La nuit des rois”, Le nouveau long métrage de Philippe Lacôte
“La nuit des rois”, le nouveau long métrage de Philippe Lacôte a fait son entrée au Festival d’Angoulême après un accueil remarquable à la Mostra de Venise en septembre 2020. Un huis clos dans une prison qui a tout d’un conte où tout se rejoue chaque jour en une nuit et un lever de soleil. Puissant.
«La Nuit des rois », magistral film ivoirien multi-primé, a été projeté la semaine dernière en ouverture du Festival Cinémas d’Afrique, à Lausanne. Ce film qui a vu sa première française au Festival du Film Francophone d’Angoulême le 25 août dernier, nous entraîne dans un huis clos dont on ne sort que par l’esprit d’un récit.
L’histoire se déroule à la MACA, paquebot pénitentiaire surpeuplé où règnent des codes spécifiques.
À la tête de ce monde en vase clos aux traditions strictes, Barbe Noire, caïd autrefois redouté mais aujourd’hui atteint d’une pathologie qui le diminue physiquement. Il doit, conformément aux usages et au code d’honneur des lieux, passer la main. Mais il rechigne à organiser sa succession et à quitter le pouvoir ; d’autant que pour lui cela signifie la mort.
Alors que s’annonce une Lune Rouge, Barbe Noire compte sur le rituel du « Roman » pour tenter de gagner un peu de temps supplémentaire…
Pour le film, Philippe Lacôte duplique la prison dans un décor qui se veut réaliste, et y fait jouer des acteurs et des amateurs dont certains sont d’anciens détenus. Cela donne au film une allure un peu irréelle, une fiction très teintée de réalité mais qui n’est pas du tout un documentaire. “Mon travail, c’est d’observer la société ivoirienne, de trouver des angles, des endroits où je pense qu’il y a quelque chose qui se joue pour cette Afrique urbaine, que cela soit au niveau politique, social ou en termes poétiques et oniriques. Paradoxalement, la MACA est l’un de ces lieux. La Nuit des rois, c’est aussi un spectacle, un voyage dans un monde inconnu.” affirme le cinéaste franco-ivoirien Philippe Lacôte.
La Nuit des Rois est un film majeur qui montre comment Philippe Lacôte, qui signe ici sa deuxième fiction après Run (Un Certain Regard-2014), peut passer d’un espace à l’autre et d’une écriture à l’autre, oscillant entre la prison et les grands espaces à l’air libre. Sur le fond, il dit qu’une histoire peut sauver un homme de la mort s’il le veut, et également, que ce qui est écrit adviendra.
Innocent KONAN