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Bombardements américains au Nigeria : le signe d’une puissance en recul ?

Firmin Koto | | Edito
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Le Nigeria, géant démographique et économique de l’Afrique, se retrouve aujourd’hui dans une position paradoxale. Puissance régionale proclamée, pilier sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest, il voit pourtant son territoire frappé par des bombardements américains censés lutter contre les groupes djihadistes. Ces interventions posent une question fondamentale : assiste-t-on à une régression du Nigeria ?

Officiellement, Abuja coopère avec Washington. Les frappes visent des groupes affiliés à l’État islamique, responsables de violences meurtrières. Mais derrière cette justification sécuritaire se cache une réalité plus inquiétante. Lorsqu’un État doit compter sur une puissance étrangère pour bombarder des zones de son propre territoire, c’est que sa capacité à assurer sa mission première — protéger ses citoyens — est fragilisée. Ce constat révèle une régression sécuritaire, lente mais réelle.

Au-delà de la sécurité, c’est la souveraineté nigériane qui est mise à l’épreuve. Même coordonnées, ces frappes donnent l’image d’un État qui n’a plus le contrôle total de certaines régions. Dans un pays marqué par une histoire coloniale et des tensions internes profondes, cette perception est politiquement lourde de conséquences. Elle alimente la défiance envers le pouvoir central et affaiblit l’autorité de l’État.

Plus préoccupant encore, la justification religieuse avancée par les États-Unis — la protection des chrétiens — simplifie dangereusement un conflit complexe. En réduisant les violences à une persécution confessionnelle, on risque d’exacerber les divisions entre communautés dans un pays déjà traversé par des fractures ethniques et religieuses. La cohésion nationale, déjà fragile, en sort menacée. Or un État divisé est un État vulnérable.

Enfin, ces bombardements ternissent l’image du Nigeria sur la scène régionale. Comment continuer à se présenter comme le leader sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest quand l’insécurité persiste sur son propre sol ? Cette perte de crédibilité marque une régression stratégique, qui affaiblit son rôle au sein de la CEDEAO et face aux crises sahéliennes.

Faut-il pour autant parler d’un effondrement du Nigeria ? Non. Le pays conserve des institutions civiles, une économie puissante et une influence continentale. Mais les frappes américaines apparaissent comme un symptôme alarmant : celui d’un État confronté à ses limites, pris entre insécurité chronique, dépendance militaire et tensions internes.

Le véritable danger n’est donc pas seulement dans les bombes larguées, mais dans ce qu’elles révèlent. Si le Nigeria ne parvient pas à reprendre pleinement le contrôle de sa sécurité, à restaurer la confiance nationale et à affirmer sa souveraineté, alors cette régression partielle pourrait devenir structurelle. Et un géant fragilisé est toujours une menace pour lui-même — et pour toute la région.

Firmin Koto

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