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« Timbuktu » : Un film iconoclaste à la conquête d’un César Africain

Firmin Koto | | Cinéma
Ph. negronews.fr

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« Timbuktu », le film iconoclaste exécuté magistralement par le réalisateur Abderrahmane Sissako, raconte la vie quotidienne à Tombouctou, commune malienne occupée par les islamistes. Ce long-métrage est en passe de réaliser de meilleurs records au  40ème « César », cérémonie de remise des prestigieux blocs dorés, qui se déroulera le 22 février à Paris.
Avec 8 nominations à son actif, notamment ceux du ‘’Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario original, Meilleure musique, Meilleur son, Meilleure photo, Meilleur montage’’, « Timbuktu » est aussi le premier film mauritanien candidat au « César » du meilleur film étranger.
Abderrahmane Sissako peut donc être fier de lui et rêver au moins d’un « César ». Ce qui serait avant tout, pour lui une victoire pour l’Afrique dont il dresse le constat de la déshérence du cinéma en raison de l’anéantissement  des salles de cinéma et l’anémie de la production de films.
« Un tel palmarès de nomination c’est déjà quelque chose de rare pour le continent  et quand ça arrive on a l’impression que c’est lui qui avance, qu’on parlera de lui différemment ne serait-ce qu’un instant » confiait Abderrahmane Sissako récemment à l’AFP suite à l’annonce des différentes nominations de son film.
 Au moment même où le monde entier à les yeux rivés vers « Cannes », et en dépit de l’actualité brûlante, liée aux derniers attentats de Paris, « Timbuktu » est pratiquement le seul film de la sélection  des « César 2015 »  qui traite du thème du terrorisme dans le temps. Inévitablement il se retrouve dans le champ de mir de l’Académie des César qui voit en lui 8 points forts d’où 8 nominations.
Sortie en salle le 10 décembre 2014 à Paris, « Timbuktu » qui a sérieusement gagné en visibilité totalise à ce jour plus de  500 000 entrées en salle.
Et les petites anecdotes autour du film vont bon train. Il devait initialement être tourné au Mali. « A un mois du tournage à Tombouctou, qui était déjà libérée (par l’opération militaire française Serval, ndlr), il y a eu un attentat suicide devant la garnison.
Et là, Abderrahmane Sissako se dit que : c’est naïf d’amener une équipe étrangère de Français, de Belges. Pour lui ils auraient été des cibles privilégiées.
 C’est donc raison pour laquelle le film a finalement été tourné à Oualata, en Mauritanie, avec le soutien de l’Etat, qui a décidé de sécuriser le plateau ».
Le film n’a pas encore été montré au Mali, mais l’a été en Mauritanie, où le cinéaste s’est réinstallé il y a quatre ans après de nombreuses années passées en France. Pour lui, la sortie nationale était nécessaire pour pouvoir concourir aux « Oscars » qui vont à coup sûr lui sourire.
Après « En attendant le bonheur », « Bamako » et « Timbuktu”, Abderrahmane travaille sur un nouveau projet, beaucoup moins politique, sur la Chine et l’Afrique qui est avant tout pour lui une histoire d’amour. « Je veux montrer la mondialisation, la réalité d’un monde qui change » martèle-t-il.

 

Firmin Koto