Chronique: L’art, le don et la création, une mentalité interplanétaire?
« Chaque fois que les hommes ont dû consigner, garder les instants que l’histoire emporte, la nécessité de l’écriture s’est faite loi. Et de tout temps le chroniqueur, l’homme qui écrit, fut roi. » L’art serait-il perçu comme un don de notre mental, dans la création où la finalité gestuelle alimente notre âme, notre esprit et notre corps? Si le terme « Art » reste polysémique quelle que soit la manière dont on l’entende, cette plurivocité rassure une mesure de son efficacité, sa crédibilité. D’un siècle à l’autre, la mentalité de l’homme évolue à grande vitesse. Celle-ci garde comme substrat profond l’éthique de la pensée.
D’un point de vue restreint ou plus large, l’art demeure une pensée ou un phénomène social aux diverses responsabilités touchant quasiment l’ensemble des sociétés.
Maître Omraam Mikhaël Aïvanhov, dans son œuvre intitulée : « création artistique et création spirituelle » apporte une clarté sur les fondements de la création et leur liaison avec les éléments de la nature spirituelle. Pour cette grosse tête pensante, tout part de la configuration de l’être humain. Celle-ci prend sa source vitale dans la contenance du mot trinité : Penser – Sentir – Agir.
Trois termes évoquant intimement les dispositions mises en place par l’homme, dans l’atteinte de sa finalité vers la perfection : la lumière de la création. Que représenterait de nos jours, la création ou l’art de créer ?
Cette mentalité dépend de la notion de « création » définie par la production d’une œuvre originale, de la transposition de l’inventivité, de l’imagination, de la mise en existence d’une abstraction fécondée.
La créativité, cette générosité de productivité est d’abord fondamentalement individuelle. Elle est d’ailleurs conçue depuis des décennies comme une production unique. Les XIVème et XVème siècles, ont fait de l’artiste au cours de la Renaissance, un « maître » au talent exceptionnel. Ce qui va le distinguer qualitativement des autres classes sociales (êtres humains). Cette idée conçue gagne de l’espace dans la manière de voir le monde. Progressivement l’ère du romantisme dompte (érige) l’artiste en solitaire au pouvoir énigmatique (mystérieux) de communiquer par l’intercession ou le truchement d’une ou de diverses possibilités (moyens) d’expression. Sur cette essence de création se fonde une idéologie qui contribue au maintien des rapports sociaux et politiques dans les sociétés. Selon l’Oxford Dictionary, le processus de création implique « l’investiture d’un rang ou d’un titre ». Entre créateur et création, il ya transfert ou déportation d’une conformation de noblesse épicée d’atticisme dont la source reste (demeure) tout un mystère. L’intérêt de ce processus réside dans l’affabulation (la mystification) qui l’accompagne. C’est un symbole compris parmi tous (les initiés) ceux ou celles qui frappent par la qualité de leur expérience plastique. La construction idéologique de la « créativité » est centrale à toute rhétorique (verve) de domination s’agissant des « cultures dites populaires » ou « des disciplines dites scientifiques ». Dans notre société, depuis sa création, jusqu’à notre ère contemporaine, cette idée de valeur et de mérite pour l’humanité, en fonction des domaines d’application, semble visiblement briller par sa démarche. Les discussions sur l’art et la science, obsède chaque être humain.
Au centre de cette orientation de la science et de la créativité au sens plus large, existe, d’une part, les idées ou opinions qui développent le contenu de notre compréhension de l’art et de la science et, d’autre part, les structures qui les produisent.
L’idée d’un ordre naturel ayant des fondations surnaturelles persiste dans les mentalités en dépit du naturalisme enseigné depuis des générations. Selon Henri Bergson dans « la loi de continuité à l’élan vital de l’évolution créatrice » qui avait vu le jour au XVIIIème siècle, avance cette assertion au tout début du XXème siècle que : « la mère de la sagesse (la philosophie), dans sa genèse, s’est servie de la science comme source de motivation sans écarter ou éloigner la possibilité d’une intervention divine ». Il n’est point question dans cette spéculation visionnaire d’une quelconque religion absolue, mais de préférence d’un don céleste extraordinaire, indicible mis à la disposition des êtres extériorisant une prédisposition à la fibre artistique (la création).
L’abîme artistique (le talent) de l’artiste se mesurant par son aptitude à communiquer des sentiments les plus profonds, révèle ici ses sensibleries les plus intimes au nerf artistique. C’est en exprimant des sentiments communs à tous les individus qu’il se distingue. Les génies traduisent les sentiments enfouis au plus profond de l’être. Cette notion de « génie » provoque l’écart entre « artisanat » : fabrication manuelle d’objets et « art » : expression de sentiments et de valeurs universelles par la création (le don).
Des théorisations (spéculations) divergent entre des polarités comme la transmission génétique et l’environnement familial, culturel. Si la possibilité d’une intervention divine est écartée, la problématique (question) se pose sur le droit de jouissance légale (possession) du « don ».
Certains membres de la société humaine naturellement, auraient-ils par la naissance, des affinités (aptitudes) liées à la cervelle de la création ? Ou pour amener à un stade plus avancé une telle activité ? Ces actions et opérations effectuées obéissent-elles aisément aux normes pour créer ? Où réside la source de motivation ? Et quel est son apport dans le processus de création ?
D’autant plus que, à bien des regards, la création exige aussi une certaine technique, mais elle ne se réalise pas sans la volonté de créer. L’encouragement, l’envie et le besoin de créer sont des facteurs appréciables (considérables) de la créativité. Qu’advient–il de l’art après le retrait physique du don et de la création ?