L’héritage politique de Laurent Gbagbo ne se transmet ni par décret, ni par lien de sang, ni même par possession d’un titre de parti. Il se gagne. Dans la rue, dans les prisons, dans l’exil, dans la fidélité aux idées et surtout dans la capacité à rassembler.
Le débat lancé est moins une question de personnes qu’un aveu collectif : le camp Gbagbo cherche encore son boussole. Chacun revendique un morceau du combat – la légitimité historique, la proximité personnelle, le sacrifice judiciaire, la force militante ou l’ancrage institutionnel – mais personne ne semble détenir à lui seul l’héritage total.
L’héritage de Gbagbo n’est pas une succession privée : c’est un patrimoine populaire. Il ne peut être confisqué par un clan, un nom ou une nostalgie. Il appartient d’abord aux militants anonymes qui ont payé le prix du combat : les exilés oubliés, les détenus libérés, les familles meurtries, les jeunes toujours en quête d’un avenir juste.
La véritable relève ne sera pas celle d’un héritier proclamé, mais celle d’un leader légitime, reconnu pour sa constance, son courage politique et sa capacité à unir au-delà des querelles internes.
Aujourd’hui, la dispersion des figures du camp Gbagbo affaiblit la lutte. À force de rivalités silencieuses et de calculs personnels, ce qui devrait être un mouvement populaire devient un archipel de positions concurrentes. L’histoire a pourtant montré ceci : la division profite toujours à l’adversaire.
Si l’héritage de Gbagbo doit survivre, il doit sortir des cercles fermés pour redevenir ce qu’il fut à son origine : une énergie collective orientée vers la justice, la souveraineté et la dignité du peuple ivoirien.
Le temps n’est plus aux désignations symboliques. Il est au rassemblement.
Car on n’hérite pas d’une lutte :
on la continue, ou on la trahit.
Firmin Koto