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Nash, une tendance au bien-être

Abissiri Fofana | | Musique

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Natacha Flora Sonloue Aka, dite Nash a une tendance naturelle au bonheur et au bien-être. Et, elle le dit de façon poétique avec le discours de la rue abidjanaise. Dans le sillon des Boni, Guy-Vincent du groupe R.A.S, elle ne rêve que de défendre la femme par  le vecteur du rap et du hip-hop.

On s’étonnera sans doute de trouver ce mot dans cet article. Au nom de quoi, de quel droit,  pour parler de Natacha Flora Sonloue Aka , ci devant « Nash » l’on s’approprie un mot si sacré ?
Que l’on soit rassuré, l’ambition de 100pour100 culture.com n’est pas de faire un discours publicitaire sur cet éminent genre littéraire que l’on nomme « poésie ».

C’est juste pour se référer à l’idée de créativité, de fabrication,  de composition, de séduction par le verbe.  Car à entendre Nash, c’est la beauté du verbe de la rue abidjanaise , du langage Nouchi qui frappe, qui prend à la gorge  et nous saisit aux tripes.
Avec ses nattes en guise de coiffure ,  un bandana griffé « Nike » sur le front et ses T-shirts de rappeuse,  Nash manie l’argot des rues de la capitale ivoirienne comme il y a vingt ans  Boni, Guy-Vincent  et autre Scorpio des R.A.S. Un aperçu de son vocabulaire poétique : « La go cracra » pour dire celle qui ne s’en laisse pas conter, « Zie Dedja » (je n’ai pas froid aux yeux, je fais un effeuillage.) etc.  Voilà la moue dubitative des puristes qui de tous temps ont traité le Nouchi comme un discours mineur qui ne pouvait que rabaisser  le niveau de la musique ivoirienne. Et pourtant on les surprend à gigoter sur un refrain, sur la poésie d’un mot ,  d’une suite de notes de Nash sans même y penser.
Alors pourquoi n’acceptent –ils pas ce discours de légèreté sans fausse hypocrisie ? Mais des goûts et des couleurs…

Et pourtant, à 23 ans la tendance au bonheur et au bien être de Nash est un bol d’air dans cet univers impitoyable du show-biz ivoirien. Elle qui a grandi à Man (ouest du pays)  où elle a découvert la culture hip-hop et le rap.  Ainsi,  lorsqu’elle et ses parents s’installe à Abidjan, elle participe à plusieurs sound systems et  ses prestations en nouchi  lui attirent la sympathie de Boni (R.A.S) et de fil en aiguille Joey Starr de NTM qui décident de la parrainer . Boni l’invite sur la compilation « enjaillement » (joie, bonheur). Nash saisit sa chance et se déclare «  Première Djandjou ». (Première pute ) le titre le plus en vue de son répertoire.  Suit un clip diffusé sur les chaînes de la sous-région Ouest-Africaine et dans le circuit de distribution ivoirien en Europe.   Il y a de quoi ! le morceau est réalisé sur la version instrumentale de 1er Gaou de Magic System.  De fait, « Première Djandjou »  titre provocateur s’il en ait,  est un hymne à la défense de la liberté de la femme, à l’émancipation du sexe dit faible et au respect de celle –ci.  Lorsqu’on vous disait qu’elle avait une tendance au bonheur Nash !

Cette féministe  préside aussi aux destinées du collectif  hip-hop Gbonhi Yoyoyo  qui a en ce moment pignon sur rue à Abidjan. Nash a placé un interlude Nouchi sur l’album solo de Mokobé « Mon Afrique ».  L’œuvre personnelle de Nash est prévue pour la fin de cette année 2008.