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« De si longues nuits », le sombre tableau des femmes d’émigrés d’Afrique de l’ouest

Arsene DOUBLE | | Litterature

© Crédit Photo: Laeïla Adjovi

« De si longues nuits » est un ouvrage de 98 pages, étoffé de portraits, réalisés à l’argentique et en noir et blanc, ainsi que de témoignages des femmes d’émigrés. Des journalistes Aurélie Fontaine et Laeïla Adjovi, dévoilent la misère sociale et affective des femmes d’émigrés de l’Afrique occidentale dans « De si longues nuits ».

Elles payent les frais de l’émigration de leurs époux ou fiancés. L’Afrique de l’ouest, notamment le Sénégal, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, compte bien de femmes, souffrant des affres de la solitude de leurs conjoints émigrés. Les longues années d’absence de ces derniers leurs confèrent une existence amère. Divorce, désillusion, adultère et amertume émaillent leur vie conjugale. Ce douloureux constat s’illustre mieux dans « De si longues nuits ».

Au Burkina Faso, précisément à Béguédo, communément appelé « Little Italy », du fait des milliers d’hommes de la région, surnommés « Italiens », ayant migré au cours des années 2000, des journalistes font la rencontre de Alimata, 26 ans, essuyant une affreuse solitude. « Sur sept années de mariage, Alimata, n’a gouté qu’à six mois de vie avec son époux », déplore la journaliste, Aurélie Fontaine.

En parcourant des pages du livre, le portrait d’une femme sénégalaise, Ndeye Fatou(pseudonyme) mariée très jeune à un homme toujours absent, attire notre attention. Pour obtenir le divorce, il lui a fallu attendre près de trente ans.

Les mariages, tout comme les promesses de mariage, volent parfois en éclats au retour des émigrés. Danielle (pseudonyme), épouse d’un médecin, devenu « benguiste », ivoirien parti en Europe, n’échappe pas à cette triste réalité. « A Abidjan, mère de deux filles, Danielle, 34 ans, épouse d’un « benguiste » va subir une lamentable déception de la part de celui-ci, de retour après s’être marié au Sénégal. », regrette la journaliste, Aurélie.

Certaines, comme la sénégalaise, Mariam, forcées contre leur gré à épouser des émigrés, trouvent bon qu’un autre les engrosse, pour se voir après répudié de leurs époux absents. « A Louga, Mariam, mariée contre son gré à un émigré, raconte être tombée enceinte d’un autre, au bout de trois ans d’attente, afin que son marie la répudie », explique l’auteure.

Si l’aspiration à une vie meilleure justifie l’émigration des époux, leurs épouses en payent le prix.

 

Arsène DOUBLE