Dr. Lazare Ki-Zerbo « Il faut une plus grande conscientisation de la jeunesse aux idées panafricanistes… »
Né en 1965 à Ouagadougou (Burkina Faso), Lazare Ki-Zerbo est docteur en Philosophie de l’Université de Poitiers (1994). Il a enseigné à l’Université de Ouagadougou de 1995 à 1999. Il est chargé de missions et de projets droits de l’Homme à la Francophonie, membre du Mouvement des intellectuels du Burkina Faso, il est également membre du Centre d’Études pour le Développement Africain (CEDA). Fils de l’historien burkinabè Joseph Ki-Zerbo, il a fondé le Comité International Joseph Ki-Zerbo dont il est le Vice-Président. Co-auteur d’un récueil de textes intitulé Mouvement panafricaniste au vingtième siècle Ses centres d’intérêt et publications portent sur le panafricanisme, le fédéralisme et les relations entre mémoire et nouvelles technologies.
Bonjour Docteur Lazare Ki-Zerbo, comment justifiez-vous votre participation à ce colloque internationale sur panafricanisme et reggae ?
C’est vraiment un plaisir pour moi d’être présent à ce festival parce que je suis un amateur de musique reggae. Nous avons fait nos études dans les années 80 et à cette époque le reggae était en train de conquérir le monde. En tant qu’amateur c’est un plaisir de rencontrer tous ces musiciens. Mais aussi en tant que militant panafricaniste c’est important parce que le reggae est une contribution musicale à l’unité africaine parce qu’il reprend les thèmes du panafricanisme à savoir l’unité, la libération, la dignité, le fait de compter sur ses propres forces. En ce sens c’est vraiment une occasion de rencontrer d’autres militants et de contribuer à la reconnaissance du reggae comme contribution musicale au panafricanisme.
Le thème « panafricanisme de conquête » employé le journaliste camerounais Alain Foka a été beaucoup mentionné dans les débats. Quel est votre avis sur ce thème ? Et quelles peuvent être les voies de concrétisation du projet panafricaniste ?
Les voies c’est une plus grande conscientisation de la jeunesse africaine, une plus grande organisation non seulement dans les Etats mais à travers les Etats c’est-à-dire que il faut des réseaux de jeunes qui traversent les pays. Des réseaux à travers la CEDEAO, l’Union Africaine pour pousser nos Etats à aller vers plus d’intégration politique, économique etc. Donc je pense que la prise de conscience de la jeunesse, l’organisation panafricaine est incontournable.
Vous êtes un universitaire africain. On ne peut aborder l’idéal panafricain sans parler de la question académique et scientifique. Quel peut être l’apport des universités africaines dans la réussite du projet panafricaniste ?
Elles peuvent contribuer de plusieurs manières. D’abord dans les programmes d’enseignement le panafricanisme soit étudié. Que ce soit même un thème transversal que ce soit en chimie, en mathématique ou en médecine il faut connaitre quand même l’histoire du panafricanisme. C’est une première chose. Vous savez que quand il y avait des universités fédérales à Dakar ou en Sierra Leone les jeunes africains se rencontraient. Donc il faut des programmes d’enseignement universitaire panafricain pour permettre aux jeunes de se retrouver et je pense que l’Université panafricaine que l’Union Africaine a crée est une bonne chose mais je crois que les enseignants peuvent aller rencontrer les étudiants dans les différentes universités africaines.
Aujourd’hui lorsqu’on évoque l’Union Africaine on indexe certaines de ses faiblesses notamment son financement, l’engagement de certains Etats. Quelles pistes explorées à ce niveau pour plus d’efficacité ?
Vous savez Addis-Abeba c’est loin. Moi je crois que les communautés régionales sont essentielles. Je veux dire pour un Ivoirien Abuja c’est plus proche. Déjà s’il y avait plus de contribution au niveau des communautés sous-régionales et une plus grande présence des communautés régionales dans les Etats sur certains programmes que ce soit l’éducation, le sport etc. ça pourrait permettre d’accélérer les choses parce que l’Union Africaine c’est une plus grande bureaucratie et aussi du travail mais qui peut paraitre éloigner des peules vivant dans les différents Etats.
Merci !
Interview réalisée par SOSSIEHI Roche