Scène. Mai Lingani ou la musique en Transe…
Artiste chanteuse d’origine burkinabé, Mai Lingani réside depuis près de dix ans aux Etats Unis où elle a su, non sans succès, imposer sa musique et sa voix… Rien chez elle n’est plus familier que ce souci de modernisme, de l’inflexible bon goût qu’on sent incliner dans chacune de ses chansons.
Etre artiste ou ne pas l’être. Si Mai Lingani a fait le pari de miser sur la musique, c’est parce qu’elle l’a toujours habitée. De sa douce enfance en Côte d’Ivoire en passant par les concours de chants telle la célèbre émission ivoirienne «Podium» jusqu’au Burkina Faso d’où elle a pris son envol à l’orée des années 2000 pour les USA, Mai Lingani n’a vécu que de sa musique qu’elle fait gouter pour le plus grand bonheur de ses fans.
Allure juvénile et sourire continu, le naturel artistique de MAI s’impose à son insu sur scène ou dans les concerts qu’elle donne régulièrement aux Etats Unis, au Canada, en Allemagne en Italie ou encore au Burkina Faso. Et la danse pour elle ne saurait se détacher de sa musique tant sur scène, l’artiste met littéralement son corps à l’épreuve. Une épreuve qui friserait l’état de transe…
«Je ne conçois pas la musique sans la danse. Pour moi, les deux ne font qu’un car le corps dans sa gestuelle est juste l’expression visible de la musique» claironne telle entre deux sourires.
Lead vocal du groupe musical «Burkina Electric», un groupe né en 2004 aux Etats Unis et composé de musiciens originaires de divers horizons (Allemagne, Autriche, Burkina Faso), Mai Lingani n’a pas cessé de séduire par sa voix mélodieuse qui a fait l’unanimité au pays de l’oncle Sam. Depuis 2009, l’artiste est aussi à la tête du groupe «le Tangaré» qu’elle a fondé et dont l’un des premiers concerts a récemment eu lieu au Burkina Faso le vendredi 4 juin dernier.
La tristesse pour elle, Mai l’exprime quand il s’agit de parler de la musique burkinabé et de sa reconnaissance dans le monde: «Ma déception est d’autant plus grande lorsque je sais que mon pays regorge d’artistes talentueux à tous égards. Ils se battent avec leur maigre moyen comme ils peuvent pour que cette musique soit universellement reconnue et par delà le Burkina Faso aussi. Mais le problème vient des politiques ou des non politiques menées pour ces artistes. Rien n’est fait pour leur évolution et souvent même lorsque ces mêmes artistes arrivent à un stade assez appréciable de leur carrière, les politiques mises en place n’ont pas d’autres objectifs que de les casser ou de les faire reculer. Je trouve cela triste surtout pour un pays comme le Burkina reconnu pour sa culture» avance l’artiste les larmes presqu’au bord des yeux.
Mais le mérite de l’artiste vient surtout de la reconnaissance de ses paires ou de ses devanciers tels Toumani Diabaté, Rido Bayonne, Bil Aka Kora ou encore Cheick Tidiane Seck qui n’hésitent pas à rehausser son image par des éloges singulières. Mai Lingani n’a d’ailleurs pas lésiné sur ses talents de vocaliste pour «faire plaisir» à l’indétrônable Cheick Tidiane Seck lors du récent concert de ce dernier à Saint Denis en banlieue parisienne où elle avait été invitée sur scène à interpréter une chanson avec lui.
«Aux âmes bien nées, la valeur n’ attend point le nombre d’années» et c’est bien de cela que nous parlons…