Festival de Jazz à Ouaga Ouaga célèbre les cultures de symbiose à travers le jazz
Ouagadougou prépare la 15e édition de son Festival de Jazz avec comme thème : le rôle et la place du Jazz dans le dialogue des cultures.
Le Festival a été créé en 1992 à Ouagadougou, à l’initiative du directeur du Centre Culturel Français d’alors, Guy Maurette ; de Georges Méliès et d’un groupe de mordus de jazz. Sous l’égide de cette association, la première édition du Festival allait être organisée la même année au mois de février avec aussi bien des groupes locaux, africains, européens mais aussi américains. Le succès est vite acquis et le festival allait se tenir tous les ans, sur une à quatre semaines, entre février et Mars à raison d’un à deux concerts par semaine.
A partir 1995, la durée du festival est ramenée sur une semaine (7 à 10 jours) autour de la journée de la Francophonie, le 20 mars. En 1997, le Festival affiche son ambition de « démocratiser » le jazz et investit d’autres lieux comme le Zaka et le Wakatti Arts Café. Mais c’est l’édition 2000 du Festival qui consacre véritablement la décentralisation en proposant des concerts hors de Ouaga, à Bobo-Dioulasso (360 km) et à Koudougou (100 km).
Dans le monde de l’après onze septembre où la guerre fait encore rage en Iraq et en Afghanistan, où le terrorisme donne naissance au concept de « guerre globale », la question de la possibilité d’un dialogue interculturel se pose avec acuité. Léopold Sédar SENGHOR ne disait-il pas, déjà en 1993 que « toutes les cultures de tous les continents, races et nations sont, aujourd’hui, des cultures de symbiose, où les quatre facteurs fondamentaux que sont la sensibilité et la volonté, l’intuition et la discursion jouent, de plus en plus, des rôles équilibrés. » ? (in « Le Dialogue des Cultures », le Seuil, Paris)
Il semblerait que la réponse à cette question essentielle soit aujourd’hui plus que jamais un « oui » sans équivoque. Car il est plus que jamais nécessaire de continuer à rencontrer l’Autre, celui qui est différent, lui parler et partager avec lui, le connaître et se faire connaître de lui, afin de construire ensemble un monde moins cruel, plus ouvert et plus juste. Les innombrables foyers de tension ouverts à divers endroits du monde nous rappellent chaque jour que la violence ne peut qu’engendrer plus de violence. Nous sommes certes et heureusement différents, nous nous devons d’accepter nos différences pour enrichir et préserver la diversité du monde.
Le Festival Jazz à Ouaga vient, s’il en était besoin, nous convaincre que chaque culture puise à ses propres racines, mais ne s’épanouit qu’au contact des autres cultures. Il ne s’agit donc pas d’identifier et de préserver toutes les cultures prises isolément, mais au contraire de les revivifier afin d’éviter leur « ghettoïsation », de contrecarrer des dérives identitaires et de prévenir des conflits.
Ce dialogue des cultures revêt un sens nouveau, dans le cadre de la mondialisation et du contexte politique international que nous connaissons aujourd’hui. Il devient ainsi un outil indispensable pour assurer le maintien de la paix et de la cohésion du monde.
Pour cette 15e Edition, les promoteurs essaient de diversifier les genres musicaux à travers une programmation riche et variée. Plusieurs ensembles multiformes sont invités à participer aux activités d’échange, de partage et de brassage de sorte à démontrer que la musique en général et le Jazz en particulier peuvent être de puissants vecteurs de cohésion et jouent un rôle important dans le dialogue des cultures, gage d’un monde de paix et de justice.