Le musée de la Chasse sous la flamme performative de Françoise Vincent et Eloy Feria
Depuis les époques lointaines jusqu’à notre ère, la force de l’art a toujours su prendre appui, en se reposant sur un équilibre très fertile sous les diverses formes de représentation. Le discours des flux d’expérimentation circule comme le sang dans les veines grâce au renouvellement constant de la pensée créatrice lié au champ esthétique, en sus des possibilités qu’offre la pluralité des thématiques engagées. Etablie entre deux univers, la performance déclare alors ses biens dits visibles dans une invisibilité où la visibilité se laisse-choir dans l’invisible.
Artiste et professeure des Universités, Françoise Vincent-Feria enseigne et vend dans la ferme efficacité, ses mérites depuis l’année académique 2013-2014 dans la célèbre Université de Strasbourg, dans la capitale de l’Union Européenne en Alsace.
Performante comme la performance, Françoise Vincent-Feria se réapproprie un espace délimité dans sa temporalité, pour nourrir sa fécondité gestuelle. En synergie avec Eloy Feria, le duo (VINCENT + FERIA) prend possession du cadre scénographique pour hurler leur rage. Un pont culturel sous la coupole évocatrice de cette flamme oriflamme intitulée : « De tout sous cape !!! All under the poncho !!! De todo bajo la ruana !!! », dans ce lieu féérique, rappelant d’autant plus le prestige des codes du pouvoir des arts, illustrés en une clé « passe-partout » et qui traverse les frontières comme l’air saisi dans son ambivalence, entre le temps matériel et immatériel.
Fibre textile par excellence d’origine animale, la laine est constituée de poils doux et épais de certains mammifères ruminants issus de la famille des ovidés. Cette matière, précieusement prisée dans les industries textiles fut lors de cette messe, l’élément substantiel de la performance artistique qui a eu lieu au Musée de la chasse et de la nature à 19h30 précise, le 1er avril 2015 à Paris.
Loin d’être une farce orchestrée, cet événement a été d’une réalité, comme prévue, même si elle s’est produite le jour dédié au gros « Poisson d’Avril qui s’est vu lui-même noyé dans cette eau artistique ».
Comme une délectation sublimée, le spectateur a gardé en mémoire cette énergie sous l’effet, mieux éclairer de cette métamorphose, qui a vu naître en poisson ce ruminant « chiguire », formulé dans un discours sonore explicitement solennel.
A cette occasion, des questionnements gravitant autour de la gestuelle corporelle, du réchauffement climatique, de la gouvernance et de la mondialité ont scintillé par leur autorité sur l’acte à caractère performatif de ce duo, dont la dextérité semble d’une élégance motrice.
Discipline artistique très ouverte au regard de l’homme, cette performance de Françoise et d’ Eloy épouse un protocole expérimental, en un tendre dialogue, entre le public et le musée qui investissent les voix parallèles de la pensée et de la création, comme un appareillage qui se noue principalement sur les notions d’identités, d’animalité et des enjeux sociétaux, en bien-être.
En somme, un véritable concert liant ciel et terre, au service d’une festivité amicale, en libérant singulièrement l’imaginaire au son du « tchatchatcha ».
Eh « Oui », cette cordialité qui s’éternise selon les rapports du présent, demeure un pur produit de notre élan existentiel et un atout dans le maniement du langage performatif dans les institutions où prime la véritable transmission de la mémoire, comme « un nouvel itinéraire entre expériences du temps se développant dans un moment de crise du temps », le souligne Françoise Hartog.
Ce duo porte symboliquement avec prestige, cette empreinte référentielle de la performance partout où il pose leur art.
Désiré AMANI