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Interview / Yannick AKA, auteur de « Le Pouvoir De La Vanité »

Macaire Etty | | Litterature

Fils d’instituteur, l’enfance de notre écrivain a été bercée par les susurrements capiteux des pages des livres qu’il recevait comme cadeaux. C’est donc dans la logique des choses que Yannick AKA a opté pour l’écriture pour extérioriser le bouillonnement d’idées qui sévit en lui depuis l’adolescence.

A la faveur de la publication de son livre « La Vanité Du Pouvoir », (édité par les éditions du net) nous l’avons rencontré pour échanger sur sa création. A travers ses réponses, coule une véritable soif de connaissances.

Qui êtes-vous, Yannick AKA ?

Comment devrais-je répondre à cette question complexe à laquelle certains philosophes et savants ont répondu par le mystère ?  J’essaierai tout de même de me présenter. Mon nom est AKA Brou Yannick connu sur le nom de Yannick AKA.

Pour éviter certaines confusions entre un autre Yannick AKA qui est à peu près dans le même domaine d’activité que moi, certains amis et collaborateurs ont préféré m’appeler Yahn AKA  et ce nom est le plus utilisé pour m’identifier dans le milieu professionnel. Je suis de formation communicateur marketeur et publicitaire. Passionné de littérature négro Africaine, de philosophie, psychologie et de musique notamment la guitare acoustique.

Si jeune et déjà vous êtes à votre deuxième ouvrage…Quelle est votre histoire avec la littérature ?

Depus  l’âge de 3 ans, AKA Marc mon père, instituteur m’inscrivait à la bibliothèque de ma paroisse. Il ne m’offrait que des livres en lieu et place des jouets. Progressivement, j’ai pris goût aux livres. Acheter des livres devint pour moi une habitude, une seconde nature. C’est de là que me vint la passion de la littérature.

J’ai commencé par la poésie car  j’aimais lire les poètes maudits. J’ai écrit un recueil de 195 poèmes intitulé « Exode Moral » édité en France en 2005; puis, « Le Pouvoir De la Vanité » édité en France en octobre 2011. Je finalise un roman intitulé « Les blasphèmes d’un Pouvoir » qui paraîtra ici en Côte d’Ivoire.

En gros, je dirais que j’ai commencé  d’abord par la poésie, ensuite le récit n’zassa, enfin le roman.

« Le Pouvoir  De la Vanité »…Le titre de votre ouvrage fait penser à un essai. Un mot là-dessus ?

C’est votre avis de professionnel de la littérature. La plupart des lecteurs vivant en France comme en Côte d’Ivoire qui ont acheté mon livre pensent plutôt à un roman ou un récit avec un titre patibulaire et une couverture aux images osées qui éveillent la curiosité de certaines personnes et choque la sensibilité d’autres.

Je parlais du titre…Sur la quatrième de couverture, je lis que votre livre appartient au genre « n’zassa »…A  la lecture, je découvre un récit ou des récits où sont insérés de temps en temps des poèmes. Alors en quoi votre livre est-il du genre n’zassa ?

Qu’est-ce que le genre N’zassa ?  Selon ADIAFFI, le n’zassa se distingue certes par son genre (genre sans genre qui rompt avec la classification classique de genre : roman, nouvelle, épopée, essai, poésie… ) mais aussi par le style d’écriture (le langage qui m’apparaît pour exprimer avec plus de force, plus de puissance ce que je ressens intimement dans mon rapport érotique esthétique avec l’écriture …). A cet effet, pour faire une analogie avec la définition d’ADIAFFI, j’utilise le récit, la poésie, la prose.

En ce qui concerne mon style d’écriture, il y a la virulence du langage, la liberté des mots impudiques qui rompent tout tabou pour exprimer ce que je ressens comme il le faut avec le genre que je trouve approprié pour véhiculer le message qu’il faut.

C’est pourquoi,  je vous réponds en disant que « je n’insère pas les poèmes ». Il y a une logique et un lien fort entre les récits, les proses avec les poèmes qui sont utilisés au moment où je pense qu’il faut, pour véhiculer le message qu’il faut. En somme, les poèmes et les proses viennent généralement harmoniser le récit et donnent un sens essentiel au message véhiculé.

Votre ouvrage est composé de sept livres. Pouvez-vous nous éclairer sur cette composition ?

Dans la plupart des écoles spirituelles, le chiffre 7 est un chiffre sacré qui traduit la perfection. Les 7 livres qui composent « Le Pouvoir de la Vanité » traduisent un idéal de perfection pour une carrière littéraire dans laquelle je ne suis qu’un novice. Il traduit également 7 messages bien particuliers que je souhaite partager avec mes lecteurs. Ils les découvriront quand ils liront l’œuvre.

 Les noms des personnages et des lieux sont impressionnants ; ils ont toujours une signification. Qu’avez-vous voulu dire par ces options onomastiques ?

Les noms sont très souvent dans ma langue maternelle (Agni) pour exprimer d’abord ma volonté de valoriser ma culture, ensuite le lien entre le nom et le thème que je développe, enfin l’influence du nom sur la personnalité de l’individu.

