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Remi Coulibaly | | Cinéma

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Les artistes ivoiriens qui ont fui la guerre en Côte d’Ivoire éprouvent beaucoup de mal à se relancer dans les pays de la sous-région. La vie d’artiste est dure en Afrique, a-ton coutume de dire sur le continent. Eh! Bien, cette vie est devenue encore plus dure pour les artistes ivoiriens qui ont fui leur pays suite aux dernières violences postélectorales.

On estime, en, effet, à plusieurs dizaines, les artistes qui ont quitté dernièrement la Côte d’Ivoire. Le gros lot est constitué par des chanteurs de Zouglou, rythme national ivoirien et de Coupé décalé. Après avoir décalé de Côte d’Ivoire, ces artistes ivoiriens ont pour la plus part trouvé refuge au Ghana, au Togo et au Bénin. Dans les différents pays d’accueil, les artistes déjà confrontés à de sérieux problèmes existentiels (plusieurs vivent dans des camps de refugiés) ont beaucoup de mal à exercer leur métier. Présent au Ghana depuis plusieurs mois, Les Galliets, groupe de Zouglou très connu à Abidjan, n’ont pas encore décroché le moindre contrat sérieux exceptés quelques prestations ça et là lors de modestes cérémonies entre compatriotes ivoiriens. Prestations qui du reste ne sont pas convenablement rémunérées.

«Ce ne sont pas des cachets, mais plutôt les frais de transport. On ne peut pas discuter de cachet avec des gens n’ont pas d’argent et c’est une réalité. On est bien obligé de nous contenter de miettes pour survivre pour faire face aux besoins quotidiens ici. Souvent, nous n’avons même pas de quoi assurer notre déplacement», explique, sous couvert d’anonymat un DJ exilé au Ghana. Auteur d’un album dans le style Coupé Décalé, il a finalement mis sa carrière de chanteur en veilleuse et accepter un emploi de Disc-Jockey dans une boîte de nuit à Tacoradi, importante ville portuaire du Ghana. «La barrière linguistique est-elle que les quelques prestations que j’ai faites en tant que chanteur n’ont pas été appréciées. Les gens ne comprennent pas ce que je dis surtout que j’y ajoute le nouchi (argot ivoirien). La non compréhension de l’anglais est un vrai problème», reconnait-il.

Le showbiz au ralenti dans les pays d’accueil

Outre la barrière linguistique évoquée, le problème majeur auquel font face les artistes ivoiriens exilés est la trop grande faiblesse du showbiz au Ghana, Togo et Bénin. Dans ces pays, les arrangeurs, studios d’enregistrement, producteurs, magazines, tourneurs, promoteurs de spectacles, entrepreneurs culturels etc ne sont pas en nombre suffisant comparativement à Abidjan, la capitale économique de la Côte-d’Ivoire considérée comme la plaque tournante du showbiz africain. A Lomé, capitale du Togo, le Palais des Congrès est quasiment la seule salle de spectacle digne de ce nom.

Le groupe LES DJIZ chôme au Togo, mais espère…

Les Djiz, groupe vocal ivoirien vivant actuellement au Togo fait les frais de la léthargie du showbiz local. Le groupe qui avait pourtant fait grosse impression au Togo en 2005, lors des obsèques nationales de feu le général Gnassingbé Eyadéma peine aujourd’hui à se produire dans des restaurants et cabarets. En plusieurs mois de présence à Lomé et malgré les démarches d’Abou, son manager, le groupe n’a pu jouer que dans deux (2) pour un cachet dérisoire.

Des prestations cependant suffisantes pour convaincre le public de l’immensité des capacités vocales des «Dieux de l’acapella» comme on surnomme les deux jeunes gens qui composent le groupe. «Nous comptons bien nous relancer à partir de ce pays. Les Djiz sont des paroliers et donc la profondeur de ce qu’ils chantent en accessible à tout public francophone. Je fais confiance à leur talent même s’il faut reconnaître que le showbiz est pratiquement au point mort ici», déclare Abou qui vient de décrocher une invitation pour ses poulains au Bénin où l’activité dans le showbiz est réputée beaucoup plus dense. «Il faut relativiser», rectifie vite Momo, jeune manager d’artiste et promoteur de spectacle qui s’est retrouvé au Bénin. «En effet, justifie-t-il, les artiste ivoiriens vivants ici (ndlr : au Bénin) ne sont pas mieux lotis». Plusieurs sources concordantes évoquent le cas d’une grosse pointure de la musique ivoirienne qui broie du noir à Cotonou.

Nos sources précisent même que, «physiquement, l’artiste a beaucoup changé à cause des difficultés au point où il évite de rencontrer les membres de la communauté ivoirienne ne faisant partie de son entourage ». Selon nos sources, les faiseurs de Coupé Décalé sont les plus débrouillards au Bénin. «Ils bénéficient du fait que les Béninois en général particulièrement les jeunes aiment bien le style Coupé Décalé. Les artistes confirmés sont quelques fois sollicités pour des petits spectacles ou des featurings sur des albums. Même si ce n’est pas le cachet d’Abidjan, ça leur permet déjà de survivre. En revanche, les artistes moins connus ont de gros problèmes. Récemment ; l’un deux étaient très malade et nous avons dû recourir à des cadres ivoiriens travaillant ici et quelques bonnes volontés béninoises pour éviter le pire», explique Momo.

Face à toutes ces difficultés certains artistes ont préféré retourner au pays. Jusque-là, aucun d’entre eux n’a été sérieusement inquiété à part quelques menaces et injures ça et là. Malgré tout, le gros lot encore en exil ne s’est encore décidé à rentrer. «Quand c’est dur, les durs avancent. Plus c’est difficile, plus mon succès sera plus éclatant», explique Nessemon, artiste en herbe vivant dans le camp de réfugiés d’Avépozo, situé au Togo sur la voie principale Lomé-Cotonou.