Exposition d’arts plastiques « Bénin 2059 » à la fondation Zinsou
Des créateurs entre optimisme et pessimisme
Depuis le 27 septembre 2008 dernier, la fondation Zinsou accueille une exposition inédite, qui projette le Bénin dans les cinquante prochaines années. Chaque créateur y est allé de sa sensibilité pour offrir à voir. Entre installations, sculptures, écriture et illustration, les 13 artistes embarqués dans cette pensée futuriste sur le Bénin ont exprimé simplement leur vision à la fois optimiste et pessimiste. C’est du beau, qui pousse le visiteur à la réflexion jusqu’au 4 janvier 2009, la fin de l’exposition
Univers de rêve. Fantasme animé. Un rêve qui prend corps à partir des matières à penser du plasticien. Voila le spectacle que donne la fondation Zinsou depuis le samedi 27 septembre 2008 dernier à Cotonou à travers l’exposition « Bénin 2059 ».
Juste à l’entrée du musée, et au rez de chaussée. Un zémidjan du futur accueille le visiteur. L`installation présente un conducteur de taxi moto bien habillé et portant un masque à gaz pour se protéger de la pollution atmosphérique. C’est la signature du plasticien Tchiff. Il projette un Bénin identitaire dans le concert de l’universel par le zémidjan ; un moyen de transport urbain, issue du génie créateur béninois pour juguler la question du chômage, qui selon l`artiste ne disparaîtra point dans les cinquante prochaines années. Avec une vision à la fois pessimiste et optimiste, Tchiff conseille aux les Béninois de songer à la protection du futur des enfants.
Derrière le Zém de Tchiff se dresse le boulevard du développement de Gérard Quenum. Sa vision optimiste prévoit avec ses sculptures de poupées des Béninois travailleurs, devant offrir à la nation des boulevards de développement. « Je sais que les Béninois de 2059 seront plus travailleurs, qu’ils ne chercherons pas la facilité dans la politique ou dans les choses obscures » s’explique le docteur des poupées.
L`odyssée 2059
« J’ai émis l’hypothèse que le Bénin se retourne vers certaines de ses valeurs, ce qui permettrait d’opter pour de nouvelles visions entraînant ainsi un nouveau développement ». C’est le fondement de la création futuriste de Edwige Aplogan, qui propose aux visiteurs une installation de kiosque avec les grands titres de l’actualité, qui communiqueront sur le Bénin positif, riche de sa nouvelle version de développement à partir d’un certain retour aux sources. On y voit le vodoun légba, que Edwige a replacé dans son contexte de lumière, qui éclaire, juste pour contraster avec la version qui fait de cette divinité une source d’obscurité et de nuisance. Edwige va même plus loin en utilisant du plexiglas éclairé de l’intérieur à la place de la terre cuite.
A droite du kiosque de Edwige, le célèbre plasticien Romuald Hazoumè dresse sa villa du futur, qui brave les inondations. Pour une fois encore, après son installation « la bouche du roi » exposée au musée du Quai Branly à Paris, Romuald, vient faire parler de ses bidons érigés en villa, qui doit flotter sur les eaux de pluies inondant nos rues dans diverses villes au Bénin.
L’épi de maïs et la chine populaire
Les plasticiens Aston et Zinkpè ont exprimé au premier étage du musée de la fondation Zinsou leurs inquiétudes par rapport à l’explosion démographique du Bénin. « La pyramide de la démographie sera pire qu’aujourd’hui, et on sera tous en train de nous battre pour un épi de mais… On ne travaille pas et si on ne travaille pas, on n’aura plus rien à manger, » alarme Aston, le récupérateur et protecteur de l’environnement. Se focalisant sur ses sculptures d’objets de récupération, il a installé une pyramide démographique monstre avec au sommet un épi blanc de maïs que se disputent des dizaines de milliers de populations que comptera le Bénin en 2059. Plus optimiste Zinkpè présente aux visiteurs les sentiments de cette population urbaine. Avec plus de deux milles statuettes installées, il a exprimé le rêve des Béninois dans un univers féerique où tout bouge et change dans le sens de l’amélioration des infrastructures urbaines. « Je travaille sur le rêve, et je propose une sorte d’espace de rêve » apaise l’artiste, géniteur des « taxi-zinkpè ».
Guy Ernest Kaho et Karine Maicent proposent aux enfants « Petit pays », qui présente le Bénin comme un îlot à l’arbre magique de trois branches offrant trois fruits différents. Véritable merveille pour les puceaux. Cet univers trouve son prolongement avec les cinq planches illustrées de Hector Sonon, caricaturant le Bénin urbanisé à travers ses moyens de transport, sa démographie et ses habitants. Autant de merveilles futuristes, qui attendent que les regards et les interrogations des visiteurs.