La résidence de l’ex-président à Yamoussoukro change de statut. Voici le musée Houphouët-Boigny !
Le retour de l’ascenseur. Premier président de la république, Félix-Houphouët-Boigny a tout donné à la Côte d’Ivoire, un pays qu’il a bâti de toutes pièces. Et cela, la Côte d’Ivoire ne l’a pas oublié. Elle lui témoigne sa reconnaissance en érigeant sa somptueuse résidence, située en plein cœur de Yamoussoukro, la capitale, en un musée national.
Février 2004 : alors qu’il participe au vernissage d’une exposition « Voyage avec Houphouët-Boigny », le président Gbagbo émet l’idée de création d’un musée Félix-Houphouët-Boigny à Yamoussoukro. L’année suivante, il nomme Mme Yamousso Thiam, comme conseiller technique chargée des Musées présidentiels. Objectif : réaliser ce projet, qui devrait à l’avenir donner suite à un musée Henri Konan Bédié à Daoukro et un musée Robert Guéi à Kabakouma.
Mme Yamoussou Thiam se met aussitôt au travail. Elle s’entoure d’abord de huit collaborateurs, pour former un comité scientifique. Il s’agit d’Hervé N’ Goran Allangba (historien et auteur d’une thèse sur Houphouët-Boigny), Louis Bony( ambassadeur et conseiller du président de la république), Cheick Mandé Thomas Coulibaly( directeur de société et admirateur d’Houphouët-Boigny), Frédéric Grah Mel( auteur du biographie de Félix Houphouët-Boigny), Venance Konan( journaliste et écrivain), Diby Kouadio( chargé d’étude à la Présidence de la république et auteur d’un inventaire des objets du Palais d’Houphouët à Yamoussoukro), Raymond Ouégnin( directeur de sociétés et fin connaisseur d’Houphouët-Boigny) et Augustin Thiam ( médecin et petit-neveu d’Houphouët-Boigny).
Ensuite, cette « dream team » procède à la réhabilitation complète du système de climatisation de la résidence, devenu entretemps vétuste et inopérant. Les travaux, exécutés par l’entreprise MCT Carrier, concernent précisément quatre édifices : la résidence privée du Chef de l’Etat (Bâtiment A et B), la chapelle familiale, le caveau familial et le musée familial FHB. Ils nécessitent neuf mois et la coquette somme de 412 419 142 f cfa (quatre cent douze millions quatre cent dix neuf mille cent cinquante deux). « Nous avons remplacé les équipements de climatisation par des équipements neufs » expliquait M. Koné Lamine DG de MCT Carrier, jeudi dernier, lors de la remise des travaux en présence de quelques membres du comité scientifique, dont Mme Thiam, et des chefs traditionnels de Yamoussoukro. Selon lui, deux groupes frigorifiques de 520 kw ont été installés. Ils ont pour mission d’alimenter la centrale de production d’eau glacée.
A cela s’ajoute la pose des tours de refroidissement, des pompes de circulation d’eau ou encore la rénovation de 13 centrales de traitement d’air conditionnée de 12 000 m3, chacune. Des tronçons de tuyauterie hydraulique ont été remis en état, sans oublier le colmatage des tronçons de gaines. « Ces appareils peuvent faire 25 ans s’ils sont bien entretenus », a rassuré M. Koné…Mais, parallèlement à ces travaux, Mme Yamousso Thiam et son équipe s’attelaient à dessiner ce qui pourrait être le profil de ce musée. Ainsi, après réflexion et des visites sur le terrain, ils décident que le Musée s’établira dans l’espace résidentiel du Palais Yamoussoukro. Il s’étendra sur le rez-de-chaussée et quatre des cinq étages du bâtiment. « Le quatrième étage, où se trouvent les appartements privés de Mme Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, demeurera réservé à son usage personnel » précise Mme Thiam. De même, la villa des invités, située à l’entrée de la résidence, et qu’on appelle encore « Villa Dia Houphouët » sera réservée à la famille. Ce n’est pas tout. Le Musée sera par ailleurs structuré en six espaces.
Six « pièces » pour découvrir le jardin secret d’Houphouët-Boigny.
Ceux qui visiteront ce musée devront suivre un itinéraire qui les conduira donc dans six espaces aux fonctions bien définies. Ils découvriront l’espace Communication. Pilotée par Frédéric Grah Mel, il comprendra deux parties : une première, consacrée à l’exposition-vente d’objets dérivés (t-shirts, tasses, stylos, agendas, porte-clés…) avec au bout une librairie, une seconde destinée aux chercheurs et universitaires. Placé sous la responsabilité du Dr Augustin Thiam, l’espace Reliques mettra en lumière tous les objets personnels d’Houphouët-Boigny : vêtements, objets de la vie quotidienne, cadeaux reçus, livres. Les visiteurs pourront par exemple y voir un coq offert par Jonas Savimbi ou une superbe toile rouge, présent du Président de la chine. L’espace Audiovisuel réunira et reproduira, sous la conduite de MM. Raymond Ouégnin et Cheick Coulibaly, sur des supports modernes tous les documents audiovisuels ayant trait au Président Houphouët-Boigny. Des pupitres électroniques munis de casques permettront à tous ceux qui le souhaitent, de visionner des aspects de la vie du « Vieux ».
Comme son nom l’indique, l’espace Documents écrits rassemblera et exposera, sous la houlette de l’ambassadeur Louis Bony, tous les manuscrits, les lettres, les cartes postales…bref tous les docs ayant trait à Félix Houphouët-Boigny. Quand l’espace Photos donnera, grâce à l’expertise de Venance Konan, à voir des images inédites d’Houphouët. Enfin, les visiteurs pourront se rendre, sous la conduite d’Augustin Thiam, dans le caveau familial et la chapelle privée où Houphouët-Boigny suivait régulièrement la messe. « Sur l’esplanade de cette chapelle nous organisons chaque 6 décembre une veillée en sa mémoire », confie ce dernier.
En franchissant l’entrée de ce musée, surplombée par deux béliers géants en bronze, ils découvriront que Houphouët-Boigny était un grand amateur d’art, collectionneur des œuvres de Modigliani, Picasso ou encore des pièces uniques de décoration comme… le coffre-fort du Roi Louis XIV. Toutefois, ils devront patienter quelques mois avant d’y avoir accès. « On ne sait pas encore quand le musée sera ouvert. Mais, nous pensons pouvoir le faire 7 décembre 2008 à l’occasion du 15ème anniversaire de la mort d’Houphouët-Boigny » souffle Mme Thiam. L’attente, on espère, ne sera pas trop longue…