MAÏMOUNA COULIBALY (Professeur de danse) : « Danser, c’est quelque chose de vital ! »
Maïmouna Coulibaly n’est plus une femme à présenter. On la connaissait en tant qu’Animatrice sur Trace TV, une chaîne musicale dédiée aux musiques et aux cultures urbaines diffusée 24h/24 et 7j/7 sur tous les supports de distribution numérique (câble, satellite, DSL, mobile, internet…) dans plus de 130 pays. Son émission phare « Africa » dans laquelle elle recevait de nombreuses stars africaines du monde musical ainsi que ses nombreuses apparitions dans des émissions de Télé telles que « Le Grand Journal » sur Canal+, « Attention à la marche » sur TF1 ou « On n’est pas couché » chez Ruquier sur France 2 lui ont valu une certaine notoriété.
Aujourd’hui, consacrée à ses cours de danses qu’elle donne presque partout dans la France et dans certaines villes européennes dont Stockholm (Suède), la jeune fille des cités s’apprête à s’envoler avec son groupe de danse « Les Ambianceuses » pour les Etats-Unis. Ce sera ce mois de septembre 2009 à San Francisco pour une série de spectacles. 100%Culture l’a rencontrée. Interview !
Bonjour Maïmouna, alors comment vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour ! Je suis professeur de danses africaines urbaines : Ndombolo, Coupé décalé, Ragga dance hall, Kuduro. Je suis également danseuse, chorégraphe, comédienne et metteur en scène. J’ai été animatrice télé aussi, et voilà !
Avec toutes ces cordes que vous avez à votre arc, comment voulez qu’on vous identifie ?
C’est assez compliqué puisque c’est tout à la fois. Ça ne peut pas être une seule chose et pour cela on va dire l’artiste.
Vous préférez le terme d’artiste alors ?
Pour résumer, oui ! Si on part dans les détails de tout ce que j’ai énuméré plus haut.
Alors comment êtes-vous arrivée à la danse ?
J’ai commencé la danse quand j’avais 13 ans. Depuis toute petite j’ai toujours voulu faire la danse mais mes parents n’ont pas voulu. En fait, ils n’avaient pas les moyens de m’inscrire dans une école de danse avec 10 enfants en charge. Mes parents n’avaient donc pas les moyens d’offrir des activités à chaque personne. J’ai donc dû attendre jusqu’à l’âge de 13 ans dans ma cité où les gens nous proposaient des cours de danse. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé. Avec mes sœurs, dans notre chambre nous créions des chorégraphies à partir de ces cours de danse.
Et pour les danses africaines ?
Pour la danse africaine, il y avait un jeune homme dans la cité qui imitait Koffi Olomidé en Play Back et, lui, nous apprenait la chorégraphie. C’est de là j’ai commencé à apprendre le Soukouss. Et puis après j’ai décidé d’apprendre les danses traditionnelles sénégalaises et suis restée dans cet univers de danses africaines urbaines comme le Ndombolo et le coupé décalé qui est né un peu plus tard.
Mais pourquoi ce choix de danses africaines et puis, sans indiscrétion, de quel pays d’Afrique êtes-vous originaire ?
Je suis d’origine malienne, je suis née et j’ai grandi en France. Donc je n’ai pas trop grande chose au Mali à part ce que mes parents m’ont appris. Aussi, je ne parle pas très bien ma langue qui est le soninké. Je la parlais quand j’étais petite mais là je l’ai perdu. Pour le choix de la danse africaine, je pourrais dire que c’est une revendication d’identité parce qu’étant une Africaine née en France et ne parlant pas ma langue d’origine [maternelle], je pense que c’était un besoin de retrouver ma langue, ma culture noire, ma culture africaine et de montrer qui je suis, c’est-à-dire la fille black du quartier, de la cité quoi. Et puis quand je danse les danses africaines urbaines et modernes, j’ai l’impression que cela me parle et je me sens plus à l’aise par rapport aux danses africaines traditionnelles.
Pensez-vous que l’enseignement de ces danses africaines fait que celles-ci sont connues et reconnues en Europe et notamment en France ?
Bah oui ! Elles sont connues ici. Moi, je les enseigne à Paris, en province à Nice, Marseille, Toulouse. En fait, on me fait des demandes un peu partout même en Europe. Je pense que c’est ce qui a popularisé ces danses… Là, je suis à mon troisième DVD qui est « Coupé Décalicious » après « Ndombolo Fever » et « Ragga dance Fever ».
