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Le Makossa: Une Musique africaine moderne Une écriture pompeuse de Jean Maurice Noah

Zacharie Acafou | | Litterature

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La référence à une thèse de doctorat ou pire à un mémoire de maîtrise mal ficelé résonne tel un écho à la fin de la lecture de l’ouvrage «Le Makossa: une musique africaine moderne» écrit par Jean Maurice Noah. Quel dommage que notre philosophe et ethnomusicologue camerounais ait des pieds d’argile! Un art de taille hâtive, de badigeonnage pompeux voire de simple entassement de définitions pour nous expliquer en 137 pages, la genèse du Makossa cette belle musique camerounaise née à l’orée des années 50. On perçoit hélas à la fin de cet ouvrage le souvenir d’un auteur attachant plus que d’un écrivain durable…

Je commence par la force des choses: la riante préface écrite par Mathias Owona Nguini. «Jean Maurice Noah, spécialiste désormais établi de l’étude des musiques camerounaises, vient à nouveau de s’illustrer par un nouvel ouvrage dédié à ce champ; lequel ouvrage est intitulé: ‘‘le Makossa cinquante ans de vie’’». Notre préfacier nous gratifie déjà d’un titre radicalement différent du titre de l’ouvrage pour lequel il signe la préface. Titre qui, faut-il le rappeler est: le Makossa. Une musique africaine moderne. Effet de style ou simple oublie? Malin qui saurait le savoir…Et le même préfacier de donner dans des explications lourdes au possible et dont l’incommensurable ennui ne laisse pas indifférent: «L’ouvrage présenté apparaît sans conteste comme une introduction socio-stylistique et philosophico-stylistique à une connaissance aussi bien canonique que didactique des créateurs et créations du Makossa comme expression musicale et chorégraphique des arts de la scène et du sens» On frise l’étouffement. Et ses mots, et ses interminables phrases de continuer à remplir une préface de trois pages où l’on n’apprend pas grand-chose.

Place est donc donnée à la lecture de l’œuvre à proprement dite de Jean Maurice Noah qui, il est vrai excelle dans les premières pages dans la description du Makossa sous ses formes tour à tour esthétiques, sociales ou encore culturelles. L’on apprend notamment que cette musique, loin d’être le résultat d’une création singulière est la fusion de plusieurs genres musicaux tels que le Gospel, la Rumba congolaise, le High life, le Merengue, le Funky Disco et tant qu’il en faut…

La lecture du reste de l’œuvre hélas reste mince. Elle se réduit à l’apologie pas toujours justifiée d’artistes camerounais, se transforme tantôt en un quid de la musique camerounaise et de ses artisans, en roman photo, fini par céder sans la moindre force sous le regard pour se dissoudre en facilités. De là vient pour le lecteur le sentiment de la répétition : à tel point que la partie la plus ennuyeuse de l’œuvre finit par être celle qui décrit son « investigation historicoculturelle ».

On a beau reconnaître le génie et l’éloquence de l’auteur, mais l’on reste toujours sur sa faim comme s’il avait les arguments, le savoir sur cette musique qu’est le Makossa mais peinait à les rationnaliser. Quel dommage car souvent, Jean Maurice Noah laissait entrevoir son génie de philosophe et d’ethnomusicologue…

Il est aussi important de se demander le rôle de l’éditeur l’Harmattan dans la publication de ce livre. Le comité de lecture a-t-il pris la peine de lire cet ouvrage pour éventuellement réviser toutes les incorrections qui y figurent?

Jean Maurice Noah: Le Makossa. Une musique africaine moderne. L’harmattan (Déc 2010) 13,50euros