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77e Festival d’Avignon: Une minute de silence et un hommage à Nahel

Alexandre Martin | | Evènements
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© Fournis par franceinfo

Le 77e Festival d’Avignon, l’une des plus grandes manifestations théâtrales mondiales, a débuté mercredi soir avec une mise en scène transformant la Cour d’honneur en centre social, suivi d’une minute de silence en hommage à Nahel, l’adolescent tragiquement tué par un policier, un événement qui a déclenché une vague de violences en France. Cette minute de silence a été demandée par la metteuse en scène Julie Deliquet, qui est également directrice d’un théâtre situé en Seine-Saint-Denis, le département le plus pauvre de France.

Pour sa première édition en tant que directeur du Festival, Tiago Rodrigues, originaire du Portugal, a choisi d’ouvrir l’événement avec « Welfare », un spectacle à caractère social. Il s’agit d’une adaptation du documentaire de Frederick Wiseman mettant en lumière « 15 héros anonymes pendant une journée dans un centre d’aide sociale à New York », explique-t-il.

Ce documentaire, filmé il y a 50 ans, aborde des histoires qui résonnent malheureusement encore aujourd’hui, traitant des relations entre les plus vulnérables et l’État, tout en trouvant une richesse dans la comédie humaine.

Pour l’occasion, la Cour d’honneur a été transformée en centre d’aide sociale, avec un terrain de basket au milieu, des banquettes, des armoires et des matelas tout autour. En début de journée, de nombreux touristes et festivaliers ont afflué dans la Cité des papes, créant une ambiance bon enfant. Chaque mois de juillet, Avignon se métamorphose en ville-théâtre, partagée entre le festival officiel « in » et le « off », le plus grand marché du spectacle vivant en France.

« Construire des ponts »

Un autre spectacle d’ouverture a été présenté : « G.R.O.O.V.E » de Bintou Dembélé, pionnière du hip-hop en France, qui a organisé une déambulation dansante. Le nouveau directeur de l’événement a décidé d’inviter chaque année une langue différente, et pour cette édition, l’anglais est mis à l’honneur en réponse au Brexit. « À un moment où des remparts sont construits pour nous éloigner de nos amis britanniques, on doit construire des ponts. C’est une sorte de diplomatie culturelle », déclare-t-il.

Avant même le début du festival, le Portugais a dû faire face à deux surprises désagréables : l’annulation d’un spectacle très attendu et les coûts élevés de la réouverture d’un lieu mythique du festival, la Carrière de Boulbon, située à une quinzaine de kilomètres d’Avignon.

Le spectacle « Les Emigrants » de Krystian Lupa, maître du théâtre polonais et coproduit par le festival, a été annulé il y a quelques mois par la Comédie de Genève, où la première devait avoir lieu, en raison de conflits entre le metteur en scène, accusé de comportements abusifs, et l’équipe technique. Il a été remplacé par une pièce de Tiago Rodrigues lui-même. Le directeur explique : « Ne pas le remplacer aurait représenté pour le Festival d’Avignon un dommage financier de plus de 300 000 euros », explique-t-il.

« Je ne pouvais demander à des artistes, notamment émergents, de remplacer un spectacle au dernier moment à l’Opéra Grand Avignon (700 places). Ça aurait été une énorme prise de risque et très irresponsable ». Il affirme ne pas avoir suffisamment de recul sur « cet épisode malheureux », tout en précisant que « quel que soit le talent, la violence ne peut être justifiée ».

Le deuxième défi auquel il a été confronté concerne la Carrière de Boulbon, utilisée pour la première fois en 1985 pour « Le Mahabharata » de Peter Brook et pour la dernière fois en 2016. Cette année, Philippe Quesne y présentera « Le Jardin des délices », inspiré du tableau de Jérôme Bosch. En raison des risques d’incendie après les feux de l’été dernier dans la région, le coût de sécurisation du site, initialement estimé à 350 000 euros, s’est élevé à 250 000 euros supplémentaires. Le lieu est désormais entièrement sécurisé.

En termes de sécurité, cette édition, qui débute après plusieurs jours de violences urbaines en France, a été renforcée avec des unités de forces mobiles, des zones piétonnes, des contrôles d’identité aléatoires dans l’espace public, ainsi que des patrouilles pédestres et à vélo.

Le Festival d’Avignon se déroulera jusqu’au 25 juillet, avec une programmation de plus de 40 lieux (présentant 44 spectacles) à la fois dans la ville et en dehors, tandis que le « off » comptera 140 lieux et accueillera près de 1200 compagnies.

Alexandre Martin

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