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Souleymane Sanogo, danseur contemporain : « La danse ou le chaos »

Corinne Binesti | | Danses
Danse 600

Souleymane Sanogo, alias Solo est reconnu comme un danseur contemporain avéré. © Crédit Photo: Corinne Binesti

A 30 ans, Souleymane Sanogo, alias Solo est reconnu comme un danseur contemporain avéré, issu des écoles de danse à renommée internationale. Repéré lors d’une audition par l’une des écoles chorégraphiques les plus sélectives du monde (PARTS), à Bruxelles (Belgique), où il s’est en partie formé, son histoire singulière marqué par la violence de la rue et la misère ne le destinait pas aux savoirs sophistiqués de cet art.

Enfant des rues à Bamako, Solo a connu la peur et la faim et quelques petits « boulots » : « je vendais de l’eau potable dans des sachets en plastique, je portais les valises et je dormais par terre. C’était très dur », raconte le danseur. C’est dans un petit village à 650 kilomètres au nord de Bamako que Solo grandit. A huit ans, sa mère le confia à sa grand-mère. L’enfant ne va pas à l ‘école et se cantonne aux durs travaux des champs et aide au ménage. Au décès de cette « mamie » aimante, à 15 ans, Solo subit la dureté de son oncle : « Lorsque je sortais avec mes amis et que je rentrais tard, il me battait. J’étais souvent blessé. Pourtant, il ne cherchait pas à me faire du mal. C’était sa façon à lui de m’éduquer. Sauf que moi je ne pouvais l’accepter et je n’avais qu’une envie : partir »., dit-il.

L’adolescent décide de s’enfuir pour Bamako. Il voyagera pendant 650 kilomètres seul et sans argent jusqu’à la capitale. « Au départ, je ne m’imaginais pas vivre dans la rue. Je pensais que j’allais pouvoir travailler et économiser », explique-t-il. Très vite le jeune Solo découvre un monde sans pitié où se côtoient des forts et des faibles. La nuit, il dort sur des cartons ou dans les marchés.

 

Danse et Liberté, un besoin vital

Un soir un rappeur guinéen lui dit qu’il existe un lieu à Bamako où une femme propose aux jeunes en difficultés d’apprendre à danser. Avec en plus la possibilité d’être payé 1,50 euro par jour. Solo pousse les portes de l’Espace, un centre de danse et de chorégraphie. Après son premier cours, la danse ne le lâchera plus. Pendant 9 ans, il reste un élève rigoureux et se confronte au cadre et à la discipline de cet art.

Repéré par divers chorégraphes, Solo intègre en 2012 l’une des plus illustres écoles de danse contemporaine PARTS, située à Bruxelles. Trois années de formation aux côtés des plus grands chorégraphes et professeurs, comme Anne Teresa De Keersmaeker. Puis il collabore à divers projets et créations et rejoint des compagnies maliennes comme Copier-Coller ou encore celle de BlonBa, créée à Bamako par Jean-Louis Sago-Duvauroux et Alioune Ifra Ndiaye.

Ce sera là aussi, une rencontre déterminante. Solo raconte son histoire à Jean-Louis Sago-Duvauroux. L’écrivain-dramaturge décide d’écrire les mots de Solo à travers un texte « la danse ou le Chao » et d’en faire une création dansée.

La représentation voit le jour pour la première fois à l’Arlequin. C’est un grand succès. « La danse a été la voie qui a donné sens à son existence », explique l’auteur. Tidiani Ndiaye danseur et chorégraphe fondateur de la compagnie Copier-Coller et du festival BAM au Mali a chorégraphié cette création : « Avec Solo, cela fait dix ans qu’on se connait. On a fait la même école de danse au Mali. On n’a pas besoin de se parler pour se comprendre ». « La danse ou le chaos » revient le 22 février prochain à l’Arlequin dans le cadre du mois de BlonBa et dans les prochains mois, Solo s ‘envole en Inde danser sa vie.

 

Corinne Binesti