Reportage : Matongué sous la pluie
Le 11 novembre dernier, jour férié en France, nous avons été à Bruxelles dans un Matongué, histoire de voir comment les choses se passaient dans ces restaurants africains dans les capitales européennes. Certaines personnes adorent les Matongué. Le mélange d’odeur d’huile de friture, les cris des clients, la rumba congolaise etc., Eh! bien moi je les déteste, je les trouve tout à fait dégoûtants. Je ne sais trop comment, je me suis retrouvé à Bruxelles le 11 novembre dernier, dans l’un de ces restaurants au cœur de la capitale belge. Il faisait un froid de canard et mes trois compagnons, une réunionnaise et deux congolais et moi, nous n’en menions pas large.
Voilà, je suis assis à côté de la Réunionnaise au sourire carnassier et aux lèvres pulpeuses à l’arrière de Citroën C3 de location. Et je pense « encore un jour férié qui s’annonce bien»! Je passe un ou deux coups de fils pour décommander des rendez-vous.On va voir ce qu’on va voir «je vais m’encanailler dans un Matongué,, la France peut bien attendre un moment.»
Pour nous mettre dans l’ambiance, Raphael qui aime conduire nous met de la musique congolaise. Et nous filons à toute berzingue vers le Luxembourg où nous devons prendre l’autre compagnon. A Luxembourg –ville, M, la seule fille de l’expédition veut faire des emplettes. Vous savez comment sont les femmes! Elles thésaurisent. Et M, est une acheteuse frénétique. D’ailleurs, je ne l’ai jamais vue sans des sacs de courses dans les mains. Elle ne fait pas de shopping, elle fait une razzia! J’en profite pour m’acheter des clopes. Raphael, me demande de lui rappeler une citation de Shakespeare, tirée du «Roi Lear», je le fais. Mais je trouve bizarre qu’il s’intéresse soudain à l’œuvre de l’homme de Strafford-sur- Avon.Bon , personne n’a envie de mourir idiot après tout!
Sur ces entrefaites apparait M qui sort du magasin, les bras chargés. Elle s’engouffre dans la bagnole et commence l’attente.Nous regardons les passants qui entrent ou sortent de la boutique. Chacun à droit à un commentaire de notre part! Comme il est parfois bon d’être médisant! Surtout lorsqu’on s’ennuie et qu’il fait froid dehors.
Dix minutes, vingt minutes. On toque à la vitre arrière de la voiture. C’est Fabio. Je m’attendais à le voir endimanché, que nenni! Il a mis un polo vert assorti d’un pantalon de jogging de la même couleur, de même que ses chaussures.!
Du coup, je me sens ridicule dans mon demi ton ( mon blazer et mon pantalon clair, avec mon pull en laine en guise d’écharpe sur les épaules. ) Bon je voulais faire plaisir à M. Elle aime que je sois tiré à quatre épingles.
Il pleut sur l’asphalte, et Raphael appuie sur le champignon. Ce qui a le don de mettre M. au bord de la crise de nerf. Moi je me laisse bercer par les rifts de la guitare solo de la rumba congolaise que le lecteur de la voiture diffuse. Arlon, Libramont, Mons, etc., les noms des villes belges. Je piaffe d’impatience. Je vais enfin voir un Matongué, un vrai!
M. me demande si je vais bien. Elle est ainsi, elle veut toujours savoir si je vais bien. En fait mes yeux lorgnent vers ses jambes callipyges, et des idées pas très catholiques me traversent l’esprit. Heureusement que nous arrivons à Wavre. Sur le parking du supermarché où nous stationnons, il un «libre- service» , une petite collation et M. disparait pour ne réapparaître que tard dans la soirée, dans le Matongué.
De fait après la collation à Wavre, nous sommes partis pour Bruxelles où se trouvent les Matongués.
Celui que nous avons visité était «crade de chez les crades» comme dirait le neveu d’un ami , enfumé quand bien même on n’a pas le droit de fumer à l’intérieure. En réalité, la fumée de la cuisine s’engouffre dans la salle à manger et en plus il est bondé. Bon je ne fais pas la fine bouche. Surtout que j’ai apprécié cette bonne« vieille petite Guinness», cela m’a rappelé Abidjan et ses maquis. Fabio lui a préféré la bière belge, quand Raphael lui se contentait d’une eau minérale. Et puis, il a fallu manger, la bouffe est bonne c’est sûr! mais l’ambiance est des plus suspecte. La plupart des clients jouent avec leurs téléphones portables. Des femmes africaines aux croupes rebondies rient aux éclats, quant aux hommes pour la plupart ils ont la peau décapée avec de gros boutons d’acnés noires sur le visage. Pour ne pas alourdir mon karma, je ne dirais pas qu’ils sont laids. La musique est bonne, entraînante, dansante.
M. est revenue vers les 22 HEURES, à peine assise, elle a senti le besoin d’aller dans une épicerie pour faire des emplettes. Elle aime acheter. Cette fois, elle voulait des bananes plantains pour faire de l’aloko.
A 23 heures, lorsqu’il a fallu partir, on ne savait plus où, nous avions garé la voiture. Aussi, jusqu’à une heure du matin, nous avons cherché la voiture. M. comme, il fallait s’y attendre a piqué une crise. Moi aussi, Raphael, j’en étais convaincu le faisait exprès . Le pire c’est qu’il prétendait l’avoir garée dans une rue où se trouvait une église. Je suis sur que c’est faux. C’est qu’il veut à tout prix faire de moi un religieux. Mais je n’en ai cure . Nous sommes revenus en France à 3 heures du matins.