 Votre livre tourne autour du triptyque sexe, argent et pouvoir. Votre intention serait-il de présenter ces trois entités comme la source de tous les maux ?

Je préfère plutôt dire que je présente les obstacles évidents qui dénaturent l’homme. J’ai voulu mettre en évidence la philosophie de Gabriel Marcel qui est tellement vrai quand il parle des entités de « l’être et de l’avoir ». On s’identifie à ce qu’on a dans cette société et tous nos actes sont déterminés par une obsession de possession caractéristique des relations qui existent entre le moi (qu’il appelle l’être) et les objets (qu’il appelle l’avoir).

Dans cette société, on s’affronte sous le règne de l’égoïsme où chacun essaie de prendre l’autre pour le posséder ; où l’on pèse ce que l’on reçoit utilisant comme étalon de mesure : soi-même ; où chacun tente d’accaparer l’autre, où chacun tente de combler par la possession son vide intérieur ; où l’on se sent exister en brisant l’autre… et tout tourne autour du sexe, le pouvoir et l’argent.

Vos personnages mêmes les plus attachants finissent par connaitre une déchéance…C’est le cas de l’Abbé Herman Denan et de Sylvie. Il y en a comme Lucifer ou le ministre Boniface Achi qui sont violemment nocifs. L’être humain serait-il incapable d’élévation ?

J’aime cette citation de Descartes qui dit dans Le Discours De La Méthode :  « Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices et des plus grandes vertus ». Ce qui veut dire que l’homme est capable d’élévation et je pense que les lois de la société, la morale et la religion le stimulent à cet effet ; mais notre humanité est un grand obstacle. C’est ce que j’exprime à travers l’un des poèmes intitulé « Je ne suis qu’un homme ». En somme, j’ai tout simplement voulu peindre l’homme sous l’angle de la fragilité de son humanité.

Souvent, l’artiste écrivain que vous êtes se mue en philosophe, en penseur. Et le livre s’apparente souvent à une méditation sur la vie. Un commentaire ?

Grand Frère Macaire, qu’est-ce qu’un philosophe ? Qu’est-ce qu’un penseur et quel est l’objet de la philosophie ? La vie est un mystère, chacun fait son expérience, chacun a d’indéniables et récurrentes interrogations sur la vie et les exprime à sa façon. Le philosophe est celui qui cherche la vérité. Ma  méditation sur la vie dans cette œuvre, exprime cette quête de la vérité que certains comme des sophistes pensent  posséder.

 Moi, je n’ai pas la prétention de posséder cette vérité. C’est pourquoi, je la cherche toujours en essayant d’adopter l’attitude de Socrate qui ne cessait de dire dans pareille situation que : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».

Votre ouvrage foisonne de citations d’auteurs…Yannick Aka serait-il limité à formuler ses propres pensées?

(Rires) Il y a certainement là une contradiction… Vous dites plus haut que je me mue en philosophe et penseur et vous me demandez si je suis incapable de formuler mes propres pensées. (Rires)… Si vous avez lu « Le Pouvoir De la Vanité », vous découvrirez plutôt le foisonnement de mes pensées et les citations des autres auteurs ne sont utilisées que pour illustrer ce que je pense. En littérature, c’est toujours important de faire un clin d’œil aux aînés et de reconnaître le talent des anciens.

Le regard que vous portez sur les hommes de Dieu est impitoyable. Des prêtres et des pasteurs sont peints ici comme des personnes aux vertus légères, sans moralité ?

C’est juste une interpellation sur ce qui peut se faire dans l’ombre. Ce n’est pas une opinion sur tous les hommes de Dieu. Je mets tout simplement en évidence des actes d’abus de la crédulité du peuple et de la manipulation des ouailles venant des soit disant « hommes de Dieu » et cela est fréquent. C’est pourquoi,  j’insiste dans mon œuvre sur le fait que la foi n’exclut pas la raison.

Vous abordez des questions existentialistes très importantes, mais votre œuvre du point de vue de l’expression et de la langue déçoit.

Effectivement, je reconnais qu’il y a des coquilles dans mon œuvre. C’est   justement dans un souci d’amélioration que j’ai recours à des professionnels et critiques littéraires comme toi et je t’en suis très reconnaissant.

Un mot à tous ceux qui n’ont pas encore lu « Le Pouvoir De La Vanité ».

Plusieurs l’ont lu et apprécié. L’œuvre  aborde plusieurs sujets intéressants qu’elle traite en profondeur. Vous avez la possibilité de vous en procurer un exemplaire en ligne car j’ai été édité en France. Très prochainement, «  Le Pouvoir De La Vanité » sera disponible en format physique à Abidjan. A cette occasion, j’envisage organiser une cérémonie spéciale de dédicace pour mes chers lecteurs de Côte d’Ivoire.

Pour terminer, je souhaiterais dire merci à tous pour les encouragements, les remarques, les critiques constructives. Je souhaiterais dire un  merci particulier à Macaire ETTY pour cette interview et que le Seigneur continue de bénir vos entreprises.

Interview réalisée par Macaire ETTY