Micheline Haddad Epse LERRO, directrice de la galerie J.STPHOLY : « Je projette l’organisation d’une biennale avec d’autres galeries de la place et d’ailleurs »
Enseignante et architecte d’intérieur, Madame Micheline Haddad Epse LERRO est une passionnée de l’Art. Plus précisément de l’art tradi-moderne pour la décoration dans lequel elle s’est spécialisée quant aux activités de la galerie J. STEPHOLY Art et Deco, ouverte depuis le 18 décembre 2013, dont elle est la directrice. Cette diplômée de l’Ecole Nationale Supérieur des Arts Décoratif de Paris en 1984, ne fait pas que couper du bois, elle le « ramasse pour lui donner vie ». A travers cette interview qu’elle a bien voulu nous accorder elle partage sa passion pour son métier et son avis sur la ruée des galeries à Abidjan. Entretien.
Présentez-vous pour nos lecteurs ?
Je suis Micheline Haddad épouse Lerro. J’ai fait des études artistiques à l’Institut National des Arts (INA), aujourd’hui Institut National Supérieur des Arts et de l’Action Culturel (INSAAC) où j’ai obtenu mon diplôme de Décorateur Volume en 1981. Puis à l’Ecole Nationale Supérieur des Arts Décoratif de Paris, j’ai obtenu mon diplôme d’architecte d’intérieur en 1984. De retour en Côte d’Ivoire, j’ai passé un diplôme d’enseignement en Art-Plastique : Certificat d’aptitude de l’enseignement en arts- plastique. J’exerce donc mon métier d’architecture d’intérieur et d’enseignante.
Depuis quand existe votre galerie ?
J’ai créé la société J. STEPHOLY Art & Déco en 2012 qui comprend outre la galerie, le volet architecture d’intérieur et le volet décoration évènementiel.
Qu’est- ce qui vous distingue des autres galeries en termes de particularité et d’originalité ? Avez-vous une spécialité dans ce domaine ?
La particularité de ma galerie réside dans le fait que je conçois mes objets d’intérieur, je les réalise dans mon atelier par des artisans permanents et dans certains cas je fais intervenir des artisans spécialisés quand les objets conçus demandent une intervention extérieure à mon atelier. Le thème que je développe est le « tradi-moderne ». Je vous précise que j’étais d’abord dans les départements des dessins industriels de l’ENSAD et ensuite dans le département d’architecture d’intérieur du même établissement. Et c’est donc tout naturellement que je dessine du mobilier, d’abord, et ensuite des objets décoratifs. J’ai aussi des objets traditionnels de l’Afrique en général et de la Côte d’Ivoire en particulier tels que : des masques, des statuettes, des trônes, des piliers, des bustes, etc, en bois, en terre cuite etc. Ce mélange particulier cohabite harmonieusement dans ma galerie.
Aujourd’hui on voit de plus en plus de galeries ouvrir à Abidjan, quelle est votre opinion sur cette ruée de galeries ?
Le marché de l’art se développe et de plus en plus de citoyens ivoiriens s’y intéresse et viennent acquérir des objets. La demande en œuvres d’art augmente et le marché est plus porteur. Les Ivoiriens sont plus sensible aux œuvres d’art et éprouve de nouveaux besoins. Ainsi, de nouvelles galeries s’ouvrent car c’est une entreprise à but lucratif.
Ces galeries favorisent-elles l’émergence d’un marché local de l’art ?
Oui ces galeries favorisent l’émergence d’un marché local de l’art parce que ces œuvres d’art sont des valeurs refuges pour certains opérateurs économiques qui y voient un moyen de valoriser leurs épargnes. D’une façon générale, les œuvres d’art ont tendance à prendre de la valeur avec le temps. La constitution de ce type de patrimoine participe au même calcul économique que celui d’un patrimoine immobilier. Il s’agit tout simplement de la hausse des prix de ces œuvres avec le temps ; donc les œuvres d’art permettent de sauvegarder la richesse des individus devant la dégradation de la valeur de la monnaie. C’est pour cette raison que les gestionnaires de patrimoine et de fortune conseillent à leurs clients l’acquisition d’œuvres d’art afin de diversifier leur patrimoine pour faire face aux risques de dépréciation de la monnaie en cas de crise économique grave. Il est prouvé que les œuvres d’art ont tendance à augmenter de valeur et permettent ainsi à leurs détenteurs de valoriser leurs richesses quelques soit les évènements qui peuvent survenir.
A votre avis quel devrait être le rôle ou les missions d’une galerie dans le contexte culturel ivoirien ?
Le rôle ou les missions dans le contexte d’une galerie dans le contexte culturel ivoirien serait de faire connaitre aux Ivoiriens cette belle richesse culturelle, d’intéresser le plus grand nombre de personnes à l’acquisition de cette valeur sûre à fort potentiel, et de l’intégrer au circuit économique de façon à ce que ce marché de l’art coïncide avec le développement économique.
Y’a-t-il des mesures ou un cadre institutionnel pour dynamiser les activités des galeries ?
L’Etat de Côte d’Ivoire au travers d’un certain nombre de ministères a des directions spécifiques qui ont un regard particulier sur cette activité ou des structures leur étant rattachées. Ma galerie est immatriculée au ministère de la Culture et de la Francophonie et a été inaugurée par le Ministre Maurice Bandama en personne.
Travaillez-vous avec les autres galeries sur place ?
Non, pour le moment je ne travaille pas avec d’autres galeries. Mais je projette l’organisation d’une biennale avec d’autres galeries de la place ou d’ailleurs dans un espace que nous aurons identifié dans un commun accord avec la collaboration du ministère de l’artisanat et du tourisme.
Un dernier mot ?
Je suis très fière d’avoir créé cette galerie qui me permet de participer à la valorisation de l’art africain et ivoirien sans lesquels l’homme ne peut trouver son plein épanouissement.
Interview réalisée par SOSSIEHI Roche