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Litterature: « Je la voulais lointaine» de Gaston Paul Effa: Quête d’un retour au pays natal.

Zacharie Acafou | | Litterature


Il est urgent de lire le dernier ouvrage de Gaston Paul Effa intitulé « Je la voulais lointaine ». D’entendre aujourd’hui cet auteur de nous même, ce clandestin qui semble s’introduire dans notre mémoire à la faveur d’un équivoque passeport de langue française se raconter, raconter l’histoire d’Obama, petit fils de féticheur qui quitte son Afrique natale pour poursuivre ses études en France et qui nous fait suivre, le cheminement d’un déraciné qui par la force des choses, voudra se réconcilier avec un passé devenu un peu trop lourd à porter.

L’immigration, le départ d’un jeune africain vers l’ailleurs, vers des terres occidentales où le lecteur peut suivre son dépaysement rendu possible par le choc des cultures. Un thème, maintes fois abordé par des écrivains africains avec plus ou moins de succès. Gaston Paul Effa prend-il le risque de nous resservir ces récits naturalistes déjà connus? L’appréhension, l’idée qu’on se fait du roman par la seule lecture du résumé semble nous confirmer le déjà-vu de l’histoire. L’on se met tout de même à le lire et l’on est saisi dès les premières pages par un tumulte de mots. Que signifie? On dirait que notre auteur se plait à faire entendre la langue. La variété, l’extraordinaire l’emportent. Ce caractère dans Gaston Paul-Effa ne cesse point. Tout y est prétexte pour se découvrir et nous raconter dans un perpétuel spectacle la vie d’Obama cet enfant « au nom d’oiseau ».

Etabli à Strasbourg pour y poursuivre ses études peu après le décès de son grand-père Elé, le jeune Obama s’est vu léguer juste avant la mort de ce dernier un sac qu’il s’est empressé d’enterrer dans un endroit gardé secret sans même découvrir son contenu. Mais sa nouvelle vie à Strasbourg, son quotidien va s’imprégner d’un bout à l’autre de ses souvenirs d’enfance, de son désir ardent de retourner auprès des siens et d’y découvrir peut être un jour, le contenu de ce fameux sac. Y parviendra t-il?
Si l’histoire de ce roman reste assez classique, (quête d’une partie de soi à travers un retour aux sources), sa magie s’opère plutôt dans le renouvellement des scènes qui sait assurer son charme. Son mérite est avant tout littéraire et psychologique. Mais ce deuxième point, pas suffisamment indiqué dans l’œuvre, comme si l’auteur ne se rendait pas compte lui-même de son importance ou comme s’il s’attendait à être compris à demi-mot. Mais c’est sûrement là que réside le secret de son exceptionnelle densité. Une œuvre de très belle facture, on a envie d’y prendre son temps.

Gaston Paul EFFA. Je la voulais lointaine. ACTES SUD. Fev.2012