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Interview Doksy : « Le rap et moi c’est pour la vie! »

Raymond Alex Loukou | | Evènements

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Diomandé Djénéba alias Doksy  vit le jour le 24 janvier 1984 à Séguéla. Elle côtoie le rap en 2004 au lycée Saint Étienne avec « La Croix rouge artistique), groupe de 15 jeunes qui ambitionnaient de mettre l’art au service de l’humanitaire. Seule fille parmi les hommes Doksy ne se fait point de complexe. À force de travailler, elle devient une identité remarquable au sein du groupe. En 2005, elle décroche le Baccalauréat en plus du Prix du meilleur artiste hip-hop de la commune d’Abobo.

Admise à l’Université de Bouaké délocalisée Abidjan, elle intègre le CRAC (Club de Rap et d’Actions Culturelles). Très active au sein du mouvement qui ne compte que 2 filles, elle participe à la réalisation de « Clause de conscience », premier album du mouvement. La passion chevillée au corps, elle décide d’officialiser sa carrière solo en 2011. Dans la foulée, elle entre en studio et commence l’enregistrement de son 1er album intitulé « GENERATIONFACEBOOK ». À peine l’album sorti, Doksy est surbookée. Entre les interviews radio-télé, sans oublier quelques apparitions dans les pages culturelles des tabloïds ivoiriens, et les séances de dédicace, Doksy trouve quelques minutes pour un entretien. Interview au pas de course avec la nouvelle coqueluche du rap ivoirien…

Que reproches-tu à la génération Facebook ?
C’est simplement une dédicace à tous les utilisateurs de ce réseau social qui est devenu incontournable de nos jours. C’est également une mise en garde contre la cybercriminalité, car beaucoup de personnes font un mauvais usage de l’internet. Sinon c’est un outil qui rend d’énormes services. Dans mon cas, ça me permet d’être en contact avec mes milliers de fans à travers le monde.

Pourquoi utilises-tu le rap comme moyen d’expression ?
Pour moi, c’est la plus belle musique au monde. Le rap est le véhicule que j’ai choisi pour transmettre mes messages au public. C’est la voie qui me convient le mieux donc j’y vais à fond la caisse !

Le rap est connoté musique de ghetto. Est-ce à dire que tu viens du ghetto ?
Je viens du ghetto et je n’ai aucun complexe à le revendiquer. J’habitais Abobo SOS, un quartier de bas standing, mais cela ne m’a pas empêché de réaliser mes rêves. On peut aussi vivre loin du ghetto et en connaître les réalités.

Les hommes politiques ne sont pas épargnés dans tes compositions. Que leur reproches-tu ?
Rassurez-vous, je n’ai rien contre les hommes politiques. La politique ne m’intéresse pas. Par contre ce que je demande aux politiciens c’est de ne pas se servir des jeunes pour parvenir à leurs fins. Je m’insurge contre ça. À travers ce titre, j’invite les jeunes à s’éloigner des vendeurs d’illusions que sont les hommes politiques. Je demande aux jeunes de ne pas confier leur destin à ces derniers.

Pour toi, le rap est-il uniquement une musique militante ?
Pas forcement ! Je considère le rap comme une musique au même titre que les autres. Cependant, elle peut prendre différentes directions selon la volonté du chanteur. Autant le rap dénonce les travers de la société, autant il peut bercer notre corps et notre âme. C’est une musique sans tabou.

As-tu des modèles en matière de musique rap ?
Bien sûr ! Sur le plan national, il y a mon arrangeur Defty et mon manager Ozone. À l’international, c’est le rappeur Kery James qui m’inspire.

Pour un premier album, tu aurais dû faire exclusivement du rap. Pourquoi as-tu ajouté d’autres genres ?
C’est pour me différencier des autres. Tu sais, le rap peut être joué sur différents « beats ». C’est dire que les autres genres musicaux ne sont pas à exclure. Le rap s’adapte à tout. Il faut savoir que rap a évolué et il peut être influencé par différents courants. Sinon j’ai les capacités de faire un album exclusivement rap. J’ai préféré ajouter du coupé-décalé pour être dans le train de l’urbanité.

Es-tu de ces rappeuses qui font la concurrence aux rappeurs ?
(Rires) Oui et non ! Je dois reconnaître que pendant longtemps les hommes ont assis leur suprématie en matière de musique rap. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont les meilleurs. Nous venons sur la scène musicale pour revendiquer notre place. Nous leur demandons de se réveiller pour que la concurrence soit plus rude. Mais rassure-toi, c’est une concurrence fraternelle, voire amicale. Nous militons tous pour le progrès de la musique rap sans différence de sexe.

Pourtant tu n’es pas tendre avec eux dans tes textes…
Si, si ! C’est l’esprit du rap. C’est sans animosité. C’est juste de la saine émulation.

Quelle place revendiques-tu sur l’échiquier du rap ivoirien ?
Je veux simplement m’imposer et pourquoi pas être le top des tops…

Doksy, rappeuse. Comment ta famille te perçoit ?
Je pense qu’il n’y a pas différence ! C’est la même Doksy. C’est vrai que sur scène je suis complètement métamorphosée, mais cela dit je ne suis pas une extra-terrestre (rires). En dehors de la scène, je suis une fille comme toutes les autres. Je ne me prends pas la tête.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?
C’est le ghetto, la société. Tout ce qui m’entoure en somme. Pas besoin donc de conditions particulières pour m’inspirer.

Quelle place accordes-tu à la versification dans tes textes ?
Pour moi, c’est important d’abord des textes rythmés où l’on retrouve une certaine musicalité. C’est vrai que le message est important dans la composition musicale surtout le rap, il n’en demeure pas moins, la manière de rendre le texte est aussi importante. Je suis toujours à la recherche d’une certaine musicalité pour soutenir mes textes.

Sur scène, tu allies merveilleusement chant et danse. Tu es une vraie bête de scène !
(Rires)… Si ce sont des compliments, je les prends avec beaucoup de respect. À vrai dire, je suis danseuse à la base. J’ai participé à plusieurs concours de danse. Je mets un point d’honneur à parfaire la chorégraphie sur scène. Comprenez donc pourquoi je déménage sur scène. Pour moi, la danse et la musique se complètent.

Quels sont tes projets immédiats ?
Je prépare activement la sortie d’un single « Rêve d’enfant » pour le mois d’octobre. En décembre, je rempile avec un autre single. Entre temps, je mets les bouchées doubles pour mon concert. Donc pas de répit. C’est la voie que j’ai choisie, je dois donc assumer.

Comment « Génération Facebook » se comporte sur le marché ?
Bien ! selon les informations qui me parviennent de la maison de disque. Je crois que le manager fait son boulot, il appartient aux mélomanes de s’approprier cet album. Chacun doit jouer sa partition.

Un mot pour terminer !
Je tiens à rappeler au public que Doksy est dans la place avec un concentré de sons de belle facture. Le hip-hop est ma vie, ma vie est le hip-hop. Je donne le meilleur de moi-même pour être dans le cœur des amateurs de ce genre musical. J’aimerais partager ces « vibes » avec mes fans. Je ne vais pas décevoir ceux qui ont cru en moi. Big up à tous mes fans.

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