« La saison de l’ombre »: De quoi Léonora Miano est-il le nom ?
Septième roman de Léonora Miano, « La saison de l’ombre » qui raconte les débuts de la traite des esclaves en Afrique Subsaharienne s’est vu récemment attribuer le Prix Femina 2013. Un point de vue inédit qu’elle souligne d’une langue châtiée et qui semble donner toute sa force à ce roman de 240 pages. Encore qu’elle puisse passer aux yeux de certains pour comporter l’ouverture sur quelques récits littéraires, l’œuvre de Léonora Miano n’est pas des plus réjouissantes et les parties les plus appréciées peuvent également paraître ennuyeuses. A mon dépit.
L’histoire commence après l’attaque et l’incendie des habitations des Mulongo, un clan imaginaire, qui vit à l’intérieur des villages. Douze personnes ont disparu lors de cette agression totalement incompréhensible. Un jour sombre, triste qui marque le début de la fin de ce clan. Et personne de savoir ce qui s’est passé ni pourquoi le feu a pris. Dès le lendemain, les femmes qui ont perdu leurs garçons sont isolées dans une case, placées en quarantaine. Elles ne doivent pas contaminer les autres avec leur désespoir. Cachez-moi ces dames qu’on ne saurait voir… Les raisons qui ont poussé ces tribus longtemps considérées comme amies à attaquer le village et à enlever ces hommes semblent simples et évidentes pour le lecteur: fournir de la marchandise humaine aux blancs négriers. Les anciens du clan se disent et se médisent, les palabres tournent en rond et le chef Mukano, bravant l’avis de tous, décide finalement de partir à la recherche des disparus.
De ci, de là, part lentement la trame de ce roman qui nous fait suivre le basculement d’un monde pour une communauté confrontée à la traite négrière et à la disparition d’êtres aimés.
Si Léonora Miano est une grande écrivaine d’ampleur considérable, son dernier ouvrage pêche par sa puérile invention, la kyrielle des noms de personnages à retenir et les clans qui composent ce récit aident difficilement à sa compréhension. On n’y passe pas du véritable bon temps comme il en a été pour « Les Aubes écarlates », « Ces âmes chagrines », ou encore « Habiter la frontière », œuvres parues respectivement en 2009, 2011 et 2012. Son style est long, pénible et cette gymnastique de l’originalité fait sourire. Écrivaine qui vise une certaine onction qui n’a hélas point de chaleur. Toujours des préceptes, des descriptions sommaires, point de mouvement, point de passion. Je m’en irai donc me boucher les oreilles à l’applaudimètre médiatique que cette œuvre à susciter. A mon dépit.
Zacharie Acafou.