Sénégal : La Biennale de l’Art Africain Contemporain revient à Dakar pour une édition engagée
La 15e Biennale de l’Art africain contemporain s’ouvre enfin à Dakar après des mois d’attente. Une édition marquée par l’engagement face aux crises climatiques et géopolitiques qui frappent le continent, rassemblant près de 70 artistes dans un dialogue créatif et engagé.
« The Wake » : L’art comme réveil collectif
La Biennale de Dakar, reportée à novembre pour des raisons budgétaires, s’impose comme un événement majeur, attirant artistes et collectionneurs de tous horizons. Dès l’entrée du palais de Justice, une imposante sculpture de bronze du sculpteur Ousmane Sow donne le ton. Mais au-delà de cette imposante garde, les visiteurs plongent dans un monde où la crise climatique et la géopolitique prennent vie.
Sous le thème « The Wake », cette édition entend secouer les consciences. Salimata Diop, directrice artistique, souligne : « Les catastrophes climatiques s’accumulent. Le déni sur cette réalité est encore très fort. Dakar est un lieu où on est au centre de cette crise et où il paraissait pertinent d’aborder ce besoin de se réveiller. » Cette alarme se manifeste dans des œuvres variées, des peintures aux sculptures, en passant par des expositions immersives qui transforment l’art en expérience sensorielle intense.
Cris d’espoir et d’humanité au cœur de la biennale
Pour Cindy Olohou, commissaire invitée, chaque œuvre aborde une facette de cette crise environnementale, avec des créations comme l’installation sonore de Nemo Camus qui donne une voix aux travailleurs miniers du Congo. À travers leurs témoignages, une profonde détresse, mais aussi une lueur d’espoir, émergent.
Ghizlane Sahli, artiste marocaine, expose quant à elle une installation inspirée par la fleur, symbole de résilience et de vie, créée dans la foulée du séisme dévastateur de Marrakech. « J’ai écrit sur cette installation quatre jours après le tremblement de terre à Marrakech [dans la nuit du 8 au 9 septembre 2023, un puissant séisme de magnitude 6,9 avait ravagé l’ouest du Maroc, faisant près de 3 000 morts, NDLR] que j’ai vraiment vécu comme un vrai traumatisme dans ma vie. En fait, j’avais envie de parler d’humanité, d’amour, de choses essentielles qui nous touchent tous. Et donc, la fleur, c’est la chair. » confie-t-elle, mettant en avant une sensibilité partagée par tous.
La Biennale de Dakar se poursuit jusqu’au 7 décembre, offrant un mois entier pour s’imprégner des récits, des émotions et des messages puissants que l’art contemporain africain sait si bien transmettre.
Jonas Kouassi
Mots-clefs : Arts, Biennale de l’Art Africain, culture, Sénégal, The wake