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Pinceaux d’Afrique : Tam-Tam pour un vernissage réussi 

Brigitte Gacha | | Arts Visuels

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Quels sont les ingrédients pour réussir un vernissage ?
Un bon organisateur : il y en a eu deux : Fredrik Bengtsson, directeur du Haga Livscenter et Firmin Koto, rédacteur en chef de 100pour 100 culture et aussi directeur d’Intermediaire Consulting.

Une belle adresse et un beau cadre : le Livscenter, situé au deuxième étage du 78 de la place Järntorget, avec ses beaux et majestueux locaux aux grandes baies vitrées donnant sur la pittoresque place Järntorget et sur le Strömmen. Mais le meilleur se trouve à l’intérieur : Exposition de tableaux oblige, ce 12 juin 2009. Tableaux et sculptures ayant pour thème l’Afrique. Venus d’Afrique et d’Europe en compagnie de leurs créateurs ou voyageant seuls, ils se sont donnés à voir, à découvrir, à admirer, à acheter. Une quarantaine de tableaux et sculptures d’une douzaine d’artistes revêtent de leur exotisme les élégantes parois murales et le parquet de ce cossu local de Gamla Stan, dont le caractère spacieux n’est pas sans rappeler les vastes plaines africaines. Ainsi à l’aise dans son élément, chaque œuvre attire le spectateur, le retient, l’entraine en un brin de causette, l’envoie visiter sa voisine non sans se faire promettre de revenir plus tard la revoir.

Le spectateur (déclinez-le aussi au féminin) se laisse prendre au charme, le verre de champagne ou de gingembre ou alors de bissaf à la main. Le voici devant le premier tableau, réalisé par Amakan, au titre évocateur de « Passage Obligatoire » avant de passer aux quatre autres du même artiste;  Ensuite, celui-ci s’arrête devant chaque tableau de Pachard, qui le conduit chez Aboudia et ses créations ; dans la salle de buffet, les tableaux hauts en couleur de Loriko Taki lui racontent la vie quotidienne des villageoises avec leurs bébés au dos et les calebasses sur la tête, et l’invitent à voir les danseurs sous les battements de tam-tam. Satisfait, le temps de prendre un verre sur la table devant lui, il s’attarde sur les Pehouet ; quelle magie chromatique et innombrables nuances a cet artiste !

Bien que posées à même le parquet, les sculptures de Rhode Bath-Schéba ne peuvent échapper au regard tant elles sont parlantes. Il en est de même pour les belles pièces de céramique de la multi talentueuse Corinne Hazoumé, posées sur une belle commode.
« Quoi, tu ne connais pas Semi Bamogo de la Côte d’Ivoire? Regarde « Ses tresseuses ». Le journaliste est tenté d’emprunter le ton amical de cette conversation saisie au vol. Et Anapa et son « Fer de Lance » alors ! Et les tableaux de maître Stenka qui ne sont pas sans rappeler les fresques égyptiennes ? Et les tableaux expressifs de Boua Armand ? Passons dans la pièce d’a côté pour voir les œuvres et surtout le fameux tableau « Mission accomplie» de Dez le Sex. D’ailleurs, il est là en personne. Oui, c’est lui, le longiligne habillé en blanc. Sa philosophie peut se résumer ainsi : « Tout est art et l’art est à la portée de chacun «. Cet avant-gardiste de l’art moderne africain nous en a fait une démonstration en direct. Avec du papier de recyclage, il a créé une œuvre, et ensuite a invité les spectateurs à la continuer avec lui. Le public, d’abord hésitant, a fini par s’y prêter avec enthousiasme. Dans l’entrain a jailli une autre création où quatre spectateurs ont servi de modèles. Enveloppés et reliés les uns les autres par la même bande de papier, cette création a été baptisée « Unité internationale ».

Nous avons réservé le gâteau pour la fin : Beya Gille-Gacha, la benjamine de tous qui a fait le voyage de Paris pour présenter elle-même ses sept tableaux : « Autoportrait » ; « Les Ombres » ; « Le cœur et la raison » ; « Borane » ; « Négus » ; « Les Yeux » ; « Le Don Négligé ». Ce dernier tableau a été le plus prisé ; d’ailleurs, avant la fin du vernissage, il changé de propriétaire. Il en est de même pour « Les Ombres » qui ont trouvé preneur.

Belle comme le printemps de son âge, tout de jaune vêtue comme le soleil à son lever, plus grande que ses dix-huit ans, Beya par son coup de pinceau où écritures antiques et symboles sont à lire au même titre que les portraits qu’elle trace, a montré que « la valeur n’attend point le nombre des années ».

A propos ingrédients de réussite, un vernissage ne peut s’accomplir sans les spectateurs : Ils sont venus en masse, autant les africains que les suédois. Les Suédois ont ceci de particulier qu’ils sont curieux de connaître d’autres cultures. Cette qualité les honore. Ils l’ont appris par voix de presse, d’autres de la bouche à oreille. Ils ont déferlé en vague en confirmant ainsi leur intérêt pour l’art africain. Il est à espérer qu’ils ne se contenteront pas seulement d’admirer, mais aussi d’acheter ces œuvres.
Le sel de l’ingrédient, a été la performance des chanteurs Getty Domein et Allens Shug, et les tam-tam de Baiffal et compagnie avec leurs joyeux rythmes qui ont fait trémousser d’aise les visiteurs.

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