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Murmure dans la forêt d’Idrissa Diabaté « Portrait inédit du musicologue Adépo Yapo »

Olivier Yro | | Evènements

Murmure Dans La ForetRéalisateur documentaire dans la lignée de Jean Rouch dont il a été l’élève, Idriss Diabaté s’attache à présenter au travers d’un portrait dont il a le secret.

« Murmure Dans  La Forêt », met en exergue le dôdô, cet instrument de musique chargé d’histoire et sans doute un des plus anciens instruments dont Adépo Yapo est considéré l’un des Maîtres joueurs en Afrique. Par des prises de vues respectueuses de la musique et des paroles du grand musicien, ce documentaire introduit le spectateur à une fascinante pratique musicale. Parce qu’Adépo Yapo considère que la musique participe tout à la fois à la danse, au chant ou à la prière, on assiste aussi bien aux classes d’enseignement, à des concerts ou à une étonnante scène de fétichisme.

S’ajoutent de grandes rencontres musicales avec d’autres prestigieux musiciens comme Aly Kéita au xylophone balafon, N’Guessan Alexandre au xylophone djomolo, Pierre Akendengué à la guitare et Susso Moryko à la cora, on fera le parallèle entre le raffinement de la musique de ces instruments fabriqués avec des matériaux les plus rudimentaires (bois, liane, clous, calebasse…) et la magie qui émane de l’Afrique.

Filmé sur plusieurs années, ce film présente un produit vivant de ce musicien attachant qu’est Adépo Yapo et ajoute par là une autre dimension au plaisir de le voir et de l’écouter sur une scène.

Projeté pour la première le 5 avril 2013 au Goethe Institut d’Abidjan en presence d’une péiade de profesionnels, ce film a permis au grand public de découvrir les autres dimensions qu’incarnent le compositeur et musicologue : le discours pédagogique. Agrégé de Musique et diplômé de l’Ecole Normale de Musique de Paris et de l’Ecole de Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris, Maître Adépo Yapo fait partager ses cours sous forme de causerie à ses élèves dont certains apparaissent comme des disciples. Il met en relation le savoir et le savoir-faire endogène à ceux relevant de l’académisme avec une approche pédagogique qui met en exergue la compétence c’est-à-dire une participation significative des étudiants.

Le film met en relief le fait le musicien ait été formé aux pratiques musicales traditionnelles réservées aux initiés du bois sacré avec une transmission filiale de père en fils en ce qui concerne le dôdô. Unstrument qui lui sert à réaliser ses gestes compositionnels emprunts d’un raffinement hors du commun. Ce traitement qu’il apporte aux sons domptés par son génie, lui permet de s’adapter à tout discours musical et ce, au travers les combinaisons réalisées avec les artistes de renommées internationales comme le balafola Aly Kéita, le corafola Susso Moryko, le talentueux joueur de djomolo (le xylophone baoulé) sans oublier l’hommage rendu à Pierre Akendengué qui a manifesté son admiration au maître reconnu par cette phrase « les mots me manquent et je manque les mots ».

La fin du film réalisée au Centre Culturel Français d’Abidjan, nous a permis d’écouter et d’apprécier la combinaison du dôdô avec les tambours joués par un célèbre djembéfola Brahima Koné tout comme des chants accompagnés aux sons de Mbira, une sansa zimbabwéenne dont Maître Adépo Yapo a dompté la technique de jeu. En musique de chambre africaine, il nous a été donné de savourer la suavité sonore de « Moro Naba »,(personnalité emblématique du royaume Mossi-quatuor de dodo) un hommage au Roi des Mossis.

Seule note fade de cette première, Le débat qui a suivi cette projection sur le thème « Quelle politique la Côte d’Ivoire doit-elle mener pour ouvrir les salles de cinéma ? » ne cadrait pas avec le contexte laissant les échanges dans des discours en dehors du discours et la réflexion que suscite ce travail de laboratoire du maître mis en image par le génie du cinéaste Idriss Diabaté.

On notait la présence d’un Grand Maître, le professeur Aké Assi Laurent, botaniste sur qui Idriss Diabaté a réalisé un autre documentaire « Le bois sacré » tout comme des personnalités du ministère de la culture et de la francophonie et celles de la société civile.

 

Olivier Yro

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