La polémique autour d’une toile de Miriam Cahn qui se prolonge devant la justice
Une œuvre de l’artiste suisse Miriam Cahn, exposée au Palais de Tokyo à Paris, fait l’objet d’une controverse depuis le début du mois de mars. Accusée de faire l’apologie de la pédocriminalité à travers son tableau intitulé Fuck abstraction !, dans lequel elle représente une scène de fellation forcée entre un homme et une silhouette frêle à genoux, la peintre a reçu le soutien de la ministre de la culture, Rima Abdul Malak, et de l’Observatoire de la liberté de création.
Face à la polémique, le Palais de Tokyo a renforcé son dispositif de médiation culturelle et a ajouté un texte explicatif à côté de l’œuvre, dans lequel Miriam Cahn affirme que son tableau traite de la façon dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre, comme crime contre l’humanité. Le contraste entre les deux corps figure la puissance corporelle de l’oppresseur et la fragilité de l’opprimé agenouillé et amaigri par la guerre.
Mais cela n’a pas suffi à calmer les esprits. Six associations de protection de l’enfance ont saisi le tribunal administratif de Paris en référé-liberté pour demander le retrait sans délai du tableau, ou, à défaut, l’interdiction d’accès des mineurs à la salle où il se trouve accroché. Elles invoquent l’article 227-23 du code pénal, qui sanctionne la diffusion d’images à caractère pornographique mettant en scène des mineurs.
Le juge des référés devra trancher entre le respect de l’intérêt supérieur de l’enfant et celui de la liberté d’expression et de création artistique. Il devra aussi apprécier si le tableau représente effectivement un enfant ou non, ce que conteste l’artiste. La décision est attendue dans les prochains jours.
Innocent KONAN
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