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Immixtion et Censure, la RTB dit non

Saxum Willy | | Edito

Rtb Burkina

A tous ceux qui sont intimidés et troublés, préservant leur salaire et enterrant leur utilité, il n’est pas trop tard pour se reprendre. Une gorgée de dignité vient de pleuvoir à nouveau du côté du Burkina.

Victimes de censures répétées, les medias publics africains sont doublement hantés par l’autocensure. Traumatisés, ils anticipent la chicotte du maître ou restent dociles comme de jolis chiots après le grondement d’une personnalité.

Au point que, travailler dans un media public s’apparente à un esclavage dont les bourreaux sont des autorités nationales payées par le contribuable.

Les cas sont légions et cette prison professionnelle légitimée par les medias traditionnels, motive les persécuteurs à sévir sur internet. Il faut que cela cesse !

Le Burkina Faso pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, voisin à la Côte d’Ivoire où la censure et les limogeages restent ancrés dans les consciences comme l’étendue de sa mer, vient dire « non ».

La rédaction de la RTB (Radio Télévision du Burkina) n’a pas hésité, à présenter les faits de sa torture devant les téléspectateurs. Et pourtant, un tel sens de l’éthique et du service public devient rarissime en Afrique francophone. Les cas récents de menaces de journalistes au Togo, au Congo, voire de disparition au Mali l’attestent.

Battue en brèche, l’émission « Sur la Brèche », animée par Jérémi Sié Koulibaly, devait recevoir Tahirou Barry, ministre démissionnaire de la Culture. Cependant, cette programmation a été jugée gênante par le ministre de la communication, Rémis Fulgance Dandjinou.

«A l’issue d’une rencontre tenue entre les journalistes de la rédaction et la hiérarchie, le directeur de la télévision, Monsieur Yakouba Bonkoungou a avoué avoir reçu des injonctions du ministre de la Communication, Monsieur Rémis Fulgance Dandjinou de ne pas recevoir Monsieur Tahirou Barry pour les raisons suivantes: la prise de fonction du nouveau ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme; l’interview que le Président du Faso (Roch Marc Christian Kaboré) devait accorder à TV5 et la situation nationale» soutient un document de la rédaction.

Quel déshonneur pour ce genre d’autorités administratives ! La démission reste leur unique salut.

Cette privation de liberté augure toujours de plus gros dégâts quand rien n’est fait. C’est pourquoi ce communiqué de la Rédaction de la télévision RTB est courageux, louable et nécessaire. Ce média pose les pions sur la table, et sort des couloirs macabres pour impulser l’Etat responsable dans toutes ses composantes.

«La rédaction condamne cette immixtion inacceptable qui porte atteinte à la liberté d’informer, au principe de service public qui garantit aux citoyens l’accès équitable aux médias publics et expose les journalistes à la vindicte populaire, en dépit des saccages que les locaux de la RTB ont subis en octobre 2014», déplore la RTB.

En effet, avec des hommes qui osent, l’impossible espérance devient une réalité triviale. Le peuple l’a fait en éjectant Blaise Compaoré qui visait le fauteuil présidentiel à vie et à tout prix.

Mots contre maux et foi contre asservissement, les travailleurs des médias africains peuvent jouer leur rôle, car les attentes à leur endroit sont importantes, éminentes et urgentes.

 

Saxum