Peinture : Amoah Adwoa (Installationiste) Future star du Ghana
Après son diplôme à l’Université Kwamé Nkrumah de Kumasi obtenu en 2003, à 34 ans, Adwoa est ce qu’on peut dire déjà une future icône des arts visuels au Ghana. Les femmes dans le domaine en question ne se bousculent pas. Elle nous explique dans son studio situé à Dansouman un quartier chaud bouillant d’Accra, qu’elle avait 12 filles dans sa promotion.
«Aujourd’hui, je suis la seule à exercer. Les autres avec leur diplôme sont devenues des commerciales dans des banques, ou dans des sociétés de financement ou encore des firmes de téléphonie cellulaire» ajoute-elle. En effet, lors du vernissage de cette exposition dénommée «Présence in Absence» au Dei Center en mai dernier, elle a fait mouche et a définitivement convaincu les esthètes sur la profondeur et l’ingéniosité de son travail. Elle était la plus petite (au figuré comme au propre) du trio féminin qui exposait, mais ses œuvres planaient. Le pavillon qu’elle occupait était le plus bondé et les écarquillements des yeux des convives ne laissaient personne indifférent.
Adwoa Boakyewaa venait encore de lancer le cochonnet plus loin sur le chemin de sa destinée artistique. Que de bien. Parlons surtout de cette toile dénommée «Obi» (Quelqu’un en langue twi). Une œuvre splittée composée d’une trentaine de petites toiles carrées disposées en T présentant chacune un œil dans le noir. Notons que l’œil est un collage de coupures de presse et de photographies prises par elle-même. Ce qui fait que chaque partie est une mini toile inquisitrice. Mais, l’œil du connaisseur saura qu’elle fait partie d’un puzzle pour lequel si une seule pièce manque, reste incomplet. Pourquoi fait –il si noir sur ses créations ? Avec aise elle répond que « Le noir m’inspire. L’obscurité recréée par les tons monochromatiques foncés (bleu nuit, marron chocolat, vert très foncé…) sur mes toiles est l’exaltation de la capacité de voir dans le noir. Non pas que je suis mystique, mais je pense qu’il n’y a pas que dans la clarté que l’on puisse voir. On peut avoir de la clarté sans visibilité.
Tout comme des yeux et être aveugle. Ou des oreilles et ne pas entendre. Un nez et ne pas pouvoir sentir. En clair, une présence tellement forte se retrouve dans l’obscurité. C’est différent de l’obscurantisme. C’est un autre débat je pense » conclut-elle. L’œil et le ton foncé. Deux éléments clés de la démarche artistique d’Adwoa et de sa vivacité picturale. Son inspiration d’écrire ainsi vient dit-elle « des multiples caractéristiques de l’œil. Car sans l’œil on peut voir. Les yeux sont les fenêtres de l’âme et par eux viennent toutes les émotions et sentiments. A travers ce cristallin nous pouvons voir, sentir, analyser, interpréter et décider ».
Adwoa gravit allègrement ses échelons car elle déjà exposé avec succès hors du Ghana. Ce fut le cas à Addis Abeba (Ethiopie), au Cap Vert, au Danemark et partout son travail a été fortement apprécié. Voici la future star des arts visuels ghanéens. Un pinceau rageur qui en veut gros.