FESPACO : Le cinéma africain se met sur son 31
Le festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou (FESPACO) s’est déroulé du 24 février au 03 mars 2007 dans la capitale du Burkina Faso, pays situé en Afrique de l’Ouest. Durant près de dix jours, Ouaga a signé, pour ainsi dire, le 20e scénario de l’histoire de ce festival, un des événements phares du continent.
Le Festival panafricain
Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) est une rencontre que nombre de cinéastes africains ne voudraient en aucun cas manquer. Pour la 20e édition qui a eu lieu du 24 février au 03 mars 2007 dernier, ils étaient nombreux, les professionnels du 7e art, cinéastes, réalisateurs, producteurs, invités de renom et de milliers de visiteurs, qui ont foulé le sol ougalais. Avec ou sans aucune production dans leurs valises. Durant huit jours la capitale du Faso a vibré au rythme de la trame des films projetés dans différentes salles de la ville. Au total, 207 réalisations cinématographiques étaient à l’affiche ; toutes catégories confondues. Mais, seulement 80 d’entre elles étaient en compétition. Objectif : conquérir la vingtaine de trophées dont le grand prix, l’étalon d’or du Yennega. Au finish, parmi les appelés, il y a peu d’élus. A la faveur de la cérémonie de clôture, le samedi 03 mars au stade du 04 août, c’est le Nigérian Newton Aduaku qui est monté sur la première marche du podium, s’offrant le luxe de remporter la palme d’or de la 20e édition du FESPACO. Son film qui gagne ce grand prix, s’intitule « Ezra ». Il aborde un thème crucial qui est d’actualité sur un continent miné par la guerre : le problème des enfants soldats. Un fléau de plus en plus courant qui ne touche pas que le continent noir. Ce film plonge la conscience collective dans l’univers des enfants soldats en pleine guerre de la Sierra Léone.
Ezra, pas de trophée de guerre ! Retour à la case départ.
La trame du film repose sur la vie d’un enfant : Ezra. Celui-ci, après avoir pris une part active à la guerre, essaie de refaire sa vie. Mais, que de difficultés sur son parcours ! Que d’embûches ! L’Etalon d’or, grand prix du Fespaco, est doté d’un chèque d’une valeur de 10 millions de francs CFA (15.245 €). Ce prix a été remis à Newton Aduaka par le président burkinabè, Blaise Compaoré, himself. Selon les membres du jury, ce prix de référence a été décerné à “Ezra” « pour son actualité et la pertinence de son propos ». Le lauréat pour sa part, très optimiste affirme : « J’espère que ce film va donner de l’espoir », c’était au moment où il recevait son prix en présence de quelques 20.000 personnes au stade du 4 Août. Par ailleurs, il a ajouté : « J’essaye d’être utile. Je suis loin de pratiquer l’art pour l’art. Raison pour laquelle ce dont j’essaie de véhiculer comme message concerne tout le monde. C’est un film sur les effets de la guerre. » L’Etalon d’argent, le second prix (5 millions FCFA, près de 8000 €) a été remporté par le long-métrage “Les Saignantes”, réalisé par le cinéaste camerounais Jean-Pierre Békolo. Ce film opère une projection dans le futur. Il se déroule en 2025 et met en scène une fille qui entretient une relation extra-conjugale avec une haute autorité de son pays. Son objectif, tirer un maximum de profit à la mort de ce dignitaire. Après la mort de l’amant indélicat, et aidée de sa meilleure amie, la jeune fille prénommée pour la circonstance Majolie se débarrasse rapidement du cadavre dans une atmosphère à la fois malsaine et triste. L’œuvre qui a occupé la troisième place est le film “Daratt” du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun. Il raffle aussi bien l’Etalon de bronze (2,5 millions FCFA) que le prix spécial de l’Union Européenne (5 millions FCFA) et celui de la meilleure image. Déjà courant septembre 2006, lors du festival de Venise, cette production s’était signalée en remportant le prix spécial du jury. La réalisatrice algérienne Djamila Sahraoui a séduit le jury du FESPACO. Elle a glané trois prix. D’abord celui de la première œuvre. Ensuite, la meilleure musique. Et enfin, celui du meilleur scénario. La palme du meilleur acteur est revenu à Lotfi Embelli qui a joué dans le film du Tunisien Nouri Bouzid : “Making off”. Ce film a reçu également un autre prix, celui du montage. Le prix du meilleur son est revenu à “L’Ombre de Liberty” réalisé par le Gabonais Imunga Ivanga. En ce qui concerne le prix du meilleur décor, c’est “Africa Paradis” du Béninois Sylvestre Amoussou qui l’a emporté. Le public, avec le prix Radio France internationale (RFI), a décerné, “Il va pleuvoir sur Conakry”, à l’oeuvre du cinéaste guinéen Cheikh Fantamadi Camara. Au nombre des personnalités de marque qui était au FESPACO cette année, il y avait le musicien camerounais Manu Dibango, président d’honneur de l’événement. Le Secrétaire général de l’Organisation de francophonie Abdou Diouf était au nombre des personnalités présentes au Burkina Faso. Il a effectué le déplacement dans la capitale du Burkina Faso, lors de l’ouverture officielle du Fespaco. C’était le samedi 24 février au stade du 04 août.
La diversité culturelle au menu !
A l’instar de la francophonie qui cultive la diversité culturelle, cette année, le FESPACO était aux couleurs de culture « n’zassa » (signifie « mélange » dans le jargon ivoirien). En témoigne son thème, « Cinéma africain et diversité culturelle ». Cette 20e édition a été par ailleurs l’occasion pour les professionnels du cinéma de discuter des préoccupations qui touchent au cinéma africain. A ce titre, plusieurs colloques et panels ont lieu en marge des projections de films. Différentes problèmes qui minent le 7e art africain ont été soulevés. Naturellement, avec des propositions de solutions. Ainsi, au cours du 13è marché international du cinéma et de la télévision africain (Mica), des expositions et diverses projections étaient certes au menu. Mais des thèmes comme « la musique de film » ; le « Cinéma africain et diversité culturelle » ; « Cinéma d’auteur et cinéma populaire d’Afrique »… ont alimenté les débats et les forums de rencontres. La 21e édition de cette fête bi-annuelle aura lieu en 2009 ; toujours dans la capitale du pays des hommes intègres.