Chronique : »L’amour du risque entre art, sciences et sociétés »
La question récurrente de cette nouvelle ère, avant d’entreprendre un acte ou une prise de décision, est celle de savoir authentiquement les degrés du risque du présent et celui de la nuit des temps. Réduit par le code des sentiments sensoriels des pouvoirs liant le corps à notre âme, vers sa maturité, l’amour ronge ses propres fruits avec tant de risques.
Est-ce « Risquer l’amour »c’est de s’interroger si la pluie bouillonnante peut jaillir des entrailles de la terre? Dans nos sociétés actuelles, amour et risque balancent avec extrapolation entre le fonctionnement sensitif de la vie et nos envies souhaitées. Le risque donc s’applique à notre culture. Il fonde l’édifice de notre civilisation et peut en découler une source de motivation dans la création artistique. »Le monde d’aujourd’hui est-il plus risqué que celui d’hier ? Il est important de noter le changement de mesure qui introduit le risque, étalon de nos actions. « Risquer » est aujourd’hui courant, et c’est aussi par son omniprésence dans nos systèmes culturels, que l’homme a été élevé. Cette expérience est variable parce qu’extrêmement téméraire et porteuse, dans le cadre de la création artistique, d’agencements nouveaux. » Au choeur de ce voyage artistique, le paysage tend sa toile à l’art, et celui-ci tisse une amitié avec la science. D’un commun accord, la science parle à la société et s’interroge sur le sort des expériences rapprochant l’humanité : l’interdisciplinarité. Les têtes pensantes de ladite théorie (J-C Luthmann, Christiane Geoffroy et Stéphane Lemercier), ont suivi avec grand intérêt l’encadrement de ce projet artistique et ont su motivé les participants à ce séminaire, à se « jeter avec rigueur dans le risque ».
Cette interaction, « Art, Sciences et Société » selon les exposants, »permet d’approcher des exemples méthodologiques issues de l’université et de la recherche scientifique et ce, afin de repenser la responsabilité de l’artiste face aux nouveaux enjeux contemporains. Nous nous arrêtons plus précisément sur la notion de risques et ses métamorphoses récentes. Ainsi, catastrophes naturelles, menace nucléaire, péril écologique, organisme génétiquement modifié influencent notre rapport au monde et produisent une nouvelle génération d’images et d’approches matérielles. A partir de ces observations fondamentales, nous élaborerons collectivement un ensemble de rencontres (une exposition au Frac Alsace, un cycle de conférences mêlant artistes et universitaires). » La performance, l’installation, la photographie, la sculpture, la vidéo furent le centre d’intérêt de cet événement culturel « l’amour du risque » . Le public s’est nourri d’une somme d’expériences nées des rencontres pluridisciplinaires entre les
étudiants de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg du groupe » No Name », les équipes du jardin des Sciences , de l’Université de Strasbourg, du CNRS et du Frac Alsace, en ce début d’année. L’alchimie des oeuvres embaumait la salle exposition. Elise Alloin décortique l’intelligence de la science par le biais d’une sculpture sonore (choeur de désintégrations). Elle envoûte le visiteur lors de son passage des particules élémentaires alentour, et l’anamorphose en une forme émettrice active.
Marine Dominiczak matérialise à partir d’une oeuvre sculpturale (Usures) les risques que nous courons dans notre motricité quotidienne (répétition excessive, empreintes, sublimation). Dans un dialogue entre objets et corps inanimés, Chloé Durand illustre, dans son oeuvre intitulée (Souffle), le rapport qui lie la difficulté pour l’Homme de s’adapter à la présence de l’autre. Emeline Galhac retranscrit quand à elle, son amour face au risque, dans (Assemblages) une oeuvre purement littéraire en double exemplaire et installation ( peluches, cimaises), une possibilité de contamination immédiate. Julie Furrer, appréhende l’amour du risque comme une empreinte ambiguëe de désistement à la fois ardue et excitante. Elle met en confrontation dans (Précipité) une projection d’une ombre orientée sur un support solide (sol) et un pigment monochrome. L’originalité et le minimalisme naissent dans la création sans titre de Jade Tang. Se réappropriant de quelques forces naturelles, Jade crée en transformant de la matière à partir du feu, l’air et la paraffine sous une forme de combustion. Marianne Misepelaëre laisse courir le fruit de ses observations fictives ou réelles, présentes dans son quotidien, sur une bande vidéo. Cette installation sonore et vidéo parle du risque comme élément immanent à une expérience purement artistique. Dorothée Haller résume le risque, dans sa fécondité créatrice, en assimilant la transposition du principe de l’effet des jeux (domino) à la situation actuelle du système financier, qui à la moindre impulsion, bien que clé du monde et quelque soit son socle, peut s’écrouler.