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Yayoi Kusama, la culture d’une radicalité dans l’âme

Desire Amani | | Arts Visuels

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Souvent je ne comprends pas la vie. A-t-on besoin de vivre pour enfin la comprendre ou il faudrait la comprendre et après la vivre ?Si la perception de notre vie est un processus ou le reflet d’une image assimilée à une évolution de la société, alors cette société devient assidûment une méditation. Refabriquer la vie à la disposition d’une cause, serait avec une grande conscience, le fruit d’un dépassement de la disponibilité.

Or quant on dévisage ou scrute la société elle-même, celle-ci nous offre les thématiques sur lesquelles le tout monde peut aborder les recherches d’une manière endogène. Le travail qu’approche Yayoi Kusama fonde sa légende dans l’univers mondial de l’art contemporain. Tantôt réduite à son culte attaché aux pois, à cette folie de radicalité profonde, Yayoi pose un gros point d’interrogation sur l’avenir de son parcours et de sa sa lutte pour la délivrance de son
âme : « un jour, après avoir vu, sur une table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j’ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s’étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l’univers en seront pleins;moi-même je m’acheminerai vers l’auto-anéantissement, vers un retour, vers une réduction, dans l’absolu de l’espace et dans l’infini d’un temps éternel. (…) Je fus saisie de stupeur (…) Peindre était la seule façon de me garder en vie, ou à l’inverse était une fièvre qui m’acculait moi-même. »

A New York, pendant la fièvre de son effervescence (action painting), elle avait l’idée d’élaborer un art, issu uniquement de son monde intérieur, un monde qui lui appartient(son imaginaire). Elle exposait ses »Infinity Nets », blancs sur fond noir. La monotonie engendrée par une répétition due à une action constante, l’absence d’un centre, et l’indifférence témoignée à la composition, plongèrent le public dans la perplexité, dans les années 1960. Elle avait en elle le désir de mesurer de façon prophétique l’infini de l’univers incommensurable à partir de sa position, en montrant l’accumulation de particules dans les mailles d’un filet où les pois seraient traités comme autant de négatifs. C’est en pressentant cela que Yayoi Kusama a pu se rendre compte de ce qu’est sa vie, qui est un pois. Sa vie, c’est à dire un point au milieu de ces millions de particules qui sont les pois.

Dans l’ensemble de son oeuvre, elle participe à la quête d’une autonomie à la fois physique, sexuelle et intellectuelle, associant féminisme et performance.
Depuis les années 2000, l’image sur laquelle elle travaille actuellement est celle de la mort, car âgée de 82 ans, elle a trouvé refuge dans un  » hôtel psychiatrique ». Elle se rend chaque jour à son atelier pour y travailler et effectue de nombreux voyages pour inaugurer ses expositions. Notre mère des
lieux, Yayoi Kusama est arrivée à un moment de son parcours artistique où elle crée un art pour le repos de son âme, un art qui tiendra compte de ce que signifie la mort , de la beauté de ses couleurs et de ses espaces, de la tranquillité de ses pas, du  » Néant  » qui vient après elle. Pour les fans de notre mère de la performance et pour tous ceux qui n’auraient pas encore vu ce grand travail prestigieux, un hommage est rendu à notre artiste atypique au centre Pompidou du 10 Octobre 2011 au 09 Janvier 2012 , première rétrospective française de 150 oeuvres réalisées entre
1949 et 2010.

Yayoi aujourd’hui, demain et Yayoi for ever…

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