LA QUATRIEME DE COUVERTURE : Qui doit l’écrire ?
La quatrième de couverture est le verso du livre dont la première de couverture est le recto. Elle comprend une biographie de l’auteur, un résumé du roman (pas obligatoire) ou un extrait ou bien un texte critique (un commentaire) du livre. Elle a un rôle de présentation et d’incitation à l’achat. Elle met ou doit mettre l’eau à la bouche. Ce texte est important. Pourquoi ? Dans une librairie, le potentiel lecteur, après la première de couverture où s’offrent à lui le titre et l’image, ne manquera pas de jeter un coup d’œil ne serait-ce que furtif, sur la quatrième de couverture. C’est un réflexe qui s’exécute en quelques secondes. La quatrième de couverture est par conséquent déterminante et essentielle. Et d’un point de vue littéraire et d’un point de vue commercial.
Dans ce cas qui doit rédiger le texte de la quatrième de couverture ?
A l’origine, la quatrième de couverture est rédigée par la maison d’édition. C’est elle qui, en principe, a en charge, cette tâche, par le biais de son service éditorial qui normalement comprend un critique littéraire. C’est ce qui est d’ailleurs normal. Mais depuis quelques années, cette tâche, par paresse peut-être, est souvent abandonnée à l’auteur lui-même. Ce n’est pas seulement en Côte d’Ivoire que cette pratique a lieu. Même en Europe et en Amérique, de nombreux éditeurs se dérobent de cette besogne en se déchargeant sur l’auteur.
Une telle négligence a donné lieu à un texte de quatrième de couverture pompeux et vaniteux. L’auteur, à l’égo surdimensionné, se laisse aller à une autocélébration embarrassante. Sans scrupule ni pudeur, il présente son œuvre comme un chef-d’œuvre et se présente lui-même comme un écrivain génial. Celui qu’il faut lire avant le sommeil éternel. Il arrive que ce texte ne ressemble point au contenu du roman. Les accroches mensongères discréditent l’écrivain et la maison d’édition.
La quatrième de couverture a certes un rôle incitatif et publicitaire. Mais elle doit se garder de tomber dans la fantaisie et les excès. Elle doit viser à donner un aperçu du contenu du livre et de la vie de l’auteur. Le texte au dos du livre doit être bref, concis, mais riche. En quelques mots, il doit révéler l’essentiel de ce que le lecteur doit savoir et de ce qui peut le pousser à acheter le livre. Sans pompe. Sans cosmétique.
Les éditeurs doivent continuer à faire face à tous les aspects du travail qui leur incombe. Le texte de la quatrième de couverture doit relever de leur soin. A la rigueur, ils peuvent demander à l’auteur de rédiger lui-même sa biographie. Quant au texte critique, l’éditeur, en toute logique doit se le réserver. L’écrivain sera toujours tenté de produire un texte laudatif sur son livre. Peut-on être son propre critique littéraire ?
Aux éditions Acte Sud, Seuil et Albin Michel, par exemple, il n’y a pas de débat à ce niveau. C’est l’éditeur qui se charge de rédiger le commentaire sur le roman destiné à la quatrième de couverture. L’éditeur Emilie Colombani du Seuil est catégorique à ce sujet : « Le romancier ne peut être acteur et spectateur. Or il faut avoir une distance par rapport au livre et se mettre du côté du lecteur, pas de l’écrivain. L’auteur est le moins bien placé ».
Une chose est sûre, la quatrième de couverture est essentielle. La biographie ou le texte portant sur le contenu du roman doivent avoir pour souci d’aller à l’essentiel. Le service éditorial doit se réserver ce devoir. Evidemment, l’auteur y a un droit de regard. En bref, les textes de la quatrième de couverture (biographie et texte critique) doivent être l’aboutissement d’un labeur concerté et consensuel de l’auteur et l’éditeur. Mais ce travail, en priorité, relève de la compétence du dernier cité.
Macaire Etty