Festival Summerlied 2014, une passerelle de l’oralité.
Présenté au grand public du Festival Summerlied le samedi 16 Août 2014 sur la scène poétique, l’artiste Pierre Louis Aouston, performeur dans les mouvements de la parole, a donné de par son aura artistique, à voir et à entendre sa pièce poétique intitulée « La substance s’organise » devant un public zélateur, habitué de la scène oratoire, consacrée à cet art des émotions sensorielles : la poésie.
Dédié précieusement aux dialectes, aux musiques et aux chansons traditionnelles, le festival Summerlied est avant toute notion conceptuelle, un laboratoire de création, qui se veut en plus de sa spécificité, un art de commémoration à la mère « tradition » basée inflexiblement sur l’oralité, d’autant plus qu’en consacrant « une petite place à l’écriture sous la forme de lectures de poésie, de romans, de groupe associant la musique et la poésie ».
L’organisation de cet événement, faite par le très sympathique Olivier Félix Hoffmann, lui même chansonnier spécialisé dans la culture Amérindienne, a su montrer aux yeux de tous, de par sa dextérité sous un angle professionnel, son immense attachement à la tradition d’où ce festival.
Il semble peut-être vrai que dans l’univers des arts, le charme de l’art performatif ou de la performance réside dans sa qualité sensorielle définie sous cette dénomination singulière d’expression vitale.
Cette sensorialité s’est faite ressentie chez notre très cher artiste performeur Pierre Louis Aouston lors de son intervention à caractère performatif à cette messe liant les arts et le concept de l’oralité. Il nous livre quelques précisions sur son travail poétique.
Si le fruit de l’art (œuvres d’art) encombre le premier plan de la scène artistique, il serait une exclusion fatale de bouter hors de cette vision le statut même de celui qui donne naissance à ces œuvres d’art (l’artiste), en ignorant son évolution au niveau de la technicité, des sites qui abritent ces œuvres (les musées, FRAC et autres…) et laisser choir avec ignorance le volet de la médiation qui depuis lors, semble être le point culminant précisant l’inflation ou la cote de l’artiste.
« Mon travail poétique se situe dans la lignée d’une poésie contemporaine qui a pris naissance dans les années 30 avec Hugo Ball, les Lettristes, Isidor Isou, François Dufrêne avec Tombeau Pierre Larousse par exemple, mon mentor, Bernard Heidsieck, etc… dont la démarche est de porter devant un public une oralité poétique, de sortir la poésie d’une lecture intimiste, une poésie dans le livre. Un mouvement qui a toujours utilisé les moyens techniques de son époque pour donner à voir la poésie sur une scène, sous une forme d’un spectacle, que ce soit avec le magnétophone, l’informatique, la vidéo… »
Une particularité de sa technicité
Pierre Louis Aouston atteste que : « L’acte de prendre un recueil de poésie en main et de l’ouvrir est déjà une mise en condition du lecteur, une concentration qui prépare à découvrir une poésie, dans mes représentations, j’ai une particularité qui est de préparer à recevoir ma poésie par l’ouverture d’une théâtralité, je ne suis pas un comédien mais un poète, et cette théâtralité est portée par le corps du poète, pas un comédien. Un moment /action qui est là, en ouverture, pour mettre en condition le public (comme je l’ai dit), à recevoir mon oralité poétique.
Dans la pièce intitulée « La substance s’organise », qui a été montrée dans le cadre du Festival Summerlied 2014, j’ai appliqué ce concept « de mise en condition à la poésie » par une action simple, qui a été de lancer en l’air des gros confettis de couleurs, des lancés associés à des mots-couleur comme Pastel Alsacien, Gris pollution, Couleur du pouvoir Élyséen etc… En ce qui concerne la pièce poétique celle-ci est une réflexion sur l’acte de peindre, un rendez-vous avec la peinture de Cédric Nové-Josserand, un ami, et ma poésie ».
Summerlied 2014, fut une belle réussite, comme le souligne si bien Monsieur Jacques Schleef, dans un propos récueilli par Marcel Neiss. « Le festival est appelé à évoluer. Des dizaines de bénévoles, d’artistes, de créateurs s’impliquent et font vivre le festival. Nous voulons renforcer le bénévolat, développer la formation de jeunes talents et garder un œil attentif vers ce qui peut être imaginé pour demain : un élargissement vers Haguenau et pourquoi pas Strasbourg. Summerlied devra assurer une passerelle entre les anciens et le paysage culturel de demain. C’est ma motivation profonde : assurer la transmission de ce patrimoine immatériel ».