payantes.
Un commentaire là-dessus…
Koffi Olomidé est un grand monsieur. Depuis 30 ans, il est au top de ce qu’il fait et malgré tout ce qu’on peut dire ou faire, il reste le boss dans son domaine. Parlant de pasteur, sachez que je suis né chrétien catholique. Dieu dit dans le premier commandement : « Tu honoreras ton père et ta mère ». Je suis donc très respectueux de mes parents qui sont eux-mêmes chrétiens catholiques. Je respecte Dieu, je respecte les témoins de Jéhovah, je respecte les musulmans, je respecte les bouddhistes qui sont des dénominations multiples que Dieu a données à ses enfants. Je n’ai jamais été pasteur donc, ce n’est pas ma vocation. Je suis tout simplement un fidèle chrétien. Pendant longtemps à Abidjan et tu le sais, beaucoup de journaux people sont nés grâce à mes événements. Je n’ai jamais été pasteur, j’ai des amis pasteurs.
Lorsque tu pars de la Côte d’Ivoire en 2001…
Ce sont des pages tournées.
Oui, mais dans quel état d’esprit es-tu parti ?
Beaucoup de douleurs. C’est pourquoi je n’ai pas envie d’en parler. Parce que je pars 3 jours après l’annulation d’un de mes événements où je perds 23 millions. Je ne suis pas fils de riche, j’ai tout bâti à la sueur de mon front. Je suis un travailleur acharné, je me tape environ 15 heures de boulot par jour. Je n’ai pas changé. Je te remercie Vergès pour ce que tu as fait dans ton journal. Dans mes bureaux au Cameroun, j’emploie des Ivoiriens. Je suis très ami à l’Ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Cameroun. J’ai une boîte d’images de plus de 6 000 heures de programmes. Je produis et je ravitaille 23 chaînes de télévisions en termes de production. Il faudrait que les gens sachent que Consty Eka est expert en stratégie, je fais de la communication politique, j’ai pratiquement dans mon escarcelle près de 32 Chefs d’Etat en boîte.
C’est du relationnel…
Laissons d’abord de côté le volet relationnel, c’est le travail…Je suis ce qu’on appelle dans notre métier un fabriquant. Je sais transformer tout en or. Quand vous regardez l’équipe de Barack Obama aujourd’hui, on voit bien que la communication passe avant. Il faut pouvoir mettre au grand jour ce que tu fais pour que les gens l’apprécient. Aujourd’hui, la télé et la radio, c’est mon dada. Ma chaîne de radio, j’ai pratiquement exclu un bon nombre d’animateurs. C’est-à-dire que je n’ai pas pris certain animateur. Parce que j’ai une méthode de faire la Fm que je n’aurais jamais fait avec des associés, ni si j’étais un employé… Et la grande nouvelle que je donne à mes frères de Côte d’Ivoire, c’est qu’à partir du 3 mai, Consty Eka sera tous les vendredis sur Ivoire FM où je présenterai un hit parade mondial des meilleurs écoutes de titres.
Comment as-tu donc pu faire ta catharsis au point de rebondir de la sorte ?
C’est Dieu ! J’ai continué à mener une autre opération. Vous savez, si vous me demandez 10 000 frs CFA à l’instant, je ne les aurai pas dans ma poche. Je peux même oublier mon portable, mon portefeuille, mais jamais je n’oublierai mon chapelet. Si vous vous souvenez bien, vous avez toujours des photos de moi avec mon chapelet. Dès que tu as un choc, tu te recroquevilles même pour 10 minutes en toi et tu parles fortement à ton Dieu, et ça passe.
Nous sommes heureux de te voir rebondir…
Rebondir ? Moi ? Connaissez-vous un seul moment où j’ai échoué ? Je suis propriétaire de maisons et appartements ici en Côte d’Ivoire. Qu’est ce que vous appelez rebondir ?
Les Ivoiriens sont heureux de voir à ce stade là aujourd’hui…
Même en Côte d’Ivoire, j’étais au top niveau. J’étais propriétaire d’une Mercédès 600 quand beaucoup marchaient à pieds. Vous connaissez mon parc automobile, oui ou non ? J’ai acquis des bureaux au Plateau. Je vous permets cette interview mais je voudrais que les mots soient clairs. Allez au Cameroun, demandez aux Ivoiriens qui travaillent dans la structure, ils vous diront où se situent mes bureaux.
Mais….
S’il vous plaît, quand vous posez les questions, laissez-moi répondre. Je dis bien et je répète, beaucoup ont des véhicules aujourd’hui, mais moi déjà à l’époque, j’étais propriétaire d’une Mercédès 600, propriétaire d’une Porsche, propriétaire d’une grande Cherokee quand il y en avait à peine 10 modèles en Côte d’Ivoire. Vous en connaissez dans mon métier qui l’avait ? Non. J’étais aussi propriétaire d’un duplex à l’Indénié que j’ai ven, vous en connaissez ici en Côte d’Ivoire qui avaient ces biens il y a dix ou quinze ans ? Par ailleurs si j’ai accepté d’être à Fréquence 2 c’est parce que j’étais sponsorisé par la marque Orangina, je faisais le hit parade les samedis. Cela était lourdement payé. Je ne me contentais même pas des perdiems donnés à la RTI.
Comment donc un animateur comme toi pouvait s’offrir tout ce luxe ?
Vous m’avez certainement vu faire une émission sur Fréquence 2, mais personne n’a su comment j’ai fait pour y être. C’est moi qui ait monté la première radio black à Paris, et dans laquelle j’étais Directeur commercial. J’ai atterri là parce que j’ai été retenu par Daniel Cuxac. C’est lui qui fait appel à Ouattara Gnonzié pour que je vienne donner un coup de main à la radio. Quand j’ai démarré les émissions à Fréquence 2, aucun ivoirien ne connaissait ce qu’on appelait les jingles et les habillages radio. Ne vous ai-je pas troublé avec les « Digital », les « Total » et tout ? (Rires). C’est à partir de là qu’on a su ce qu’étaient les habillages radio. Donc, ma profession à moi, c’est de bâtir. Je n’ai jamais produit de musique, mais quand je m’amuse à le faire, je le fais correctement. Regardez bien la RTI de l’époque : il n’ y avait qu’une heure d’émission de variétés le samedi, c’est bien moi qui était derrière tout cela. Allez demander aux anciens de la télé ivoirienne ce que faisait Consty ? Et pour finir sur ce chapitre, sachez que je n’ai jamais copié quoi que ce soit. J’ai été un pionnier ici. C’est moi qui ai fait venir Nahomi Campbell pour la première fois en Afrique. A l’époque déjà, il était impossible de faire bouger cette dame sans un minimum de 1 million de dollars. Ce n’est pas aujourd’hui où on s’amuse en amenant les gens. Je n’ai vu aucun journaliste tenter d’interviewer un Chef d’Etat. Je le faisais déjà il y a 18 ans. Et le président Bongo n’était pas n’importe qui. Vous croyez qu’il aurait aimé être en face d’un animateur ? Je lance un défi à ceux qui croient être comme moi de tenter cela. Je suis multi-facettes. Je réponds donc en fonction de à vos questions qui sont un peu dirigées. Je reste, pour votre gouverne, le seul noir qui est eu une interview d’une heure avec Larry King, la plus grande célébrité sur CNN. Un mois avant sa retraite, à m’a accordé une interview exclusive. Aujourd’hui, il est sur une chaîne Russe à coup de millions de dollars. Il faut donc que les gens arrêtent de parodier, de se pavaner avec du moins que rien.
Didier Koré