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MASA 2007/ OUVERTURE DES SCENE : Du chant sacré comme mise en bouche

Olivier Yro | | Arts Visuels

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C’est avec le festival de chants sacrés que le Masa, côté scènes a débuté au Palais de la culture le samedi 28 juillet dernier. Douze prestations dont celles de neuf chorales, de O’nel Mala et de deux groupes artistiques, Schekina et la Harpe de David ont ponctué le spectacle. Avant de donner libre cours au spectacle lui-même, l’imam Cissé Djiguiba de la grande mosquée du Plateau s’est prêté à une bénédiction. Ainsi a-t-il récité des versets qui, selon lui, mettront « cette soirée sous le signe et le sceau du Tout Puissant Allah ». Il a surtout demandé « au Seigneur Dieu Allah de faire de nous des agents de la paix » avant de psalmodier un verset dont tous les musulmans dans la salle connaissaient les vertus

Cette bénédiction a conforté dans sa mission d’animatrice Juliette Anzian qui n’a pas manqué de lancer un message de paix elle aussi au public présent.
Une centaine de choristes et une dizaine de musiciens. C’est la composition de la chorale méthodiste Cité de la Grâce de Koumassi. C’est en effet avec une antienne d’entrée frappante tant par l’occupation de la scène que par les qualités vocales, que cette chorale créée depuis 1956 a fait son apparition. Rompue aux prestations scéniques, elle a convaincu plus d’un sur sa maîtrise des voix et de la scène. Coup sur coup elle entonne, en 15 minutes qui lui sont imparties, six titres de son riche répertoire. Comme la première chorale, la seconde, la chorale Islamique du Khalif Sanogo, s’est elle aussi hissée au top de l’applaudimètre du public présent. Pour ceux qui découvraient pour la première fois une chorale musulmane, ce fut un véritable régal. Et, comme pour servir au public une superbe raclée de jouissance, le groupe Schékina est lancé sur le podium. Les titres connus de son répertoire sont entonnés en chœur par la salle. Puis, pour faire descendre le mercure une prière de minutes (ou presque) a été dite par un devancier de l’église du Christianisme céleste. Permettant ainsi à la chorale Nationale William Wadé Harris, père fondateur de l’Eglise Harriste de s’installer. Cette exhortation que le Masa a voulu oeucuménique a démontré que les religions en côte d’Ivoire oeuvrent dans le sens d’une cohésion nationale. Le public a aussi pu se délecter des prestations des chorales Saint Luc d’Adjamé, la chorale christianiste céleste (Eglise Mère de Port Bouet), la chorlae Saint Jacques de Cocody, la chorale Harmony (instrumentale), Nasru IIm dans un impeccable live. Quant à l’éblouissant O’nel Mala qui fut la cerise sur le gâteau, il a été comme chaque fois d’ailleurs, une véritable source de chaleur pour ceux qui sont restés jusqu’à fin du spectacle qui s’et terminé tard (23h30). Il a té celui qui touche toujours par sa voix magique.
Grâce au Masa, célestes musulmans, catholiques et protestants ont vécu l’harmonie en louant un même Dieu et en restant dans sa grâce.

ZOOM SUR …
LA DANSE EN AFRIQUE
Quelle danse pour une Afrique avec le Masa ?

Ouvert à toutes les troupes de danses du continent, le Masa a permis depuis son ouverture en 1993 à plusieurs talents de se faire connaître. Mais l’essentiel des attentes en matière de promotion de la danse africaine demeurent. Qui a percé grâce au Masa ?

