FESPACO 2025 : L’objectif braqué sur les légendes du cinéma africain

Sous les flashes des photographes, les ombres des géants du 7ᵉ art africain ont repris vie le 23 février 2025. Dans l’enceinte du FESPACO à Ouagadougou, une exposition photographique dédiée aux pionniers du cinéma continental a transformé les murs en écrans de mémoire. Entre portraits iconiques et clichés rares, cet hommage, orchestré pour la 29ᵉ édition du festival, mélange héritage et futur, sous le regard croisé de diplomates, ministres et héritiers culturels.
Une soirée sous le signe de la diplomatie culturelle
Le vernissage a vu défiler un aréopage inédit. Autour des clichés de Sembène Ousmane ou Safi Faye, se pressaient Pegdwendé Gilbert Ouédraogo, ministre burkinabè de la Culture, et Khady Diène Gaye, son homologue sénégalaise. À leurs côtés, l’ambassadeur de l’UE Daniel Aristi Gaztelumendi et le représentant ivoirien Pr Hien Sié scellaient, par leur présence, une alliance transcontinentale. « Le FESPACO n’est pas qu’un festival, c’est un laboratoire vivant de la création continentale », glisse un attaché culturel dans le bourdonnement des conversations.
Cette convergence de délégations, du Burkina au Sénégal en passant par l’Europe, révèle un enjeu sous-jacent : faire du cinéma africain un pont entre générations et géographies. Les poignées de main échangées devant un portrait de Djibril Diop Mambéty en disent autant que les discours officiels.
Panthéon visuel des bâtisseurs d’imaginaires
L’exposition, conçue comme une galerie des héros discrets, capture l’essence d’un cinéma résistant. Ici, un jeune Ousmane Sembène pose devant sa première caméra. Là, Adama Drabo immortalise une scène de tournage sous un soleil de plomb. Chaque photo raconte une bataille : contre les stéréotypes, les contraintes budgétaires, ou l’oubli.
« Ces visages sont nos phares », confie une étudiante en cinéma venue de Dakar, smartphone en main pour scanner les QR codes narratifs. Le projet va au-delà de la nostalgie : les légendes côtoient des talents émergents, comme pour tisser une chaîne invisible entre les époques. Avec près de 80 œuvres exposées, le FESPACO réaffirme sa mission de gardien des mémoires et accélérateur d’ambitions.
En marge des salles obscures, ces murs lumineux rappellent une évidence : le cinéma africain ne se consomme pas, il se transmet. Preuve que les ombres du passé éclairent encore les écrans d’aujourd’hui.
Jonas Kouassi
Mots-clefs : culture africaine, FESPACO 2025