Sélest’art 2011 Un vivier de l’art contemporain
Abritant treize artistes dont le prestige n’est pratiquement plus un secret, la biennale de la ville de Sélestat a marqué à sa 19ème édition, une connexion rigoureuse entre la confrontation de la mémoire culturelle et l’activité sensorielle des géants de la fertilité motrice, dans l’univers des arts sages.
Cette force angélique et transcendante qu’affirment les œuvres présentées dans cette cité du »tout-art », consolidée par une exagération de la maturité créatrice, est présentée comme un guide mémorial du patrimoine culturel Européen.
Dans cette messe d’échange culturel, artistiquement féconde, aux yeux trempés d’émotions, nos messagers du monde des arts conjuguent à cette nouvelle édition transdisciplinaire, tous les sentiments utiles en confrontation à cette sensorialité vitale que chacun de nous peut éprouver en présence d’une quelconque situation.
Elle s’engage avec une très grande fermeté dans la matérialisation des idées, tout en explorant la sémantique corporelle face aux souvenirs cognitifs assignés à la raison.
En parfaite mutation, tant bien que verticale qu’horizontale, cette transition équilibrée de tous nos sens souligne à la fois cette soustraction passagère de notre état d’âme sensible affaibli inconsciemment.
Cette nourriture ancestrale humaine de notre »moi » ralliant l’ensemble des »bas- rhinois » et des »haut- rhinois », au service de l’art, dans sa métrologie sensorielle, est l’oeuvre purifiée des commissaires de l’exposition (Otto Teichert, Sophie Kaplan, Olivier Grasser, Hans Dünser et Pierre-Olivier Rollin), cinq grosses têtes pensantes du domaine des Arts en Alsace et de la France toute entière.
L’objectif avisé par nos commissaires, dans cette biennale, a copieusement atteint son but. Car les œuvres ont réussi à détourner toutes attentes habituelles du public, au profit d’une nouvelle accessibilité profonde à l’art et son environnement, à trouver une réponse face à cette interaction entre la présence d’un art dans un lieu et la présence d’un lieu dans un art.
Le caveau sainte-barbe sis à la place de la victoire, ancienne halle et grenier public, de la dite ville, lors du vernissage a été le lieu de ralliement de nos visiteurs.
Il accueillait la vidéo de l’artiste Allemande Susanne Bürner. L’oeuvre de Susanne fait étalage des actes performatifs pulsionnels du corps humain, dans un but de questionner le surpassement irrationnel, vu même inconscient de nos émotions face aux événements.
Le grenier de l’hôtel d’Ebersmunster, à la place du docteur Maurice Kubler, baigne dans la vidéo d’Hervé Charles. Inspiré par des phénomènes de la nature presque radicalement absent, Hervé utilise comme support de médiation, la vidéo d’une chute d’eau pour embellir l’oeil du visiteur. En reconnaissance de cette invitation, l’oeil vit sa raison et raisonne face à l’instabilité perpétuelle de l’univers. Devant le collège Beatus Rhenanus et sur plusieurs façades en ville, Michael Dans frappe par l’originalité troublante de ses œuvres (cinq cercueils de de tailles différentes installés dans un parc, allant du plus grand au plus petit).
Une manière de renouer le contact avec notre très bien aimé de tous les temps, l’ami le plus fidèle au monde : »la mort ».
Au boulevard Thiers, dans une ancienne poudrière, Edith Dekyndt émerveille toute la population alsacienne avec son installation à base de poudre de métal. Elle rallume cette chaleur émotive en l’homme et l’excite à prendre conscience de ce fameux lien ancestral entre l’art et la science à partir de matières très singulières. Comme le souligne l’écrivain Elisabeth Milon : « Edith Dekyndt parvient toujours à nous émouvoir du rien ou du presque rien. »
Jean-Jacques Dumont, dans la médiathèque, exalte ses pensées par une matérialisation de l’humour en contact avec le jeu du verbe et le signe au signal. Un miroir de notre identité. L’humour parvient dans sa logique à rendre sensible Jérémie Gindre et son public, à la bibliothèque Humaniste et à la fenêtre contemporaine. Un acte monumental, une position sur cette crise amphibologique : de ce celui qui donne le savoir et le lieu qui accueille le savoir. Michel Gouéry, dans ses œuvres tente de répondre à cette préoccupation. Il explore dans un foyer de soeurs, à l’école maternelle Sainte-Foy, tout le véritable bonheur que nous évite le savoir, surtout quant-on- a pas fini de tout apprendre. Ses céramiques, en terres émaillées, donnent une traçabilité expressive de notre véritable identité.
Emilio Lopez-Menchero diffuse en fond sonore le pouvoir du cri. L’artiste a comme ossature dans ses thématiques, de saisir à juste valeur les règles qui conditionnent le prolongement de l’existence humaine. Tony Matelli, Olivier Nottellet, The Plug et Werner Reiterer ont captivé l’attention du public Sélestadien grâce à la pertinence et la force de leurs oeuvres.
Ceux qui, actuellement brillent par leur absence à cette biennale, doivent compenser d’une part, leur présence, par cette communion universelle, et d’autre part vivre cet instant comme une page glorieuse de l’histoire de notre art jusqu’au 30 Octobre de l’an 2011.