Comment arrivez-vous à maitriser les différents pas de danses ivoiriennes mis en enseignement dans le dernier DVD ?
Seulement et simplement en regardant les clips ivoiriens sur les supports DVD ou sur Youtube.
Avez-vous déjà effectué un voyage en Côte d’Ivoire pour apprendre encore mieux ces différents pas de danse ?
Non, malheureusement ! Je n’ai jamais eu cette occasion.
Pensez-vous que quelqu’un qui ne connait rien de la danse africaine peut maîtriser les différents pas de danse illustrés dans le DVD en quelques jours ?
Pas vraiment, mais si la personne pratique le DVD régulièrement elle peut les maitriser au bout de quelques semaines. En tout cas, la personne peut connaitre les pas de base, mais il faudrait qu’elle aille sur internet pour voir un tout petit peu comment dansent les autres, c’est-à-dire les créateurs de ces pas de danse. En fait, moi ce que j’aime dans ces danses-là, c’est que chacun peut y mettre son propre style car il n’y a pas une seule façon de danser.
Dites-nous, à quoi répond le titre « Coupé Décalicious » de votre DVD ?
C’était juste le rendre un peu universel. Et puis « Décalicious » c’est la déformation de « delicious » pour dire délicieux et le « cious » pour moi c’est pour montrer le côté sexy et sensuel d’une fille qui danse le coupé décalé.
Vos rapports avec les différents créateurs de danses ivoiriennes dans l’apprentissage de ces danses ?
Très cool. Quand il y a un échange qui doit se faire, ils sont toujours là!!
Et avec certains membres de la Jet Set que sont Lino Versace, Molare et Serge 2 Fallet que vous côtoyez certainement et qui sont intervenus dans le DVD ?
Pas trop de rapports, mais c’est assez hasardeux de se rencontrer sur une scène. On se connait, mais on a vraiment chacun une différente approche du coupé décalé. Eux, ils sont plus dans le délire, le farot (la frime, ndlr), le boucan alors que moi je suis plus dans le côté danse et je ne chante pas non plus. Et puis, je n’aime pas trop leur côté « 3 C » : Cigare, Champagne, Caviar. Pour moi ce sont des choses qui desservent un peu trop le coupé décalé.
Mais vous oubliez que c’est cette approche que valorise Douk Saga, le créateur de cette danse ?
Mais oui ! Lui, il avait de la classe et il avait une petite distance des autres qui faisait qu’il savait trouver le ton juste. Alors que les autres, j’ai fait un plateau télé avec eux et j’ai trouvé qu’ils en font un peu trop avec un cigare comme ça (elle mesure la taille exagérée du cigare par ses mains, ndlr) et ils se la pètent un peu trop. Les Français qui ne connaissent rien du tout du coupé décalé, ils se demandent : « qu’est-ce que ces gens-là ? », c’est le délire en fait ! Et puis moi le retour que j’ai eu des gens qui ne connaissent pas vraiment le coupé décalé, ça ne les a pas attirés du tout et c’est pourquoi j’ai décidé d’enseigner cette danse autrement sans trop mettre l’accent sur le boucan et le côté frime.
En fait, c’est quoi danser pour vous ?
Danser pour moi c’est exprimer tout ce qu’on ne peut pas dire avec la bouche et la tête. C’est important ! Et puis, je pense que la danse doit être obligatoire depuis la maternelle partout dans le monde parce que c’est quelque chose vraiment de vital car il y a des filles qui viennent à moitié déprimées et qui repartent en pleine forme, en ayant la pêche.
Vous avez été animatrice sur une chaîne de télévision et maintenant danseuse. Comment s’est faite cette reconversion ?
J’ai toujours été danseuse à la base et c’est de là que je suis allée à télé. A Trace TV, franchement, ça a été génial ! C’était super ! J’y ai passé un an et demi et j’ai rencontré toutes les stars africaines que je voulais rencontrer et pratiquement à la fin de chaque émission, je présentais un petit pas de danse de Ndombolo ou de Coupé décalé. Au niveau des choix de clips, j’essayais de mettre des trucs qui bougent, des nouveautés, etc.…
Alors pourquoi êtes-vous partie de cette chaîne de télévision ?
Simplement parce que j’avais envie de partir et puis la danse a aussi pris le dessus.
Enfin vos activités pour ces vacances ?
Alors là j’ai fini mon programme de juillet et je prépare en ce moment un voyage aux Etats-Unis pour jouer ma pièce « Hééé Mariamou » avec mon groupe Les Ambianceuses. Cela se passera à San Francisco du 25 au 27 septembre 2009.