Georges Momboye: «La danse, je l’ai dans la peau depuis l’âge de 5 ans »
Loin des spots light qui riment sa vie et son quotidien du fait d’être un chorégraphe-danseur interplanétaire, l’Ivoirien Georges Momboye, le temps d’un entretien nous a ouvert ses bureaux sis à Angré (Abidjan) 7ème tranche. Visage défait, tenue décontractée, ce génie des scènes internationales nous a replongé dans son passé, tout en ouvrant bien évidemment une lucarne sur son avenir. Interview.
Comment s’est faite votre rencontre avec la danse et la chorégraphie qui font aujourd’hui de vous un personnage incontournable dans ce domaine ?
Merci pour cette opportunité que vous me donnez de m’exprimer à travers votre canal. Bien, sachez que ma rencontre avec la danse s’est faite très tôt. C’est-à-dire depuis l’âge de 5 ans. L’initiation s’est faite de 5 ans jusqu’à 13 ans. A l’époque, mon père était un ingénieur en bâtiment, on les appelait maître-maçon. En dehors de ses heures de travail, il animait un peu la galerie coloniale. Le soir venu, il s’exhibait devant eux. Pour contrecarrer tout l’univers des masques. Mon père s’est converti à l’islam. Ce, pour ne pas rentrer dans le côté fétichiste des masques. Mais, la tradition voulait qu’il donne à un de ses enfants, mais comme je suis né avec beaucoup de malformation, je crois que j’ai été sacrifié. Et c’est ainsi que je suis rentré au bois sacré. Là-bas, j’ai découvert l’amour de la musique et de la danse. Voilà un peu comment s’est faite cette rencontre avec l’art.
Chorégraphe, danseur, aujourd’hui âgé de 42 ans. L’on a l’impression que Georges Momboye ne communique pas trop sur sa personne et ses activités en Côté d’Ivoire et en Afrique. Est-ce un choix délibéré ?
Non, pas du tout, ce n’est pas un choix délibéré. Je pense seulement que tous les artistes comme moi préparent leur retour vers l’Afrique. Je pense que lorsque nos ministères de tutelle auront de vrais ministres de la culture, des ministres qui savent de quoi ils parlent, alors l’on fera notre retour. Moi je ne veux pas revenir m’asseoir en face d’un cousin ou d’une cousine du président pour parler de l’art et de la culture. Franchement, je pense qu’on ne parlera pas le même langage. Je suis désolé, mais je suis très très regardant sur ce sujet. C’est bien peut-être pour cela que d’autres gens comme moi, mettent du temps à revenir. Je pense qu’il est temps de braver tout cela, pour que soient entendues nos exigences. Mais ceci dit, il n’est jamais trop tard. C’est bien aussi pour cela que je suis en Côte d’Ivoire aujourd’hui, pour faire face à tout ce mur et rencontrer des personnes aguerris aux choses de l’art. Il faut que cette vision soit élargie.
Le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire, le dernier mondial en Afrique du Sud, le récent festival des arts nègres au Sénégal etc.…ont connus votre participation. Est-ce à dire que vous êtes seulement abonné aux grands rendez-vous culturels ?
Oui et non ! Mais ce qui est important, c’est que j’ai toujours animé une curiosité depuis mon village. Du village, je me suis retrouvé à Man, et de Man, je me suis retrouvé à Abidjan. D’Abidjan, j’ai eu à sillonner un peu toute la Côte d’Ivoire. C’est après cela que je suis allé un peu partout en Afrique pour rencontrer d’autres danses. Mon ambition était toujours d’aller là où se trouvent toujours une voix, une naissance d’une vie nouvelle. Là où il y a une opportunité de rencontre. Quand je suis parti de la Côte d’Ivoire, direction les Etats-Unis, durant quatre (4) ans, mon ambition était de rentrer dans les plus grandes écoles de danses et de formation de cinéma. Je suis même parti à Hollywood, à Los Angeles. J’avais rien à faire mais j’y suis allé me promener pour voir comment les choses fonctionnaient là-bas. C’est à partir de là que les choses sont venues de manière naturelle. Du coup, après ma formation aux Etats-Unis, je me suis retrouvé en Russie et en Chine pour apprendre auprès des grands chorégraphes qui avaient ces techniques de la gérance des masses, des populations. Chinois et Russes sont passés maîtres dans ces techniques. Et aujourd’hui, j’avoue que je prends du plaisir à le faire parce qu’ils m’ont transmis cette technique.
Votre inspiration, d’où la tirez-vous pour réaliser des fresques aussi pharaoniques ?
Mon inspiration vient tout d’abord de mon petit village natal Kouibly. Kouibly parce que ce nom est très étrange. Il signifie « le village des blancs ». Il paraît que ce village était l’un des premiers camps des colons à l’époque, bizarre on ne sait pas pourquoi. Mais ce qui est encore plus étrange, c’est que je ne suis pas de Kouibly, je suis plutôt de Taably. Et là, c’est le village maternel de mon père. J’y suis né, donc j’ai été nourri de tout l’amour. Mon inspiration vient de ce petit bled, mais, elle vient aussi de ma curiosité, de l’amour de l’autre. Je suis vraiment à l’écoute des autres et c’est très important.
Pour coller à votre actualité, vous organisez très bientôt un concours dénommé Miss des Miss pour le cinquantenaire, à quoi cela répond-il ?
(Rires). C’est une organisation qui se déroulera entre Dakar et Bamako. L’on m’a proposé d’en être le directeur artistique. Quant on parle de l’art, on fait allusion à l’Afrique et aussi à la beauté. Et pour moi, ce concours va combler un vide parce que chaque pays a fêté en grande pompe le cinquantième anniversaire de son indépendance de son côté mais nous n’avons pas pu voir des initiatives fédérant de manière plus accrue nos populations. C’est pourquoi nous avons pensé que dans un élan de solidarité et de fraternité africaines, qu’il était opportun de lancer une initiative qui, dans un même endroit, mettra en avant, tout en alliant notre beauté légendaire, notre culture, nos valeurs, et exultera en chœur l’expression talentueuse de nos créateurs.