La danse en Afrique joue sérieusement des coudes pour s’imposer. Et dans l’esprit des esthètes, les pensées se battent pour n’admettre que la vie d’une troupe est liée, étroitement d’ailleurs, au leader ou au créateur. L’on en veut pour preuve l’éffaçage de la scène de la compagnie Tchétché créée et coachée par la talentueuse Betty décédée il y a peu. Le drame vivent les troupes chorégraphiques est là. Le devenir de ces troupes forcement lié à leurs leaders font d’elles des troupes sans avenir, incapables de s’autodéterminer quand viennent à disparaître leurs leaders. Du coup le problème de la pérennisation des troupes et de la discipline elle –même.
Sur les 51 de groupes chorégraphiques ayant déjà participé au Masa, les tourneurs et présidents de festival en ont sollicité la quasi-totalité. L’évaluation de leurs prestations est plus aisée à partir de 97. Et selon les chiffres que nous donne le bilan du Masa en 2003, informations relayées par le site, les troupes de danse ont eu un calendrier chargé. La compagnie Jazzart Théâtre n’a pas du chaumé avec une dizaine de contrats. Tant et si bien que la troupe continue de tourner. La plus vieille troupe de danse d’Afrique du sud créée Hinkel sue Parker se produit d’ailleurs du 8 au 11 août prochain au Cap. En côte d’Ivoire la compagnie Nsoleh a effectué après le Masa une tournée Européenne de 4 ans. Belgique, Italie, Hollande, France, Allemagne, ont les destinations qui ont accueilli Massidi et ses acolytes avec à la clé 8 contrats. La dernière prestation de cette troupe s’est déroulée le 7 avril dernier à la Villa Kiyi avec la présentation de deux créations dénommées « Abidjan Non Stop » et « 1 for 300 ». Avec une autre percée, la compagnie Tchétché a su saisir la perche du Masa au bond en obtenant le Prix Unesco en 99 puis le deuxième prix des rencontres chorégraphiques africains de Madagascar dans la même année. A cela il faut ajouter le Prix Découvertes RFI du Spectacle Vivant à Paris en 2000. Malheureusement avec le décès de Béatrice Kombé co-créatrice de la troupe l’on assiste à une disparition progressive et inexorable de l’ensemble. D’où les inquiétudes posées plus haut en ce concerne la pérennité des troupes de danse. Le même exemple se fera sentir avec la trope les Guirivoire qui a mis du temps pour revoir la scène après l’absence prolongée de marie Rose Guiraud la fondatrice qui s’est installée aux Usa pour raison de santé. Au Burkina Faso, la compagnie Salia Ni Seydou qui s’est fortement fait remarqué a obtenu à l’issue du Masa 17 contrats à travers le monde . La troupe s’est bonifiée au fil du temps à tel point qu’elle a même créé un festival de danse dénommé « Dialogue du Corps ». Après avoir fêté ses dix ans en 2005 et leur élévation au titre chevaliers des arts et des Lettres en France Salia et Seydou ont initié la construction en 2006 la fondation du centre de développement chorégraphique de Ouaga (Burkina Faso). Un projet qu’ils nourrissent depuis huit ans. Notons qu’ils ont également été faits membres artistes associés à la scène nationale Saint Brieuc en France pour trois ans, une grande première. En Afrique centrale, les Tambours de Brazza (Congo) créés en 1991 ont également tiré leur épingle du jeu avec plusieurs contrats dont une résidence d’artistes et une récente prestation à Linz en Autriche.

En clair le Masa a permis aux troupes qui ont effectué le passage d’Abidjan de se faire une place au soleil. Seulement, il fallait s’adapter aux réalités du terrain en épousant les systèmes de fonctionnement du show business. Mais il est impérieux des se demander jusqu’ou les acteurs du secteur de la danse peuvent-ils accepter ces conditions internationales. Ont-ils les moyens financiers pour discuter d’égal à égal avec ceux qui les font tourner ?
Car il n’est pas rare de voir des troupes qui n’ont même pas de quoi nourrir leurs membres. Mais la passion de la danse ne les fait pas reculer. Les troupes de danse en Afrique ont pu grâce au Masa se créer une rampe de lancement à nul autre pareil. Ainsi a-t-on vu naître plusieurs festivals de danse à travers le continent. Tananarive à Madagascar, Les Rencontres de la Création chorégraphique Contemporaine Africaine de Luanda en Angola, Kaay Fecc au Sénégal, Dense Bamako Danse au Mali, pour ne citer que celles-ci ont permis de mettre de place un terreau de cette discipline. Une discipline qui contient une boite noire dotée de ses mode de fonctionnement, de code et décodeur propre à elle.

