Algérie: Arrestation de l’écrivain Boualem Sansal
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est actuellement en garde à vue dans les locaux des services de sécurité à Alger, en attente de sa présentation devant le procureur de la République. Cette arrestation, qui remonte à près d’une semaine, a suscité de vives réactions parmi ses proches et dans le milieu littéraire.
Une Arrestation Inattendue
Boualem Sansal, connu pour ses fréquents séjours en Algérie sans encombre, a été interpellé à Dar El Beida, à l’est d’Alger, peu après son arrivée à l’aéroport international Houari Boumédiène le samedi 16 novembre 2024. Selon notre correspondant Fayçal Métaoui, des agents de sécurité en civil l’ont intercepté et emmené pour interrogatoire. Cette arrestation, bien que non officiellement annoncée, serait liée à des déclarations récentes de Sansal au média français d’extrême droite Frontières.
L’écrivain avait affirmé que « lors de la colonisation française, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc, incluant Tlemcem, Oran et même Mascara ». Ces propos, repris par les médias marocains, ont probablement irrité les autorités algériennes, pour qui le sujet des frontières reste particulièrement sensible. Certains indépendantistes marocains revendiquent en effet cette région, qu’ils appellent le Sahara oriental, comme faisant partie du royaume du Maroc.
Un Contexte Politique Tendu
L’arrestation de Boualem Sansal, naturalisé français en 2024, intervient dans un contexte de tensions accrues entre Paris et Alger. Les autorités algériennes, soutiens du Front Polisario, n’ont pas apprécié la prise de position d’Emmanuel Macron sur la question du Sahara occidental. En juillet 2024, le président français avait reconnu la souveraineté du Maroc sur cette région, mettant fin à la neutralité française réclamée par Rabat.
Boualem Sansal n’est pas le seul écrivain dans le collimateur des autorités algériennes. Kamel Daoud, également auteur franco-algérien et lauréat du prix Goncourt, fait l’objet de deux plaintes dans son pays d’origine. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Daoud a exprimé son espoir de voir son ami Boualem Sansal libéré rapidement.
L’écrivain pourrait être poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale et à l’intégrité territoriale du pays » ainsi que pour « incitation à la division du pays », des chefs d’inculpation passibles de peines de prison selon le Code pénal algérien. Cette affaire met en lumière les tensions politiques et les défis auxquels sont confrontés les écrivains et intellectuels dans la région.
Alexandre Martin
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