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Bye bye Sarko

Firmin Koto | | Edito

Koto 2012 Petit
Les électeurs français viennent de le décider : Nicolas Sarkozy ne sera pas prochain président de la 5e puissance mondiale. Celui qui avait reçu, en grandes pompes, à l’Elysée, le guide lybien, « ce grand ami de la France » dès après son élection en 2007. Et qui par la suite avait conduit la croisade qui devait aboutir à l’assassinat de Kadhafi, l’ami d’hier. Celui qui avait donné l’ordre à l’armée française de bombarder Laurent Gbagbo en mars 2011, en Côte d’Ivoire, pour le déloger au prix de nombreux morts dans le camp des populations civiles…

Il croyait, depuis son bunker élyséen, que les Français étaient des gentils supporters de la Star Ac politique, prêts à applaudir la moindre sortie du génie de la com. Ce Président si sûr de lui était en fait un homme surprotégé, vivant dans une bulle. Il gambadait dans un monde virtuel, sûr de sa toute-puissance, entouré de courtisans mielleux. La Cour lui répétait que son inimitable talent télévisuel allait balayer les derniers doutes.

Or, ce Président, dorloté par un entourage timoré, ne connaissait la France qu’à travers des réunions calibrées au millimètre pour que jamais le moindre son hostile ne parvienne à ses oreilles. Une France rêvée, avec cordons de CRS, préfets tremblant de peur, salles à huis clos. Le contraire de la rue. Ah, la rue ! L’esprit de la Commune, comme dirait Jean-Luc Mélenchon. Avec son côté fourmillant, gouailleux, populaire, où les invectives et les acclamations se télescopent dans un joyeux brouhaha.

Ce prince du CAC 40, lui, n‘avait droit qu’à une seule musique, celle de sa propre voix, cette voix qu’il allait chercher dans les graves, pour faire Président et donner le sentiment qu’il maîtrisait son sujet… Mais, hélas, pas « ses sujets ». C’est qui ces Français qui braillent, découvre-t-il, dans les venelles de Bayonne ? Mais d’où sortent-ils ? Ils n’étaient donc pas des « invisibles », des « assistés », des planqués ? Personne ne lui avait avoué que ces Français en colère, très majoritaires dans le pays, étaient des êtres de chair et de sang, vociférant leur rejet sans ménagement pour la fonction présidentielle. Le roi, brutalement réveillé par ce chahut basque, a perdu les pédales et accusé François Hollande de préparer « l’épuration ». Pourquoi pas aussi la déportation ? Ce pétage de plombs d’un candidat toujours en poste à l’Elysée est révélateur de l’électrochoc qu’il vient de subir.

Terrible constat : il ne connaît plus le pays qu’il dirige. Ses thuriféraires l’avaient tellement noyé sous un onguent de flatteries en tout genres qu’il avait négligé l’incroyable impopularité qui le touche. L’incident de Bayonne ne va sans doute pas se reproduire. Finis les petits bains de foule. Nicolas Sarkozy ne va plus jouer les promeneurs solitaires, les présidents accessibles, à la scandinave, allant à la rencontre du bon peuple. Les risques sont désormais trop grands.

Il voulait reprendre le chemin du one man show, de l’estrade télévisuelle, des escouades de gardes du corps, de meetings plus verrouillés qu’un coffre-fort suisse, et de son cortège de flatteurs qui continueront de lui tendre le miroir de la France forte, sans syndicats, sans socialistes, sans Basques, sans SDF. Un pays sorti tout droit de l’imaginaire du parvis de la Défense, dans les Hauts-de-Seine, son fief, son ADN, où vivent les gens de la tribu du CAC 40. C’est quoi, ces compatriotes, ces Français qui se qu’il n’a pas arrêté de bombarder par ses shows télévisés, cadrés, formatés, sous contrôle… ont fait le vote du changement d’air. Car le vrai problème de Nicolas, a toujours été et reste Sarkozy. C’est pourquoi les africains, ses victimes préférées, n’ont pas pour une fois hésité à se joindre aux français pour dire « Bye bye Sarko ! ».

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