D’Irène Tassembedo (Burkina Faso) à Germaine Acogny (Sénégal) les reines mères, à feue Betty Kombé, la danse africaine notons-le est en totale effervescence. Sur tous les contient, malgré son, jeune âge (seulement 25 ans), la danse africaine est présente et comme le dit le chercheur ivoirien Alphonse Tiérou « Si la danse bouge en Afrique, l’Afrique bougera ». La passe du Masa est plus qu’un caviar. Un plateau d’argent. Tout simplement

Edition spéciale du Masa 2007De Y. Sangaré

Pas de mobilisation

Le Masa 2007 a ouvert ses portes depuis quelques jours, mais l’événement, contrairement aux éditions précédentes, ne déchaîne pas les passions.

Palais de la culture de Treichville.Dimanche 29 juillet 2007 : il est un peu plus de 18h. Le volet théâtral du marché des arts et du spectacle africain, édition 2007 spéciale, va bientôt débuter avec la représentation de la pièce «  La femme et le colonel » d’Emmanuel Bonzéki Dongala, par le Théâtre de l’Imaginaire du Congo, dans une mise en scène de Jacques Eric Victorien Mampouya. Pourtant, les 700 places de la salle Kodjo Ebouclé sont cruellement déserts. Seuls une poignée de spectateurs a daigné effectué le déplacement. Cette défection du public traduit le manque de mobilisation qui caractérise terriblement ce masa.
Déjà, une semaine auparavant, précisément du lundi 23 au vendredi 27 juillet, plusieurs intellectuels s’étaient retrouvés à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix à Yamoussoukro pour cogiter autour du thème, « démocratie et culture démocratique : sortie de crise et paix en Afrique ». Non sans d’énormes difficultés. A quarante-huit heures de cette manifestation, sa tenue était incertaine, faute d’argent. On se souvient même que M. Manou Yablaih avait au cours d’une rencontre avec la presse au siège du masa, vendredi 20 juillet, craint si rien n’était fait «  la catastrophe et la honte pour la Côte d’Ivoire ». Une manière pour lui de lancer implicitement un appel pressant du pied aux autorités du pays. Finalement, il sera entendu. Les heures qui suivent, il reçoit la promesse ferme d’un décaissement dès lundi matin (jour de l’ouverture des travaux) pour la tenue de cette table ronde internationale. Et comme promis, les fonds seront mis effectivement à la disposition de Manou Yablaih et de ses collaborateurs. Le Masa venait ainsi d’être sauvé par le gong. Finies les réflexions, place au divertissement, autrement dit aux créations en arts vivants : théâtre, danse et musique. Mais, le Masa a choisi d’ouvrir le volet spectacle par les deux premières disciplines. Ainsi, du dimanche 29 juillet au mercredi 1er août, le Palais de la culture a accueilli chaque jour en simultané deux représentations : l’une théâtrale, l’autre chorégraphique. Avant que la musique ne prenne le relais du vendredi 3 au dimanche 5 août avec des concerts géants éclatés simultanément au complexe sportif de Koumassi, au complexe sportif de Yopougon et au Palais de la culture (salle anoumabo).Des artistes en vogue comme DJ Lewis, Adama Dahico, Aboutou Roots, Soum Bill, les Garagistes y égaient à tour de rôle les spectateurs. Là encore, la mobilisation fut mi-figue, mi-raisin. Le premier jour, il n’y avait pas grand-monde, toutefois, l’affluence sera un peu importante le week-end. Depuis, lundi 6 août, le théâtre et la danse ont repris leurs droits. Entre-temps, la musique s’apprête elle dès mercredi à prendre d’assaut quatre villes du pays : Bouaké, Korhogo, Man et Daloa, à travers des concerts éclatés. Ce masa 2007, que la direction générale refuse d’assimiler à une édition normale, refermera ses portes le vendredi 10 août prochain au Stade de Bouaké.

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