Marie-Jeanne Bagnasco, un amour plastique pour le papier
Du plus haut degré de son attachement aux méthodes didactiques et pédagogiques dans l’univers de l’histoire en général et celui de l’histoire de l’art en particulier, Marie-Jeanne BAGNASCO affiche depuis moins d’une vingtaine d’années un véritable amour d’une grande fermeté au support papier, qu’elle explore selon ces fantasmes.
Femme de miel, femme de feu, femme de l’art, femme d’histoire. Toutes ces qualifications riment éloquemment avec son art et son aura personalisée.
Papier sensuel, papier granulé, papier d’oré. En somme, papier inépuisable.
De l’abstraction singulière au goût de l’abstraction chromatique figurée, Marie-Jeanne, évoque avec plus de charisme son doigté artistique par cette délectation du vocable amour.
Affection réciproque entre deux personnes de sexe différent ou du même sexe, cet acte inclut aussi bien la tendresse que l’attirance physique. Voici en quelques vers, la sensiblerie que dévoile notre artiste pour le papier. Cette attraction comme deux objets de nature différente, a bien été possible entre nos deux tourtereaux, grâce à cette étincelle qui a pu déclancher cet acte motrice de s’unir avec le papier et de le posséder continuellement, soit à former un tout avec ce support.
Trilingue, cette étoile de l’univers de l’art fut membre puis vice présidente de l’association Art Aujourd’hui (manifestations d’art contemporain). A son actif, plusieurs expositions nationnales et internationales sont à l’origine de son succès auprès du grand public européen et d’ailleurs, depuis visiblement une bonne dizaine d’ années .
Depuis 1998, dans sa demarche plastique, Marie-Jeanne Bagnasco sculpte le papier, cette matière inépuisable sous toutes ces formes. Lorsqu’elle se trouve entre les bras de ce support, elle s’abandonne et réceptionne tout ce que cette matière, à base de cellulose (papier) lui offre comme potentiel.
Une des idées principales qui prime dans le travail de Bagnasco est ce petit grain de beauté qu’elle façonne aux moyens des outils coupants, dans la matérialisation des aspirités (textures, grains, déchirures) par la magie originelle des entrailles de ses fines et douces mains. Les formats de son travail de collages varient de 0,50 x 0,70m à 0,60 x 0,80m.
Il n’existe aucun tabou entre Marie-Jeanne et le papier. Certains de ses travaux comportent des graphismes en souvenir d’incisions superficielles ou de scarifications, “sorte de tatouages hors du temps, peut-être les traces de l’humanité laissées dans l’espace/temps”. A mon humble avis, c’est sans doute cette complicité qui charme et embellit le travail de cet artiste international, très engagé dans l’exportation de l’art contemporain à travers les quatre points du monde.
Dans son travail non figuratif, le rapport forme/couleur est mis en espace sur le fond clair de la feuille qui en est aussi le support. La dernière série « Book/livre » figure des livres ouverts où s’élabore notre langage intérieur, celui des images que notre esprit fabrique à la lecture d’un livre ou la perception et l’encodage propre à chacun de nous.
Ces pigments composés d’acryliques sont précieusement fabriqués avec le plus d’attention, parfois délayés dans du sable afin d’une résolution tinctoriale plus mate.(de les rendre mates).
Si on se refaire à cette théorisation de Roger Fulgence Kassy, je terminerai par cette vive pensée en clamant: “ Quand qu’il aura des hommes et des femmes, sensibles à la matière, et capables d’apprécier un bon papier comme support expérimental, et une belle métamorphose de ce support à la fois artistique, sous une facette didactique et pédagogique, faite des mains magiques de Marie-Jeanne Bagnasco. Son oeuvre vivra en nous, parmis nous, dans la possibilité des siècles et pour des siècles.
Rendez-vous en Juin 2014 en Suisse pour la toute derrnière version de sa démarche.
Désiré Amani