“Deepfake”, une redoutable arme de désinformation

Visage d’un acteur truqué
Le phénomène du “Deepfake”, aussi appelé “Hypertrucage” ou “Permutation intelligente de visages” (PIV), prend de l’ampleur et inquiète. Le nombre croissant des applications a priori divertissantes et inoffensives, à l’instar de “Zao” et “ Face-Swap”, favorise la montée en puissance du “Deepfake”, une incroyable arme de désinformation. Définit comme une technique de synthèse d’images basée sur l’intelligence artificielle, le “Deepfake” peut permettre de discréditer une personnalité publique et d’attribuer des propos ou faits indûment à un concurrent.
Le “Deepfake” a le mérite d’être craint. La “Permutation intelligente de visages” (PIV) passe pour un puissant procédé de désinformation. Le “Deepfake” peut permettre de “faire dire n’importe quoi à n’importe qui” ou “faire tenir tel ou tel propos à une personnalité publique ou politique” dans le but de le discréditer et créer la confusion. Produit de l’intelligence artificiel, le “Deepfake” consiste principalement à superposer des images et des vidéos existantes sur d’autres images et/ou vidéos, en l’occurrence, le changement de visage d’une personne sur une vidéo.
Porté par des applications a priori divertissantes et inoffensives, comme “Zao” et “Face Swap”, le “Deepfake” sert le plus souvent des desseins politiques, humoristiques, pornographiques, pédagogiques, etc.
Le mode opératoire de “Zao” et “Face Swap”, deux applications de type “Deepfake”, frise le merveilleux. La nouvelle application chinoise “Zao” permet à ses utilisateurs de remplacer dans une séquence vidéo, le visage d’une célébrité par le vôtre, ou celui d’un ami. Devenue virale en Chine, elle est, depuis quelques semaines, la plus téléchargée du pays.
Quant à “Face Swap”, elle vous donne non seulement une expérience magique du visage échangeant avec des amis et des familles, elle vous donne également la chance d’échanger avec le visage super stars et animaux mignons.
Apparemment divertissantes et inoffensives, ces applications peuvent, tout de même, être utilisées à des fins jugées dangereuses. « Si certains utilisateurs emploient le deepfaking pour assouvir de bas instincts, certains États l’emploient pour assouvir de basses œuvres.», a déclaré Yannick Harrel, expert en cyberstratégie.
L’homme politique peut y recourir pour discréditer un adversaire politique ou lui attribuer indûment un fait. Aussi, le phénomène du “fake porn”, qui fait «participer» des célébrités comme Gal Gadot (Wonder Woman) ou Scarlett Johansson dans des films à caractère pornographique, en plaquant leur visage sur celui de véritables actrices de film X, en dit long sur la gravité des actions du “Deepfake”.
Tous les utilisateurs des réseaux sociaux demeurent des proies faciles du “Deepfake”. Le niveau de réalisme toujours plus grand des productions du “deepfaking” complique les moyens d’y faire face. Cependant, l’expert en cyberstratégie Yannick Harrel fait des recommandations.
« Pour se prémunir contre ce phénomène, le mieux est déjà de ne pas diffuser ses photographies sur de multiples réseaux sociaux, met-il en garde. Nous savons pertinemment que ceux-ci exploitent ces données, y compris graphiques, à leur profit ou au profit de partenaires commerciaux.
Lutter a posteriori contre ces pratiques de deepfaking est très compliqué. En effet, cela nécessite de la part de l’intéressé d’opérer un démenti officiel, de tenter une conciliation avec la plateforme éditrice, de saisir la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) pour un constat et une médiation assortie d’une sanction en cas de refus et, solution extrême, de saisir la justice. »
Arsène DOUBLE