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Interview Wêrê-Wêrê-Liking, Fondatrice du village KIYI M’Bock

Didier Kore | | Danses

Were Were Portrait

Wêrê-Wêrê-Liking, artiste multidisciplinaire soutient à bras le corps la première édition de Abidjan Art Festival, une plateforme qui rassemble les artistes peintres, sculpteurs, designers, infographistes…d’ici et d’ailleurs. En prélude à cet événement qui se déroulera une semaine durant au mois de septembre, la doyenne de l’art ivoirien donne son avis et explique l’intérêt de la création de telles initiatives. Interview.

« Abidjan Art Festival, vue son niveau apportera beaucoup aux artistes »

Il est toujours bon de le rappeler, depuis combien d’année êtes-vous dans le domaine artistique ?

Ça va faire beaucoup d’années on va dire. Très bientôt, ça fera 50 ans.

Le domaine artistique étant assez vaste, dans quel domaine excelle le mieux Wêrê-Wêrê Liking ?

Ah…moi je suis une artiste polyvalente. Je suis écrivaine, peintre, metteur en scène, actrice, je suis polyvalente sur la scène, c’est-à-dire que je peux interpréter des rôles comme la chanson… je suis donc dans le domaine qu’on appelle aujourd’hui les arts-vivants. Je suis aussi bien sur les arts littéraires que sur les arts plastiques et visuels. Je travaille beaucoup ces trois domaines.

L’idée de la création de ce village est venue d’où ?

J’ai créé cette école pour concourir et promouvoir la profession de l’art d’une manière générale. Car, ce qui empêche la profession de s’exercer, c’est le manque d’espaces et d’infrastructures. Il fallait des infrastructures, malheureusement au lieu qu’il en existe de multiple, tout tend à diminuer avec la crise.

Est-il facile d’être artiste en Afrique, et particulièrement en Côte d’Ivoire ?

Rien n’est facile dans ce monde. Tout pourrait être facile pour certain si l’on a décidé déjà de faire certaines choses en éliminant d’autres, bien évidemment. Tout est difficile parce que tout demande du temps, et nous ne sommes pas les maîtres du temps. C’est grâce à Dieu que nous voyons le jour, l’inspiration et les opportunités. En Afrique, être artiste est particulièrement difficile parce qu’il n’y a pas assez d’infrastructures. En Côte d’Ivoire c’est cette année enfin qu’une loi sur la politique culturelle sera votée plus de 50 ans après les indépendances. Dieu merci, comme je vous le disais, le temps est à la tête de toutes les choses.

Quelles importances accordez-vous à la création de manifestations culturelles ?

Je pense que cela participe de la professionnalisation de la profession. Vous savez, c’est comme si l’on vous disait qu’il existait un seul marché. C’est clair que tout le monde ne pourra pas aller à ce seul marché parce qu’il sera trop loin pour certains et assez proche pour d’autres. Et puis en plus, il n’y aurait pas suffisamment d’offres. Ce qui permet la professionnalisation, c’est une grande offre. Il faut encore pour que cela soit possible, des infrastructures, il faut une organisation autour pour créer les conditions, il faut trouver les financements etc. Les événements que nous essayons d’organiser sont des opportunités que nous offrons aux uns et aux autres pour permettre la professionnalisation.

Créer des manifestions culturelles de grande envergure est vraiment important, car cela permet aux artiste d’avoir des échéances. Vous savez, quand un artiste travaille sans avoir des perspectives, s’il ne sait pas s’il pourra réaliser une création, et où est ce qu’il pourra la montrer, le temps qu’il faudra pour le faire, les conditions de cette mise en diffusion…C’est pourquoi toutes les opportunités qui se créent sont importantes pour les artistes. Et moi, je suis toujours derrière pour soutenir.

Quels sont les deux derniers événements culturels que vous avez mis sur pieds ?

Pendant le MASA, nous avons mis sur pieds notre biennale qui a permis à tous les jeunes de présenter leurs créations, surtout les jeunes que le KIYI a formé. C’est une plateforme pour eux, mais aussi pour ceux que nous soutenons et encadrons à droite et à gauche de pouvoir eux aussi présenter leurs créations aux acheteurs du Marché des Arts du Spectacle Africain par exemple. Dans le cadre de l’ASCAD, nous avons créé à la fin de l’année dernière « Les premières journées théâtrales de l’ASCAD ». Cela nous a permis de réaliser un document de recherche sur le théâtre ces dix dernières années. Voilà un peu ce que nous avons pu faire ces derniers temps. A côté de tout cela, nous soutenons d’autres événements qui se déroulent à droite et à gauche et ceux qui sont en perspectives comme Abidjan Art Festival.

Justement, que pensez-vous de cette initiative ?

Oui, je suis avec quelques uns des organisateurs, notamment avec celle de l’Association des arts plastiques dont je suis une sympathisante. Vous savez, quand c’est l’Etat qui organise ce genre d’événement, cela ne dure pas dans le temps. Il faut que ce soit la société civile qui le fasse. Une initiative comme Abidjan Art Festival sera une première, même si je n’aime pas trop ce terme, parce qu’il y a plein d’autres petites initiatives à côté qui gravitent autour comme les :« Guyzagn » pour les jeunes, « La BICICI amis des Arts »… qui rassemblent un peu de tout. Mais le niveau de Abidjan Art Festival va apporter beaucoup aux artistes.

Quelle sera votre contribution à ce festival ?

D’abord le village KIYI a accepté d’être le village du festival, car d’ici là nous espérons que l’échangeur de la Riviera II sera complètement ouvert pour que le village soit plus accessible au public. Ça va aussi être la rentrée du Ki-Yi, nous pensons que ce sera une bonne chose. Et puis, moi-même en tant qu’artiste, je prévois de faire une exposition individuelle, en plus de participer à des expositions de groupe sur plusieurs plateformes dans différentes galeries. Donc je suis impliquée dans ce festival à plusieurs niveaux.

Un mot de fin

Je voudrais prier pour aider tous les acteurs culturels à se mettre ensemble. Car, c’est ensemble que nous pourrons relever de grands défis. On ne pourra pas dire que ceci est de trop, ou que cela n’est pas assez important. Je crois que plus nous participerons solidairement à des événements, plus les arts seront bénéficiaires à tous.

Réalisée par Didier Koré